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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 14:42

Théâtre de la Colline du 8 octobre au 2 novembre 2008

Incendies

Actes Sud Papiers, 2003

J'avais découvert Wajdi Mouawad en lisant Forêts  l'année dernière . Je viens de voir la mise en scène de Stanislas Nordey et surtout un autre grand texte de Mouawad, Incendies; 3h20 de toute beauté qui filent à toute vitesse...

On y retrouve le même goût pour l'épopée, le tragique, l'extrême violence et le mélange de la petite et de la grande Histoire, de l'intime et de l'épopée. Mais centrée surtout sur un personnage féminin, l'intrigue est moins alambiquée.

Incontestablement, cette pièce est un chef d'oeuvre. Mouawad est sans conteste l'une ou la plus grande voix du théâtre contemporain français. Dans un registre de langues très riche, il mêle le trivial au tragique, l'intime à la bouffonnerie. Et dans une fin sublime, il réunit les contraires en abolissant tout manichéisme...

Cette pièce, qui de même que Forêts, fait partie d'une trilogie. On y retrouve donc les mêmes thèmes et en premier lieu la quête des origines.

De nos jours, un notaire ouvre le testament de Nawal, 60 ans, qui vient de mourir devant ses deux enfants, les jumeaux, Jeanne et Simon. Celle qui n'a plus parlé depuis cinq ans livre deux lettres à Jeanne et à Simon, l'une pour leur père, l'une pour leur frère. eux qui croyaient que leur père était mort et qu'ils n'avaient pas de frère. Ils vont donc partir à la recherche de leur origine, contre leur gré. Origine qui va les mener jusqu au Liban, en pleine guerre civile, dans les années 70.

La pièce s'annonce comme une formidable remontée dans le temps et un magique récit à suspense...

Nous voici donc trente ans plus tôt dans un village du Liban. Nawal, qui vient d'accoucher d'un fils illégitime, est contrainte d'abandonner son enfant. Sa grand-mère mourante lui conseille de partir et d'apprendre à lire, écrire et compter. Nawal lui promet de retrouver son fils et aussi de revenir au village pour graver son nom sur sa tombe.



Puis vient le temps de la guerre civile. Nawal erre dans les villages où sévit l'armée, elle tue ...Vient toute une série de malheurs et violences dignes des tragédies antiques. Meurtres, viols, incestes se succèdent...

Entre chaque scène, Jeanne et Simon découvrent un chapitre supplémentaire de la vie méconnue de leur mère. Pourquoi n'a-t-elle pas reparlé après avoir témoigné au Tribunal de La Haye il y a cinq ans ? Les deux jumeaux vont découvrir l'invraisemblable, le comble de l'horreur mais aussi le sublime, l'abolition des contraires.

D'où vient le génie de Mouawad ?

On peut d'abord parler d'une théâtre épique qui rejoint véritablement le conte et le romanesque. Il met le récit, l'histoire au centre de sa dramaturgie en nous racontant des vies sur 40 ans, dans une multiplicité de lieux et et de temps. On passe d'un cabinet notarial à une prison, d'un amphithéâtre universitaire à un tribunal international, d'un terrain de boxe à des champs de bataille. L'intrigue est si riche, foisonnante que nous avons l'impression de voir, d'entendre un roman. De la naissance à la mort, c'est tout le trajet d'une vie universelle qui nous est conté.

Il y a aussi cette langue si riche qui va de l'incantation à l'épopée, de l'intime au plus trivial. Lorsque le texte atteint l'horreur la plus crue, l'humour revient au galop. Ainsi, le notaire joue le rôle du bouffon, chargé d'introduire une note burlesque dans ce contre très noir. Un snipper se met à chanter du Supertramps...
Avec ces jeux de mots, ces éclats de rire, on est pas loin du théâtre shakespearien qui lie le burlesque au tragique. Les lamentations peuvent êtres succédées par de véritables cris de colère triviaux ; la poésie côtoie le trivial et le rire.

Enfin, nous atteignons le sublime lorsqu'à la fin, la beauté et l'horreur, la haine et l'amour se confondent...Mais chut ! Ne dévoilons pas tout. On est bien là sans conteste en présence d'un pur chef d'oeuvre.

La mise en scène de Nordey est minimale, vaste hangar avec extincteurs où les personnages sont habillés en blanc ou en noir. Ce minimalisme fait ressortir la beauté du texte mais on regrette cependant que la multiplicité des lieux et des temps évoqués dans la pièce n'ait pas donné lieu à plus d'audace dans la mise en scène !


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commentaires

R
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci pour ce bel article qui donne envie de lire...<br /> <br /> <br /> Je tiens simplement à rectifier un point: Jamais il n'et question dans la pièce de Mouawad du Liban. Bien sûr, il est clair que la guerre civile au Liban se cache derrière ce texte, guerre qui a<br /> d'ailleurs forcé Mouawad à l'exile. Mais comme il l'ecrit dans la postface, l'Histoire n'est que le point de départ de l'oeuvre, qu'il veut pûrement fictive pour plus d'universalité. Mouawad a en<br /> effet effectué un travail de gommage des références Historiques ainsi que du cadre spatial:pas de nom de lieu (si ce n'est celui d'un petit village inconnu), peu de dates, pas de nom. Il n'est<br /> pas fait référence au chrétiens, aux palestiniens, au phalangistes...mais seulement à l'Armée du Sud, aux Miliciens et aux Resistants, et à une guerre  "frère contre frère, soeur contre<br /> soeur", une guerre absurde que personne ne comprend, une guerre presque universelle, intemporelle ("la guerre de cent ans")<br /> <br /> <br />  <br />
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A
Stanislas Nordey absolument un maitre, de la Poesie... Quand seront sur SCENE pour leur dire toute mon admiration? Raoul Fernandez joue dans "Edouard II" a Douia!!!!!!!! Bravo!
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S
Pièce d'une grande beauté et force. La mise en scène d'une sobrieté et sans égal. Les acteurs assez engagés mais d'une visible inegalité. M'ont touché specialment Veronique Nordey, Claire Ingrid Cottenceau et Raoul Fernandez, ce derniére est tout simplement Génial et Unique. J'avais vu "Vol mon dragon" et Incendendies m'a reconcilié avec le théâtre de Nordey. Chapeau.
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T
J'étais dans la salle parmi des spectateur "touchés" par la grâce. Sans aucun doute Nordey et son équipe nous ont offert une des plus belles lessons de théâtre, lui et ses comédiens. Parmi eux le charmant notaire joué par Raoul Fernandez, sideral,  que j'avais vu jouer avant au Théâtre de la Ville.
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A
très très belle pièce, je plussoie à 200% ;)
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