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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 20:06

THEATRE DE L'ODEON

http://www.milkmagazine.net/wp-content/uploads/2011/09/cendrillon-300x425.jpg

 

Joel Pommerat est passé maître dans l'art de détourner les contes traditionnels de notre enfance. On lui doit entre autres Le chaperon rouge.

 

Cette année, Pommerat récidive en adaptant le célèbre conte de Perrault et de Grimm. Mais attention ! Pas question d'eau de rose à la Walt Disney, de baguette magique et de citrouille. Au diable les beaux princes et les rêves de jeunes filles !

 

C'est beaucoup plus noir que cela et en plus c'est drôle !

 

Pommerat prend prétexte d'un événement à peine esquissé dans la version de Perrault pour faire une magnifique histoire sur le refus du deuil et la peur de vivre.

Cendrillon, alias Sandra dans la pièce, vient de perdre sa mère. Avant de mourir, celle-ci lui aurait glissé dans l'oreille de penser à elle tout le temps car, comme ça, elle ne mourra pas.

La petite prend cette phrase au pied de la lettre et s'oblige à penser à sa mère tout le temps. Son père lui achète même une montre avec une sonnerie de réveil pour lui rappeler qu'elle doit penser à sa mère !

 

Résultat des courses : une jeune fille mal dans sa peau, limite masochiste, arrive chez sa belle-mère avec la ferme intention de souffrir volontairement. Du ménage, elle en redemande, elle le mérite, sa mère est morte, elle n'a pas le droit au bonheur !

 

Jusqu'au jour où une fée pas comme les autres (ex soixante huitarde fumant des joints !) débarque de dessous son lit. Elle n'arrive même pas à lui trouver une belle robe ! Fous rires garantis...

 

Et le prince lui aussi est très mal dans sa peau ! Mais chut, n'en disons pas plus.

Ce conte moderne est une magnifique histoire sur le deuil et l'apprentissage de la vie. Cendrier (!) refuse le bonheur parce que selon elle, elle le mérite.A la fin, elle sera heureuse, non pas par ce qu'elle aura une citrouille magique, mais bien parce qu'elle aura accepté de guérir.

 

Le prince, lui aussi, est un enfant mal dans sa peau et ensemble, il devront apprendre à aller mieux.

http://lestroiscoups.blog.lemonde.fr/files/2011/11/cendrillon-615_cc.jpg

 

Un conte très noir et en même temps drôlatique ! les répliques fusent, tout le monde en prend pour son grade ; il aura été question de chirurgie esthétique, de  star system....et de l'apprentissage universel de la vie.

 

Un petit chef d'oeuvre pour les enfants et surtout les plus grands !

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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 18:27

THEATRE



Théâtre des Abbesses, Paris, septembre 2009

Très belle pièce en ce moment au Théâtre des Abbesses, mis en scène par David Lescot au Théâtre des Abbesses. Metteur en scène, dramaturge et musicien, il propose une pièce très sarcastique sur la "culture européenne".

Des artistes venus de toute l'Europe sont embauchés par les fonctionnaires européens pour faire un projet ensemble. Mais quoi ? C'est justement la question qui se pose !

Mais au fait, en quelle langue ? Car, à la Commission Européenne, il y a 23 langues utilisées et des centaines d'interprètes. Ils ne vont tout de même pas utiliser l'anglais ! Alors, on parle d'intercommunicabilité passive !

Une performeuse slovaque, un performer portugais, un orchestre français, une chanteuse italienne se croisent et se recroisent sans parvenir à s'entendre. C'est sans compter un chef d'orchestre génial qui souhaite recrééer un hymne européen pour remplacer l'hymne à la joie de Beethoven...

Fonctionnaires, artistes, interprètes se succèdent sur scène. Dans une ambiance de music-hall, David Lescot épingle la politique culturelle européenne tout en sachjant pertinemment qu'il n'existe pas une identité européenne mais plusieurs...Quitte à convoquer les chants russes et la musique klezmer ...

A mon avis, il se moque également beaucoup du monde artistique dans sa globalité, de ces fameuses résidences d'artistes qui n'ont pas vraiment de projets...

Vivant et original.

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 19:02

Théâtre de Paris-Vilette -jusqu'au 31 janvier 2009



Évènement suffisamment exceptionnel pour le souligner : la mise en scène d'une pièce de Marlowe à Paris, ce contemporain de Shakespeare, qui mourut dans une rixe à 29 ans, après avoir signé des pièces baroques et sulfureuses.

Sa dernière pièce, Edouard II, retrace le règne de l'un des rois d'Angleterre des plus iconoclastes qui soit : son amour passionné pour Gaveston, son favori et la lutte sanglante qui s'en suivit avec Isabelle de Valois, sa femme, l'amant de celle-ci, Mortimer, et les barons du royaume. Le roi finira en martyr, acculé à l'abdication par ses pairs et sa famille. 

Soulignons d'abord l'intérêt historique d'une telle pièce (il s'agit de l'histoire véridique du règne d'Edouard II) : une royauté que l'on peut bafouer, faire abdiquer et tuer. Duels sanglants, machinations diverses donnent à note très noire à ce théâtre. Les français ont certes guillotiné un roi, les anglais en ont assassiné plusieurs !

D'un point de vue artistique, soulignons la modernité absolue d'une telle pièce. Profondément baroque, elle met en scène un roi bouffon et profondément tragique, submergé par sa passion homosexuelle pour ses deux favoris, Gaveston et Spencer. On rit d'abord d'un tel aveuglement passionnel puis finalement, le roi gagne en sympathie ; car cette pièce met en scène d'abord le conflit éternel entre l'amour, la passion et le pouvoir ; alors d'Edouard vit pleinement son amour, son entourage familial et les barons montrent au grand jour leur versatilité et leurs malversations pour servir leur propre ambition. Edouard est le personnage tragique par excellence voué à un amour passionnel ; quant à Mortimer, il incarne l'intérêt personnel, l'ambition démesurée. D'une côté l'amour fou, de l'autre côté, la machination, le calcul.
Edouard II est un personnage dual, bouffon et tragique, outrancier et amoureux fou.

Enfin, du point de vue de l'écriture, soulignons un langage cru, moins philosophique de Shakespeare, plus tourné vers l'action. Mais au bout du compte, la noirceur de l'image du pouvoir est la même.


A voir.

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 20:37

Théâtre de la Colline -Mise en scène d'Hubert Colas

 

Face au mur

Editions Arche Editeur

Martin Crimp est un dramaturge anglais de tout premier plan. En ce moment, il est joué au Théâtre de la Colline et mis en scène par Hubert Colas.

Ce qui marque en premier lieu, c'est bien sûr le décor onirique : un sol de ballons blancs, des effets de lumière blancs et bleus, une musique inquiétante.

Un homme attend sur scène, silencieux, avec un fusil dans la main...La pièce commence. Il annonce une actrice, un acteur et encore un acteur. Un espace-temps indéfini. Les trois acteurs prennent la parole. Ils sont en costumes de soirée, ils boivent du champagne. Ils racontent une histoire tous les trois. Ils se reprennent, ils hésitent...Ils ont l'air heureux, tout d'un coup ils explosent ....

 

Voici donc un espace scénique entièrement dédié à la parole : les acteurs n'incarnent pas des personnages définis mais nous racontent des histoires...

 

 

Ces histoires nous immergent dans un monde moderne aseptisé, urbain, où des familles perdent tout d'un coup pied. Une femme décidée à quitter son mari, un homme bien sous tout rapport qui se met à tuer l'enfant A, l'enfant B, l'enfant C et enfin, Bobby, l'enfant de la première scène, qui se retrouve enfermé à clé dans une maison bunker dans un univers de science-fiction, dans une ville où l'on a découvert le gêne des matelas brûlés, où on a viré les Kurdes mais où la violence peut ressurgir d'un coup...

Martin Crimp décrit à merveille cet univers bizarre, aseptisé, bourgeois où tout paraît bien propre...et tout d'un coup, la violence détone. L'humour n'est jamais très loin, dans la parole des acteurs. Martin Crimp ne montre pas la violence, il la donne à entendre en paroles et cela en est d'autant plus fort. L'intonation des acteurs est l'élément primordial : on raconte une histoire, presque au coin du feu et tout d'un coup, l'acteur perd pied, il hurle, s'acharne sur l'autre acteur.

Crimp, entre Ionesco et Beckett, met en place une parole de l'hésitation, de la correction. Les acteurs hésitent, répètent, corrigent leur histoire, se donnent la parole à tour de rôle.

Une mise en scène géniale qui fait s'opposer un décor onirique à une chronique de la violence ordinaire. Et une dramaturgie très moderne.

A voir.pour une immersion dans du théâtre résolument contemporain...mais pas si conceptuel que ça...

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 14:42

Théâtre de la Colline du 8 octobre au 2 novembre 2008

Incendies

Actes Sud Papiers, 2003

J'avais découvert Wajdi Mouawad en lisant Forêts  l'année dernière . Je viens de voir la mise en scène de Stanislas Nordey et surtout un autre grand texte de Mouawad, Incendies; 3h20 de toute beauté qui filent à toute vitesse...

On y retrouve le même goût pour l'épopée, le tragique, l'extrême violence et le mélange de la petite et de la grande Histoire, de l'intime et de l'épopée. Mais centrée surtout sur un personnage féminin, l'intrigue est moins alambiquée.

Incontestablement, cette pièce est un chef d'oeuvre. Mouawad est sans conteste l'une ou la plus grande voix du théâtre contemporain français. Dans un registre de langues très riche, il mêle le trivial au tragique, l'intime à la bouffonnerie. Et dans une fin sublime, il réunit les contraires en abolissant tout manichéisme...

Cette pièce, qui de même que Forêts, fait partie d'une trilogie. On y retrouve donc les mêmes thèmes et en premier lieu la quête des origines.

De nos jours, un notaire ouvre le testament de Nawal, 60 ans, qui vient de mourir devant ses deux enfants, les jumeaux, Jeanne et Simon. Celle qui n'a plus parlé depuis cinq ans livre deux lettres à Jeanne et à Simon, l'une pour leur père, l'une pour leur frère. eux qui croyaient que leur père était mort et qu'ils n'avaient pas de frère. Ils vont donc partir à la recherche de leur origine, contre leur gré. Origine qui va les mener jusqu au Liban, en pleine guerre civile, dans les années 70.

La pièce s'annonce comme une formidable remontée dans le temps et un magique récit à suspense...

Nous voici donc trente ans plus tôt dans un village du Liban. Nawal, qui vient d'accoucher d'un fils illégitime, est contrainte d'abandonner son enfant. Sa grand-mère mourante lui conseille de partir et d'apprendre à lire, écrire et compter. Nawal lui promet de retrouver son fils et aussi de revenir au village pour graver son nom sur sa tombe.



Puis vient le temps de la guerre civile. Nawal erre dans les villages où sévit l'armée, elle tue ...Vient toute une série de malheurs et violences dignes des tragédies antiques. Meurtres, viols, incestes se succèdent...

Entre chaque scène, Jeanne et Simon découvrent un chapitre supplémentaire de la vie méconnue de leur mère. Pourquoi n'a-t-elle pas reparlé après avoir témoigné au Tribunal de La Haye il y a cinq ans ? Les deux jumeaux vont découvrir l'invraisemblable, le comble de l'horreur mais aussi le sublime, l'abolition des contraires.

D'où vient le génie de Mouawad ?

On peut d'abord parler d'une théâtre épique qui rejoint véritablement le conte et le romanesque. Il met le récit, l'histoire au centre de sa dramaturgie en nous racontant des vies sur 40 ans, dans une multiplicité de lieux et et de temps. On passe d'un cabinet notarial à une prison, d'un amphithéâtre universitaire à un tribunal international, d'un terrain de boxe à des champs de bataille. L'intrigue est si riche, foisonnante que nous avons l'impression de voir, d'entendre un roman. De la naissance à la mort, c'est tout le trajet d'une vie universelle qui nous est conté.

Il y a aussi cette langue si riche qui va de l'incantation à l'épopée, de l'intime au plus trivial. Lorsque le texte atteint l'horreur la plus crue, l'humour revient au galop. Ainsi, le notaire joue le rôle du bouffon, chargé d'introduire une note burlesque dans ce contre très noir. Un snipper se met à chanter du Supertramps...
Avec ces jeux de mots, ces éclats de rire, on est pas loin du théâtre shakespearien qui lie le burlesque au tragique. Les lamentations peuvent êtres succédées par de véritables cris de colère triviaux ; la poésie côtoie le trivial et le rire.

Enfin, nous atteignons le sublime lorsqu'à la fin, la beauté et l'horreur, la haine et l'amour se confondent...Mais chut ! Ne dévoilons pas tout. On est bien là sans conteste en présence d'un pur chef d'oeuvre.

La mise en scène de Nordey est minimale, vaste hangar avec extincteurs où les personnages sont habillés en blanc ou en noir. Ce minimalisme fait ressortir la beauté du texte mais on regrette cependant que la multiplicité des lieux et des temps évoqués dans la pièce n'ait pas donné lieu à plus d'audace dans la mise en scène !


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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 20:02
Studio des Champs-Elysées - Du 1er octobre au 16 novembre 2008

Beyrouth Hotel


Editions Acte Sud Papiers, 2008

De Rémi De Vos, j'avais déjà chroniqué l'excellente pièce aux allures de vaudeville tragi-comique Jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Rémi De Vos, que j'ai la chance de connaître, revient cette année sur la scène parisienne avec une pièce d'un tout autre genre. Je ne l'ai pas encore vue mais lue ; on retrouve son talent de dialoguiste acerbe avec en arrière-plan, une réflexion sur le statut d'auteur de théâtre.

Un écrivain de théâtre français attend dans un hôtel de Beyrouth des nouvelles d'un metteur en scène qui tarde à arriver...Entre des appels téléphoniques à un ami et à son ex-femme, il va dialoguer avec la réceptionniste...Elle croit qu'il fait jouer Alain Delon sur scène. Malheureusement, il ne fait "que" du théâtre subventionné ...

Entre ces deux êtres que tout sépare (un auteur de théâtre solitaire qui cite Baudrillard et Flaubert) et une jeune libanaise qui ne pense qu'à coucher avec lui, les répliques cinglantes fusent. La mise en abîme de l'auteur de théâtre (subventionné !) est pleine d'humour et d'auto dérision.

Le rire naît du décalage culturel entre les deux personnagex et aussi du portrait bourru de l'homme de théâtre qui, derrière sa culture, cache une profonde solitude et une blessure amoureuse. L'homme pétri de références culturelles découvre finalement ses préjugés et finit par comprendre qu'il joue mal le jeu, notamment en ce qui concerne son couple. L'homme obsédé par son théâtre devient un monsieur tout le monde....

On reconnaît à Rémi De Vos un talent de dialoguiste hors-pair : les scènes sont très courtes, les répliques fusent, la chute est souvent très acerbe !

Quelques exemples :

" - C'est beau la France
-Très, 80 millions de touristes par an
- Je regarde souvent les télévisions françaises
- Ah
- Il y a eu des émeutes dans les banlieues
- Oui
- C'était sur les chaînes du monde entier
- C'est normal. On adore ça que le monde parle de nous. On fait des émeutes rien que pour ça
- Pourquoi vous les jetez pas à la mer
- Je ne sais pas quoi vous dire là
- Un jour, vous aurez la guerre comme nous
- Je ne crois pas, non
- Si, ça ne fait aucun doute
- La troisième chambre est très bien merci
- Vous aurez la guerre et enfin vous saurez vous amuser"

"Je veux seulement dormir dans une chambre  ! Ma dernière pièce n'a été jouée que douze fois ! Cette fois-ci, je pensais que des directeurs de lieu se déplaceraient, mais ils avaient apparemment autre chose à foutre...C'est totalement absurde. La seule chose qui les ferait venir, c'est un pistolet sur la tempe ! Je connais toutes les standardistes des théâtres subventionnés par leur prénom ! Je ne cherche plus à joindre les directeurs, j'appelle uniquement pour prendre des nouvelles de leurs secrétaires. Je n'en peux plus. Tu sais quoi ? Je vais en parler aux mafieux de la boîte. On est copains maintenant...Je leur demanderai d'enlever des enfants de programmateurs avec obligation d'aller voir mes pièces s'ils veulent les revoir vivant ! Ou alors les pièger en les photographiant avec des Natachas ! Une glace sans tain dans les chiottes avec un appareil photo derrière. Et crac ! Je me sers des photos pour étoffer les photos de mes pièces ! Je passe commande aux mafieux, je reverse aux Natachas un pourcentage sur mes droits d'auteur ! Putain, je crois que j'ai trouvé le moyen de faire jouer mes putains de pièces ! Quoi ? Oui, j'ai bu et alors ?Je picole pas mal, en ce moment, si tu veux savoir."

-Est-qu'il y a des stars françaises qui jouent dans vos pièces ?
- Vous pensez à qui ?
Je ne sais pas..Catherine Deneuve ou Alain Delon ...
Non. Pas de star
Vous n'êtes pas très réputé, alors ?
- Catherine Deneuve n'est jamais monté sur une scène
-Mais Alain Delon, si, je l'ai lu dans un magazine
- Alain Delon, oui. Mais ce n'est pas moi qui ait écrit la pièce.
-Vous seriez content qu'il joue dans une de vos pièces ,
-Bien sûr, Alain Delon, quand même !
- C'est un acteur qui j'adore
- Vous savez ce que je pense ?
- Non
Si vos pièces n'intéressent pas les acteurs connus, c'est qu'elles ne sont pas intéressantes
- Ma mère dit exactement la même choses ...
- Eh bien, je suis d'accord avec votre mère
-C'est le seul point commun que vous avez avec elle"

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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 20:09
Théâtre Gérard Philippe-Saint-Denis

Vive la France









Cette semaine, je suis allée voir Vive la France de Mohamed Rouahbi qui relate 150 ans de la colonisation et de l'immigration en France. Un thème  a priori alléchant, une mise en scène a priori inventive : photos, discours filmés, slam, rap...

Quel déception, pire quelle colère !

Je n'ai pas l'habitude d'être si catégorique mais il faut quand même dire que je suis partie à l'entracte d'un spectacle qui dure 3h20. 

Le spectacle n'est qu'une accumulation de clichés gravissimes : des jeunes immigrés encapuchonnés qui crient leur haine, des flics qui matent les immigrés à tout bout de champ (on parle pendant 1/4 d'heure des bavures si bien que le flic n'existe que par ses bavures !) Les CRS interviennent même lorsque les antillais font la fête !

Bien sûr, Sarkosy est accusé et on l'assimile à Pétain ! Des raccourcis plus que douteux suivi par des tableaux sans intérêt de l'école coloniale...

Que des poncifs, aucune solution n'est proposée.

A quoi cela sert-il de montrer des clichés qui sont revus et revus à la télé ? 

Le rôle du théâtre n'est-il justement d'interroger le monde, de soulever un débat sur la place publique et d'aller au delà des préjugés ? 

Et là on je me suis sentie profondément choquée, c'est lorsque le groupe de rappeurs interpelle le spectateur en sa qualité de français et qu'il le rend responsable de ses maux !

Personnellement, je ne me sens pas responsable des malheurs de l'immigration ! Ca me touche, ça me concerne certes, mais je n'en suis pas responsable !

Où est l'art là-dedans ? Je me le demande ! Le but du théâtre n'est pas de dresser une population contre une autre. Il est d'apporter un regard nouveau sur un problème qui nous dépasse. 

C'est donc profondément raté, c'est du sabotage très grave, qui plus est en Seine-Saint-Denis !

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15 février 2008 5 15 /02 /février /2008 19:29

Editions Albin Michel

Le Dieu du carnage












Mise en scène au Théâtre Antoine (janvier-mars 2008)

Voici donc le grand événement théâtral de Paris en ce moment : la nouvelle pièce de la plus prolixe des dramaturges françaises, Yasmina Reza. Ce nouvel opus est un petit bijou de cynisme : derrière les bons sentiments et la bonne conscience occidentale, l'auteur pointe notre hypocrisie ; derrière la raison proclamée, le dieu du carnage n'est jamais loin ...

L'histoire est très simple : un couple, Véronique et Michel Houllié invitent chez eux un autre couple, Annette et Alain Reille pour régler une simple histoire de coups de poing entre leurs deux rejetons : Ferdinand, le fils Reille a cassé deux dents à Bruno, le fils Reille.

Entre gens de bonne famille, on s'invite donc pour régler le problème à l'amiable plutôt que de se crêper le chignon. On mange donc du clafoutis et on s'explique, on parle de ses métiers respectifs....et tout s'envenime ! Il y a Alain, avocat véreux qui défend une industrie pharmaceutique plus que douteuse, toujours accroché à son portable. Sa femme, Annette, plutôt timorée, se met soudain à vomir ! Quant à Véronique, elle est obnubilée par les grands principes moralisateurs : alors qu'elle publie un livre sur le Darfour, passionnée par la cause humanitaire, elle tient absolument à ce que les deux enfants s'expliquent entre eux alors qu'ils n'ont que 10 ans !!!



Mais derrière cette civilisation de la raison et des bonnes manières, les pulsions et les frustrations remontent à la surface...On apprend alors que le matin même, le hamster de l'enfant a été jeté dans la rue et que finalement, "on est élevé dans une idée johnwaynienne de la virilité" ! Le vomissement d'Annette(sur les livres d'art !) est particulièrement significatif de toute cette violence refoulée !

On rit forcément de ces personnages caricaturaux qui ne veulent pas assumer leur violence sous-jacente. Pour Reza, les bons sentiments, la civilisation ne sont qu'un leurre. Elle épingle en passant toute la société bien-pensante pétrie de bons principes.

Comme à chaque fois, c'est mordant, acerbe, méchant. Je n'ai qu'une hâte : c'est de voir Isabelle Huppert dans le rôle de Véronique Houillé, la bourgeoise bien pensante !

"Nous vivons en France. Nous ne vivons pas à Kinshasa ! Nous vivons en France avec les codes de la société occidentale. Ce qui se passe square de l'Aspirant-Dunant relève des valeurs de la société occidentale ! A laquelle, ne nous déplaise, je suis heureuse d'appartenir !"

"La morale nous prescrit de dominer nos pulsions mais parfois il est bon de ne pas les dominer. On n'a pas envie de baiser en chantant l'Agnus Dei
;"

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27 janvier 2008 7 27 /01 /janvier /2008 11:13
ESPAGNE- 1936



Texte mis en scène au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis par Andrea Novicov (7 janvier-3 février 2008)

Il s'agit de la dernière pièce écrite par le grand dramaturge espagnol avant son éxécution par les franquistes. Je suis allée la voir au TGP et je dois dire qu'il s'agit d'une formidable mise en scène à mi-chemin entre le théâtre d'ombres, le théâtre de marionnettes et un tableau de Velazquez !

Rappelons l'intrique dans les années 30 en Andalousie : Bernarda Alba, dont le mari vient de mourir, oblige ses cinq filles à rester cloîtrées dans la vieille maison pendant huit ans pour cause de deuil.

Mais l'aînée, 39 ans, un laidronne mais riche car ayant touché l'héritage de son père, le premier mari de Bernarda,, est promise au plus beau garçon du village, Pepe Romano.

L'annonce prochaine du mariage fait naître jalousies et rancoeurs chez ces filles qui ne peuvent s'épanouir dans un monde rongé par les traditions ancestrales. La plus jeune qui refuse son enfermenent, clame son amour pour Pepe et va provoquer le drame...



Cette pièce se passant dans les années 30 est en fait très actuelle. Cela pourrait se passer en Afghanistan, en Arabie Saoudite...C'est une pièce fondamentale sur la condition de la femme, bridée, non libre de ses mouvements, la femme aigrie par tant d'interdictions.

La Maison de Bernarda Alba

La mise en scène rend parfaitement l'oppression subie par ces femmes. En adoptant une posture de marionnettes, elles apparaissent comme des pantins qui sont manipulés. On a l'impression de voir les Ménines de Velazquez. La luminosité, tout en clair obscur, nous fait vivre un cauchemar éveillé.

Elles entament des pantomines burlesques comme des poupées qui n'ont plus d'humanité, bridées par les conventions.



Un hommage au théâtre de Guignol. Je vous conseille fortement d'aller voir cette pièce !

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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 15:38

FRANCE-LIBAN -2006

Forêts

Editions Actes Sud Papiers

Wajdi Mouawad, d'origine libanaise, est la révélation théâtrale française de 2007. La pièce Forêts dont la mise en scène dure presque trois heures, a fait sensation aussi bien chez les critiques que chez les spectateurs.

Je n'ai pas eu l'occasion de voir la pièce mais je viens de lire la pièce ; c'est profondément original, antique et moderne à la fois, épique et tragique. Une véritable histoire romanesque se déroulant sur cinq générations de femmes. La mort, le sang, le destin, thèmes tragiques par excellence auxquels s'ajoute un brin d'insolite.

Voici le point de départ : Loup, une jeune fille de notre temps, apprend par sa son père que sa mère, Aimée, était atteinte d'une tumeur insolite au moment où elle lui a donné naissance : dans son cerveau, se sont fossilisés un foetus et une mâchoire humaine ! Un paléontologue, Douglas Dupontel, découvre à son tour que cet os a le même ADN qu'un crâne humain découvert dans un charnier à Dachau par son père. 

En compagnie de Douglas, Loup, très réticente et agressive, va donc partir à la recherche de ses origines. A qui appartient cette mâchoire ? Qui est ce Lucien qu'évoque Aimée lors de ses crises d'épilepsie ?

Lou va donc partir à la découverte d'une étrange lignée de femmes, ses ancêtres, qui vont la mener jusqu'à une forêt ardennaise au début du siècle, pendant la Première Guerre Mondiale. Elle va y découvrir la monstruosité des origines mais aussi la réconciliaion, l'apaisement. 

Six femmes, Odette, Hélène, Léonie, Ludivine,Luce, Aimée, six sacrifiques, six abnégations qui ont connu la souffrance, la mort, la violence. Mouawad nous livre un concentré de tout ce qui a pu exister dans le théâtre tragique antique : la lignée maudite, les créatures hybrides monstrueuses, le meurtre entre fratries, l'inceste.
Cela nous fait penser à la fois à Thésée, au Minotaure, à l'Orestie
; la parole de toutes ce femmes n'est pas sans rappeler les souffrances exprimées dans les choeurs antiques.

Il est aussi question d'inconscient, de la force de l'amitié et de la transmission à travers les âges. Pour évoquer ce thème de la filiation, Mouawad a choisi d'introduire des thèmes insolites qui donnent à l'histoire une allure alambiquée, une dimension énigmatique. Ainsi, une mâchoire se retrouve dans un crâne et c'est un paléontologue qui enquête !

Certains ont critiqué l'accumulation de violences et la construction trop ambigüe. Au contraire, je trouve que le texte est savamment construit : chaque acte est centré sur une femme d'une génération, à une époque donnée ce qui n'empèche pas quelques chassés-croisés. 

Mouawad renoue avec les grandes épopées sur plusieurs décennies, ce qui donne une épaisseur romanesque à la pièce de théâtre. Et le coup de théâtre final suscite beaucoup d'émotions !

Si quelques uns d'entre vous ont vu la pièce, vous pouvez me décrire la mise en scène....en attendant d'en voir une !

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