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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 14:17

Editions Viviane Hamy, 2004

Ca y est, j'ai enfin lu un deuxième Fred Vargas. Il faut dire que ce sont tous vos conseil, celui d'une collègue et bien sûr l'adaptation cinématographique de Pars vite et reviens tard qui m'y ont incité !

C'est donc l'opus que Vargas a écrit juste après Pars vite...que j'ai choisi. J'éprouve toujours le même enthousiasme, je l'ai dévoré en 2 jours : une certaine dimension fantastique, profondeur psychologique du commissaire Adamsberg et personnages secondaires très pittoresques ; que de bons ingrédients pour se régaler !

Voici l'intrigue : le commissaire Adamsberg est soudain sujet à d'étranges malaises après avoir vu la photo d'un cadavre : une femme tuée par trois trous dans le ventre percé par un mystérieux objet. Après avoir vu un tableau représentant le dieu Neptune et l'aide du précieux et érudit Danglard, Adamsberg comprend l'origine de ses malaises : la femme a été tuée de la même manière que la fiancée de son frère il y a 25 ans. Son frère avait été accusé à tord...même si Adamsberg avait réussi en partie à démasquer le juge Fulgence, un vieil homme mystérieux réfugié dans son manoir. Après le meurtre, son frère ayant pris la fuite, Adamsberg part sur les traces de Fulgence et découvre qu'il a tué à peu près 10 personnes de la même manière : en les éventrant avec un trident....jusqu'à sa mort il y a une dizaine d'années.

Après ce nouveau meurtre, Adamsberg va rouvrir ses dossiers secrets : Fulgence a-t-il ressuscité? Est-ce ce l'ieuvre d'un parfait imitateur ?

Et nous voila partis pour 400 pages de légendes et de contes : voici Adamsberg confronté à un mort vivant, à des fantômes surgis du passé. Neptune et son trident....de quoi faire douter tout son entourage et faire sombrer Adamsberg dans la plus pure folie....d'autant plus que ressurgit sa culpabilité de ne pas avoir pu innocenter son frère.

Tout bascule au Canada lorsque Adamsberg part faire un stage de relevé d'ADN. Un matin, il est retrouvé inconscient alors que le cadavre de sa dernière conquête est retrouvée morte avec les fameux trois trous dans le ventre...Adamsberg devient le principal suspect. Véritable crime ou manipulation?

Deux points forts à ce livre : tout d'abord la psychologie d'Adamsberg qui perd pied et que l'on soupçonne de crime. Il devient un "pelleteux de nuages" , quelqu'un qui divague et qui croit aux morts vivants contre tout son entourage. De belles pages consacrées à la culpabilité, au doute. ..

Ensuite, l'atmosphère évanescente et fantastique qui tourne autour du meurtrier. On sait son nom depuis le début mais il nous échappe constamment : il est tout d'abord un mort vivant puis ensuite un centenaire !Tout comme la peste dans Pars vite..., cela contribue à donner une dimension fantastique et légendaire au roman.

On peut citer aussi l'atmosphère pittoresque pleine d'humour  avec des personnages haut en couleur (la vieille dame hackeuse, les policiers avec des expressions bien canadiennes). On se dit même parfois que Vargas en fait un peu trop avec les canadiens !!!!

A la fin, la solution est un peu trop alambiquée et psychanalytique à mon goût. Il faut de la psychologie mais pas de trop quand même ! J'ai donc préféré Pars vite...qui est génial du début à la fin mais celui là n'est pas mal du tout quand même !

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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 18:42

Titre paru en 1936

Editions Gallimard Folio

Ce gros roman (600 pages) est la deuxième oeuvre de Céline après Voyage au bout de la nuit. On a reparlé beaucoup de ce roman avec la sortie de son adaptation en bande dessinée par Jacques Tardi (que je n'ai pas lue).

Mort à crédit est le récit autobiographique de l'enfance et de l'adolescence de Ferdinand. Ce dernier grandit dans le second arrondissement de Paris, dans le quartier des petits commerçants qui périclitent peu à peu. Ses parents sont de modestes boutiquiers qui s'endettent pour assurer un avenir décent à leur chérubin. Mes le Ferdinand en question fait des siennes, couche avec les patronnes, se fait escroquer et se fait renvoyer de tous ses postes. Tout le roman est constellé d'échecs, de mort, de noirceur. Après une échappée à Londres où tout périclite également, Ferdinand se lie avec un inventeur loufoque qui est un escroc.

Ce roman est une véritable descente dans la boue et dans la violence. Des passages sont une accumulation de détails morbides : la jambe de la mère de Ferdinand qui s'infecte, la cervelle de l'inventeur qui explose après son suicide....Mort à crédit est un véritable cri de haine et de désespoir : le style inimitable de Céline est fondé sur l'emploi de phrases très courtes, ponctuées de points de suspension et d'exclamation.

Céline invente la littérature fondée sur l'oralité ; l'oeuvre littéraire n'est plus un objet sacralisé, poétique mais une émanation de la "merde" du monde. Jurons, argot, insultes, scatologie : voici les fondements de l'écriture de Céline qui révolutionna l'écriture romanesque dans les années 30.

Même si je ne suis pas forcément sensible à ce genre d'écriture, il faut reconnaître le caractère très novateur de ce style. Des écrivains contemporains se réclament d'ailleurs de leur ancêtre : on peut citer par exemple la Prix Nobel Elfriede Jelinek ou la française Lydie Salvayre.

Ce que j'ai préféré dans ce roman, c'est la description du Paris du début du siècle : nous sommes littéralement immergés dans un monde d'innovations techniques ( l'Exposition Universelle de 1910, le début de l'électricité). Parallèlement, le monde des petits commerçants disparaît peu à peu : le titre Mort à crédit désigne l'endettement des boutiquiers qui se plient en quatre pour pouvoir subvenir à leur besoin.

Etes-vous fan de Céline ? Avez-vous lu la BD de Tardi ?

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17 février 2007 6 17 /02 /février /2007 16:54

Angleterre, 1968

 
Harold Pinter, Prix Nobel 2005
 
Je suis allée voir la célèbre pièce d'Harold Pinter au Théâtre de Paris, avec dans le rôle principal, Robert Hirsch ! Rien qu'avec cet acteur, cela vaut déja le détour !
Pinter est connu pour ces personnages ambigus qui entretiennent entre deux des rapports de dominants/dominés. Je vous avais déja présenté la pièce L'anniversaire.
Dans cette pièce, on retrouve certaines caractéristiques de la précédente : Davies, joué par Robert Hirsch est un vieil SDF farfelu qui est sauvé d'une agression par un jeune homme, Aston. Celui-ci lui offre de passer quelques jours chez lui pour le protéger. Le vieil homme s'installe comme chez lui, bien tranquillement. Mais le lendemain, Mick, le frère d'Aston, propriétaire des lieux, fait preuve d'une violence inouîe envers lui et lui demande de déguerpir. Puis, petit à petit, son attitude change...Il lui propose de devenir gardien de la maison. Le vieux accepte.
C'est alors que la roue va tourner. On découvre qu'Aston est en fait un lobotomisé du cerveau qui passe ses journées à ne rien faire. Davies et Mick vont alors s'allier pour le faire fuir...
Ce qui compte chez Pinter, ce n'est pas l'intrigue mais la profondeur abyssale des personnages. Qui est le bon? Qui est le mauvais ? On ne saura jamais ! Car le pauvre SDF se révèle être un profiteur dépendant et l'hôte est une loque.
Je ne crois pas que j'ai tout saisi même si je crois avoir compris l'essentiel mais cette mise en scène vaut vraiment le coup ! Robert Hirsch domine la pièce du début à la fin ; il joue un personnage truculent, ubuesque et en même temps tellement dépendant. A voir !
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12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 16:29

INDE (Bengale) - 1917

Editions Les Belles Lettres "La voix de l'Inde"

Vous avez sans doute vu le film Devdas en 2002, qui a remporté de multiples prix et un succès public. Mais on a en revanche très peu entendu parler du livre qui est à l'origine des neuf adaptations cinématographiques de Devdas depuis 1928 !

Ce roman a été écrit 1917 au Bengale. L'histoire est devenue une légende extrèmement populaire en Inde au même prix que Tristan et Yseult ou Roméo et Juliette en Europe. Comme ces derniers, les deux héros sont des amoureux maudits.

Devdas, le fils d'un riche propriétaires terriens, et Parvati, fille de riches commerçants, ont vécu leur enfance ensemble et sont promis l'un à l'autre. Mais la famille de Devdas, l'une castre plus élevée que la famille de Parvati, refuse le mariage. Alors que Parvati se marie à un riche veuf, Devdas noie son chagrin dans l'alcool. Au cours de sa longue déchéance, il rencontrera une prostituée, Chandramoukhi, qui tombe amoureuse de lui et qui est prête à tout abandonner pour lui. Mais le destin sera inexorable...

Je vous conseille fortement de lire la véritable histoire qui est beaucoup moins caricaturale que le film; les personnages y sont beaucoup moins manichéens. Bien qu'on y sente le rôle majeur des  castes, les parents ne sont pas d'infâmes personnages qui humilient les inférieurs. Les deux amoureux sont eux aussi beaucoup plus nuancés : ils ont un côté égoïste et violent.

Surtout, la figure de Chandramoukhi, la prostituée, est beaucoup plus développée. La pécheresse est transfigurée par son rôle de bienfaitrice. Elle apparaît comme une Marie-Madeleine qui secourt les pauvres et les malades. Il s'agit d'un personnage très attachant que l'on retrouve d'ailleurs dans beaucoup de films indiens. L'un des plus connus, Assoiffé de Guru Dutt, met également en scène une prostituée qui défend un artiste en l'aidant à publier ses poèmes. Elle apparaît comme la seule "belle âme" dans un univers hostile.

On peut reprocher certainement le côté un peu désuet de cette histoire mais les âmes sensibles seront touchées !

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8 février 2007 4 08 /02 /février /2007 21:11

A découvrir chez un petit éditeur....

Guy Goffette : Journal de l'imitateur

Edition Fata Morgana, 2006

Un petit livre très discret, tout blanc, 35 pages toutes simples : un vrai bonheur à l'arrivée...

Il s'agit d'un journal d'un homme qui nous raconte sur une dizaine de jours sa découverte de l'oeuvre du grand écrivain autrichien Thomas Bernhard. Tout commence par une petite visite dans un bibliobus; apparemment, nous sommes dans un.  village de province ; le narrateur est enseignant. Il emprunte l'un des titres de T. Bernhard, L'imitateur

La première lecture ne semble pas marquer notre narrateur. Puis, petit à petit, un étrange magnétisme relie le lecteur et l'oeuvre. Des sensations émergent et surtout une convergence de point de vue : le grand écrivain autrichien, célèbre pour ses diatribes contre l'Etat devient un symbole de révolte pour l'enseignant. Ce dernier se révolte contre le système éducatif...La mise en abîme se réalise : le narrateur imite l'imitateur...

On retrouve les thèmes de prédilection de Bernhard : le suicide dans des milieux étriqués, le mal de vivre et l'esprit de révolte...

Ce livre sur le livre est un vrai petit bijou : comment un livre peut-il influencer notre vie ? Voila le thème fondamental du livre.

Ne vous imaginez pas que vous allez lire quelque chose d'intello ; au contraire, ce livre est bourré d'émotions et d'humour ( la lecture dans les toilettes).

Voici deux extraits très significatifs :

Entre attrait et répulsion

"Est-il possible qu'un livre de cette nature me tienne à ce point au ventre qu'il m'empêche de rien commencer sans lui, il dormait sur ma chaise, je l'ouvre au hasard car il a perdu son signet. Mimosas. Une histoire de quatre sous, comme ma voisine en raconte tous les jours. Pourtant, ces mimosas qui ne sont qu'un détail, de ceux qui font dire à l'auditeur impatient "abrégeons, abrégeons", ces mimosas ont une force qui donne au récit sa couleur violente, une réelle épaisseur à la mélancolique héroïne, au point qu'on se demande si la passionnée d'opéra en question aurait pu exister sans eux. Il n'en reste pas moins que ces mimosas, à présent, me coupent les bras : ils embaument trop pour me laisser revenir sans embages à mes moutons. Me voila contraint de poursuivre ma lecture, de chercher plus avant une issue, un bien improbable issue, je le crains."

L'humour

" Ce qui devait arrivé est arrivé, ainsi que grand-mère l'avait prédit : j'ai ma première hémorroïde....Thomas Bernhard pouvait-il se douter qu'il serait à l'origine d'un incident aussi mémorable que ridicule? il serait même amusant d'apprendre que je ne suis pas le seul dans ce cas, que plusieurs lecteurs dans plusieurs autres villes et villages, ont fait, font ou feront, surpris par l'oeuvre de Bernhard, la même douloureuse et piquante expérience. que certains apothicaires autrichiens par exemple, viennois de préférence, ont vu, voient ou verront leur chiffre d'affaires augmenter sensiblement à cause de la monstrueuse logorrhée de leur détestable compatriote et qu'ils en ignoreront le motif. Quoi qu'il en soit, il me faut bien convenir que cette tumeur variqueuse, comme dit le dictionnaire, est le prix à payer pour entrer dans une oeuvre aussi implacable que celle de Bernhard. ce n'est pas trop cher et je suis prêt à recommencer. Il est bon que le corps habitué à une certaine monotonie réagisse ; c'est non seulement une signe de bonne santé, c'est aussi la preuve de l'originalité et de la puissance de l'élément perturbateur"

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8 février 2007 4 08 /02 /février /2007 19:56

Editions POL, 2007

Un nid pour quoi faire

Olivier est une figure importante de la littérature contemporaine « expérimentale ». A la fois poète et romancier, il essaie de mélanger les deux en créant des romans au rythme si particulier. Il est également connu pour ses opéras et ses lectures à voix haute : car tout l’art de Cadiot repose sur une métrique bien particulière : agrégat de paragraphes au phrases très longues, plaçant la virgule où il faut et créant ainsi un effet de musicalité.

 

Ses récits sont aussi très loufoques et l’on pourrait lui aussi le ranger dans les auteurs comiques ! Mais vous risquez de ne pas trop comprendre et de vous perdre dans les méandres de sa prose !

 

Voici un petit résumé pour vous situer l’histoire : un roi et sa cour sont en exil dans un chalet de montagne. Au programme, protocole à peine agrémenté de sorties à ski et de grosses fiestas. Donc, notre roi en a marre et passe une annonce dans un journal pour obtenir un « conseiller en communication ». Car ses actuels conseillers –Goethe et Bossuet !!!- sont jugés trop réactionnaires…. Il veut donc redorer son image.

 

C’est un énergumène qui va répondre à cette annonce : un dénommé Robinson, qui a bien sûr passé un séjour en île déserte, qui déprime et qui veut se refaire une santé à la neige !

 

Et nous voila partis dans un délire psychédélique : de conseiller, Robinson va devenir Duchesse puis Roi. Le complot guette !

 

A la fin, gros rebondissement. Expérience réelle ou hallucination ?

 

Autant  j’ai été emballé par le thème, autant la forme m’a déconcertée ! Je reconnais le talent de Cadiot ainsi que son humour, mais c’est un peu spécial quand même !

 

Avez-vous déjà lu du Cadiot ? Qu’en pensez-vous ?

 

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5 février 2007 1 05 /02 /février /2007 18:49

Editions Viviane Hamy

Pars vite et reviens tard

Adapté au cinéma par Régis Wargnier en 2007

J'ai lu il y a quelques années le superbe roman de Fred Vargas (le seul d'ailleurs malgré mon enthousiasme !) et je viens de voir le film.

Je trouve d'ailleurs les critiques assez sévères : je trouve que les acteurs sont assez bons (à part peut-être José Garcia) et que l'atmosphère générale du roman est respectée. Deux bémols toutefois : le film se passe dans le quartier du Centre Pompidou alors que dans le livre, c'est à Montparnasse. Je trouve que c'est assez bizarre car ce quartier est le modèle de l'avant-gardisme alors que le roman de Vargas baigne dans un Paris traditionnel, celui des petits métiers. Mais ce n'est pas trop grave quand même !

Ce ui est plus grave, c'est que la solution de l'énigme est complètement changée ! Dans révéler le dénouement, on peut juste dire que Wargnier a choisi d'inventer une intrigue en Afrique qui a rien à voir avec le livre et qui l'enrichit en rien l'intrigue ! Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, ça passe mais pour les admirateurs de Vargas, ça choque vraiment !

Il reste cependant que ce film reste tout à fait visible !

Je vous conseille toutefois , si ce n'est pas déjà fait, de lire ce roman. A Montparnasse, un crieur professionnel (Vargas a réinventé ce métier !) déclame tous les jours les petits messages de tout le monde : lettres d'amour, petites annonces et....d'étranges messages qui annoncent l'apocalypse et le retour de la peste à Paris ! Pendant ce temps, un être étrange peint des signes inconnus sur les portes des appartements parisiens. L'inspecteur Adamsberg découvre à l'aide d'un érudit latiniste qu'il s'agit d'un signe destiné à se protéger de la peste. Bientôt, des meurtres se succèdent dans les appartements non marqués. La peste est-elle de retour à Paris ? Dans quel but ?

Voici pour l'atmosphère générale ! Vargas installe avec talent et humour un climat apocalyptique en plein Paris. On se croirait en plein Moyen-Age ! J'ai vraiment aimé les différents personnages comme le crieur, le vieil érudit et même les semeurs de peste ! Vargas est vraiment une fine psychologue et a un véritable style .

Malheureusement, je n'ai pas lu d'autres livres d'elle. Lesquels me conseillez-vous?

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5 février 2007 1 05 /02 /février /2007 09:28

Edition de Minuit  2006

L'Autre

Mise en scène au Théâtre de la Colline en février 2007

Enzo Cormann a écrit une fable originale sur les relations hommes -femmes. Lorsque j’ai entendu les premières répliques, je me suis dis que j’allais assister à une pièce de théâtre très conceptuelle sur le mal-être contemporain. En fait, il s’agit d’une pièce vraiment originale qui réserve plein de surprises !

 

Nous assistons donc au début à la rencontre impromptue entre deux femmes : suite à la disparition de leur homme, l’une vient rencontrer l’autre ; elles ont découvert il y a peu qu’elles étaient en fait la femme du même homme. Un foyer et des enfants d’un côté comme de l’autre. C’est l’étalement des regrets et des états d’âme. Un peu longuet … Puis vient à la fin du premier acte, une question qui reste en suspens : « vous me la posez la question que vous êtes venue me poser ? »

 

Deuxième acte : changement complet de décor ; nous sommes dans la jungle africaine sept ans plus tard. Les deux rivales sont devenues amantes !!! Apparemment, elles ont été arrêtées pour avoir tué un guide africain. Leur deuxième victime ?

 

Puis vient le troisième acte : encore des années plus tard et là, vous n’êtes pas au bout de votre surprise !

 

Là où la pièce est géniale, c’est que Cormann nous surprend d’actes en actes en partant d’une situation très banale et presque ennuyeuse. Il brasse énormément de thèmes contemporains : l’autofiction, la relation homme- femme, l’homosexualité… Il joue beaucoup sur les faux-semblants et parfois on ne sait plus quoi est vrai ou quoi est faux…Il utilise également le procédé de la mise en abîme, la pièce dans la pièce.

 

Le tout agrémenté d’une réflexion très profonde sur l’altérité : les deux femmes sont une puisqu’elles ont vécu en même temps avec le même homme. Toute la pièce repose sur la question de l’identité : que faire lorsque qu’on a eu la même vie ? Je vous laisse découvrir toutes les solutions de Cormann…

 

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3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 10:06

Pièce  écrite en 1981

Editions de Minuit

Je continue à explorer l'oeuvre passionnante de Marguerite Duras. Voici un texte relativement peu connu qui a pour thème l'inceste entre un frère et une soeur.

Un homme et une femme ("Elle" et "Lui") parlent en se vouvoyant : les valises sont prêtes, elle s'apprête à le quitter pour partir avec un autre homme. Nous apprenons progressivement qu'ils sont frères et soeurs. Elle part pour définitivement mettre fin à cet amour interdit et secret. Lui, qui ne peut vivre sans elle, menace de se tuer. Pour "recouvrir" le passé, ils se sont chacun mariés de leur côté.

Ensemble, avant de se quitter, ils vont revivre l'amour de l'enfance, la scène originelle du passé où ils ont découvert leur amour.

Eloge de l'amour, sacralité du souvenir : que de beaux thèmes pour faire une oeuvre hypnotique !

Ensemble, ils vont revivre ce jour fatidique où rien ne sera plus comme avant ; on retrouve la poésie de l'oeuvre durassienne : sensualité à fleur de peau, cadre maritime avec les vagues sur les corps, le sable et le vent. Une grande maison familiale déserte au bord de la mer.

A savoir que cette pièce tardive est fortement inspirée de la vie de Duras : on retrouve comme toujours la figure de la mère qui erre autour du couple incestueux. On sait par ailleurs que Duras adorait son petit frère mort prématurément.

Cette oeuvre est aussi une éloge de la parole : grâce à elle, on peut reconvoquer le souvenir, revivre l'amour condamné dans la réalité...Dns la pièce, les deux êtres ne se regardent pas, ils ne se touchent pas. Ils parlent...La parole est comme toujours entrecoupée de silences, de pauses, de soupirs...

L'amour, la passion est dite mais jamais consommée. Cette oeuvre est poétique, douce et évite avec brio le scandale tout autant que le lyrisme.

Voici quelques extraits :

La parole du désir

"Elle : je vois que vous avez quinze ans, que vous avez dix-huit ans (temps). Que vous revenez de nager, que vous sortez de la mer mauvaise, que vous vous allongez toujours près de moi, que vous ruisselez de l'eau de mer, que votre coeur bat vite à cause de la nage rapide, que vous fermez les yeux, que le soleil est fort. Je vous regarde. Je vous regarde après la peur atroce de vous perdre, j'ai douze ans, j'ai quinze ans, le bonheur pourrait être à ce moment là de vous garder vivant. ....alors je me tais, je vous regarde seulement, je regarde les yeux sous les paupières fermées, je ne sais pas encore nommer ce désir que j'ai de les toucher avec mes mains. je chasse l'image de votre corps perdu dans les ténèbres de la mer, flottant dans les fonds de la mer; je ne vois plus que vos yeux."

"Lui : Le bruit de la mer entre dans la chambre, sombre et lent. (temps) Sur votre corps, le dessin photographié du soleil. (temps) Les seins sont blancs et sur le sexe, il y a le dessin du maillot d'enfant. (temps). L'indécence de son corps a la magnificence de Dieu. On dirait que le bruit de la mer le recouvre de la douceur d'une houle profonde. (temps). Je ne vois plus rien que ceci, que vous êtes là, faite, que la nuit de laquelle vous êtes extraite est celle de l'amour. "

L'éloge du souvenir

""Oui, c'était un été admirable. Le souvenir en est plus fort que nous qui le portons...que vous, que vous et moi ensemble devant lui. ..c'était un été plus fort que nous, plus fort que notre force, que nous, plus bleu que toi, que mon corps, plus doux que cette peau sur la mienne sous le soleil, que cette bouche que je ne connais pas"

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1 février 2007 4 01 /02 /février /2007 17:50

Ouvrage écrit en 1938

Mangeclous

Editions Gallimard Folio

Je continue ma "dévoration" de l'oeuvre sublime d'Albert Cohen. Après l'émouvant Livre de ma mère, le sublime Belle du seigneur, voici le comique et grotesque Mangeclous.

Je vous demandais il y a quelques jours des exemples de livres drôles, en voici un de taille !

Mangeclous est en fait l'un des cousins du héros de Belle du Seigneur, Solal. On sait que celui-ci est devenu sous-secrétaire général de la Société des Nations à Genève. Une belle ascension pour ce fils de juifs de Céphalonie.

Dans cette île grecque, les cousins et oncles de Solal, surnommés "les Valeureux" reçoivent un télégramme mystérieux de Suisse : un message codé qui ressemble à une chasse au trésor ! Et lorsque l'on parle d'argent dans le milieu juif, ce n'est pas une mince affaire ! Jugez-en plutôt par la description des quatre Valeureux : Mangeclous, un épicurien insatiable et mythomane de première qui se racle les dents avec des clous, Sartiel, l'oncle de Solal, l'inventeur fou, Salomon, le timide qui apprend à faire la brasse dans une bassine et Mathiathias, le timoré. Sans oublier Rachel, la femme de Mangeclous, ogresse hypocondriaque de 120 kilos, qui passe sa vie à répertorier ses médicaments ! Il y a aussi l'ami de Mangeclous, un marseillais coureur de jugons et très mythomane !

Voila donc notre folle équipe partie pour une grande épopée burlesque qui les mènera de Grèce en Suisse ; car Solal, le futur amoureux d'Ariane est bien sûr derrière tout ça ! Première étape : le décryptage du message. Deuxième étape : départ pour la Suisse et choc des cultures entre les emphatiques juifs orientaux et les austères Genevoix .....Puis réception du magot !

Ce livre est un véritable chef d'oeuvre ! Il y a tout d'abord le langage qui imite au plus près les accents : celui du juif oriental ou celui du marin marseillais.

Il y a ensuite le grotesque, le caractère bouffon des personnages et de l'intrigue. Cohen parodie l'épopée lorsqu'il décrit les quatre cousins partir à la recherche d'une banque suisse bien sûre qui leur abriterait leur magot caché dans un sac de poireaux et de carottes...Ou bien encore lorsque les quatre héros crient pouvoir fonder une république juive ....

Mais c'est dans la description des personnages que réside toute la bouffonnerie. Et le plus génial, c'est que Cohen installe ce grotesque en 1936, en évoquant la menace hitlérienne sur les juifs. Mangeclous se dit à la fois sioniste, fasciste et communiste selon le contexte ! De même, Cohen insiste sur le tragique de toute ascension sociale (comme dans Le livre de ma mère) : Solal se cache de tout le monde car il a honte de ses cousins.

Il y a un côté rabelaisien dans le personnage de Mangeclous : tout d'abord son appétit féroce ( il n'hésite pas à dévorer une pot de marmelade devant ses enfants en les privant de nourriture !), sa tendance scatologique (son discours mémorable sur l'absurdité de la poésie amoureuse : il imagine le comte Wronsky se cachant d'Anna Karénine pour rôter et faire des vents !!!!) et sa verve insatiable.

A préciser que je lis Albert Cohen dans le plus parfait désordre : il faut commencer par Solal (' l'ascension de Solal) puis vient ensuite Mangeclous et enfin Belle du seigneur.

Je ne résiste pas à vous faire part de plusieurs extraits :

Mangeclous et l'amour

" Qu'il vienne le romancier qui montrera le prince Wronsky et sa maîtresse adultère échangeant des serments passionnés et parlant haut pour couvrir leurs borborygmes et espérant chacun que l'autre être seul à borborygmer. Qu'il vienne, le romancier qui montrera l'amante changeant de position en se comprimant subrepticement l'estomac pour supprimer les borborygmes tout en souriant d'un air égaré et ravi. Qu'il vienne, le romancier qui nous montrera l'amant, prince wronsky et poète, ayant une colique et tachant de tenir le coup, pâle et moite, tandis que l'Anna lui dit sa passion éternelle."

L'appétit gargantuesque

" Grâces soient donc rendues à la Société des Nations dont je comprends maintenant l'utilité et le rôle humanitaire. Ce n'est pas Société des Nations qu'il faut dire, mais Satisfaction des Nourris et Satiété du Nombril et Saturation de Nouilles ! Seigneur amphitryon, dispensateur de voluptés alimentaires et de festins gustatifs de la langue et du gosier, je n'oublierai jamais ce grand jour où j'ai absorbé, résorbé, avalé, croqué, grignoté, dévoré, goûté, happé, gobé, bâfré, consommé jusqu'à gonflement dangereux des parois stomacales et dilatation suprême. de votre munificence j'ai subsisté, brouté, ruminé et vécu et me suis rempli à la satisfaction des entrailles et papilles linguales et me suis réellement et véritablement régalé, restauré, repu, rassasié, assouvi, gorgé, gavé, empli et sustenté. Oh, je penserait toute ma vie à de telles résorptions et intussusceptions ! Certes, je m'en suis glissé en mon tuyau digestif, et mon estomac en restera farci jusqu'à la fin de ses jours. ...Au nom de mon estomac adoré, merci ! Et je vais m'asseoir non sans avoir crié alléluia de tous mes intestins satisfaits !"

Vite, dévorez-le !!!!

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