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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 19:59

ISLANDE

La Lettre à Helga

 

Editions Zulma, 2013

 

Les éditions Zulma, après les magnifiques Rosa Candida et L'éclaircie d'Audur Ava Olafsdottir, nous livrent cette année une autre perle islandaise. Un récit court, sous forme de lettre, écrite par un vieil homme à son amour perdu...Une merveille de tendresse, d'émotion et de truculence !

 

Notre narrateur, vieux papy sortant de sa maison de retraite pour l'été, se retrouve devant la maison d'Helga, son amour de plus de 50 ans, qu'il n'a pas voulu suivre à l'époque à Reykjavik de peur de quitter sa campagne natale...Car toute sa vie à lui a été d'honorer sa terre ancestrale et de ne pas céder à l'appel de la ville et de la modernité. Alors, une dernière fois, il lui explique pourquoi il a fait cela...L'occasion pour lui de se souvenir de leur rencontre....

 

Ne vous imaginez pas le discours d'un petit vieux qui radote...Bien sûr, il y ce discours passéiste qui exalte la ruralité de l'islande mais cela nous permet de découvrir une vie  traditionnelle aujourd'hui quasiment disparue ; le narrateur était contrôleur des stocks de foins...il parcourait alors les campagnes les plus reculées, allait chercher les morts (que l'on grillait à la cheminée pour éviter qu'ils gêlent !!!), soignait la gâle des moutons, participait aux concours de bestiaux

 

C'est ce qui lui a permis de rencontrer la belle Helga....au cours d'une séance de palpation de brebis...Du corps de la brebis au corps féminin, il n'y a qu'un pas ! L'érotisme très rustique du livre donne un ton truculent au récit.

 

Le ton est à la fois tragique (le destin de la femme du narrateur), nostalgique et farcesque. Le récit est entrecoupé de légendes et contes scandinaves.

 

Un joli dépaysement...

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 08:42

ITALIE - Rentrée littéraire 2012 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/0/3/8/9782221125830.gif

Editions Robert Laffont

Le fils prodigue des lettres italiennes montre toute l'étendue de son talent en signant un roman à l'opposé de son précédent opus. Nous l'avions quitté avec La fête du siècle, récit déjanté et tragi comique d'une fête de l'ère berlusconienne ; nous le retrouvons avec un huis-clos très intimiste de 150 pages où aucune phrase n'est superflue. 

L'histoire nous est racontée à la première personne par Lorenzo, enfant très solitaire et surdoué. Souffrant de narcissisme, il n'a de liens affectifs qu'avec sa proche famille. Mais pour survivre "en milieu hostile", à l'école, il adopte le "mimétisme batésien" qui fait qu'un animal proie adopte les comportements de l'espèce prédatrice pour survivre. Ainsi, parfois, il adopte les comportements de ses "semblables" : mêmes vêtements, pratique du football...

Mais tout ceci n'est qu'apparence. Un jour, lorsqu'il découvre que 4 de ces camarades partent au ski, il décide de faire croire à sa mère qu'il est lui aussi invité. En fait, il revient chez lui et s'enferme dans la cave pour être seul avec lui-même. 

C'est alors que surgit sa demi-soeur, Olivia, plus âgée que lui, anorexique et toxico...D'abord conflictuels, leurs rapports vont devenir plus subtils...

 Un  beau portrait de l'adolescence en crise ; les parents n'apparaissent qu'en toile de fonds, ne comprenant pas grand chose aux problèmes de leurs enfants. 

L'auteur offre uniquement le regard des adolescents ce qui rend le récit d'autant plus fort. Ce qui étonne dans ce récit, c'est la simplicité de la phrase, l'extrême ténuité de la narration : pas un mot de trop, tout est dans la parole ou le ressenti des personnages. Cela n'en fait qu'en ressortir la vraisemblance, comme dans un journal intime. 

On attend avec impatience la sortie de l'adaptation cinématographique de Bertolucci, présentée à Cannes cette année. 


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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 14:57

ETATS-UNIS


http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/7/1/1/9782267022117.jpg

 

Editions Christian Bourgois, 2011

 

Laura Kasischke est encore un auteur très confidentiel en France malgré ses nombreux prix littéraires aux Etats-Unis.

Ses romans mettent souvent en scène une adolescence tourmentée : violence, troubles psychologiques. Elle excelle dans la description d'univers lisses et aseptisés qui se fissurent tout à coup. Je l'avais découverte il y a quelques années avec  Un oiseau blanc dans le blizzard.

 

Dans son dernier opus, elle renouvelle avec beaucoup de maîtrise le récit mêlant fantômes et revenants.

 

L'auteur choisit pour cadre une université traditionnelle du Middle Ouest. Les élèves sont organisés en fraternités et sororités, ces confréries un peu étranges qui font se réunir les étudiants autour de rites de passage pouvant faire penser à du bizutage.

Nicole, une brillante étudiante, membre de la prestigieuse sororité "Oméga Théta Tau", trouve la mort dans un accident de voiture. Son compagnon, Craig, en réchappe miraculeusement.

Un an plus tard, il revient sur les lieux, malgré la vindicte des autres membres de la sororité qui vouent un véritable culte à Nicole, érigée en sainte sacrifiée.

Tout se complique lorsque Nicole semble hanter les soirées et les nuits de deux amis de Craig....Hallucinations ? Fait réel ? Complot ?

L'auteur va nous répondre, sur 600 pages écrites avec brio.

 

Cela aurait pu ressembler à un sitcom se déroulant dans un campus universitaire, avec ses histoires de coeur, ses rebondissements. L'auteur utilise d'ailleurs tous les ressorts de ces séries : courtes séquences se terminant par un suspense haletant, alternance des personnages...

C'est en fait un très bon roman psychologique, au suspense haletant, se déroulant dans une atmosphère à la fois poétique et glaçante.

 

Kasischke choisit de faire alterner le point de vue de multiples personnages : Perry, l'ami de Craig, qui va enquêter sur les apparitions de Nicole, Shelly, une enseignante de musique qui est arrivée la première sur les lieux de l'accident et qui n'a pas vu la même chose que les enquêteurs, Mia, l'universitaire spécialiste des coutumes liées à la mort, Josy, la compagne de chambrée de Nicole.

Multiplicité de voix et aussi alternance entre le récit des événements passés et l'enquête présente.

 

Le tout raconté de manière très poétique, dans une langue à la fois simple et imagée. Un campus, du brouillard, de la neige et le clair de lune. Il n'en faut pas plus à l'auteur pour créer une véritable atmosphère glaçante.

 

Roman psychologique, enquête, thriller, roman d'apprentissage...Les qualificatifs ne manquent pas pour ce récit à tiroirs qui évoque à la fois Virgin Suicides et Twin Peaks.

 

Ce roman fleuve se lit d'une traite et Omega Théta Tau nous hante encore plus, une fois le livre refermé...

 


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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 10:09

ESPAGNE

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/4/0/9/9782752904904.jpg

 

Editions Phébus, 2011

 

Connaissez-vous cette auteure espagnole née en 1926 (donc âgée de 85 ans !) qui vient de publier ce magnifique roman ? Elle est l'un des plus grands écrivains espagnols actuels et lauréate du Prix Cervantès en 2010.

 

Elle nous offre ici une magnifique ode au monde de l'imaginaire et des contes, imprégnée par les contes d'Andersen et les ballets russes.

 

On retrouve ce mélange de réalisme et d'imaginaire qui fait entre autre le succès des films espagnols aujourd'hui.

 

Adri est une petite fille issue de la bourgeoisie madrilène, délaissée par des adultes trop sérieux, sévères et englués dans leurs problèmes quotidiens. Nous sommes à l'époque de la guerre civile espagnole.

Ne comprenant pas ce monde étranger qui ne la comprend pas, elle va alors se réfugier dans son imaginaire...Voir les licornes sortir des tableaux le soir, par exemple. Voguer dans la mer du couloir avec ses bateaux de papier journal. Et voir aussi les lustres du salon devenir des araignées géantes.

 

Ses plus fidèles alliés : sa tante, son père absent et surtout le monde des domestiques ; le monde de la cuisine et des caves, tout un monde en soi....

Puis c''est la rencontre avec Gravila, un jeune enfant exilé russe, vivant au dernier étage avec son majordome, Téo. Sa mère était une ballerine russe.

 

Ensemble, ils vont ouvrir les portes de l'imaginaire et vont inventer leur monde à eux avec des livres, un théâtre de marionnettes, des pas de danse et des patins à roulette...Ah, la scène sur le toit avec le linge qui sèche au vent, quelle beauté !

Car Gravila lui promet d'apprendre à voler. Mais attention, car tous les enfants meurent....

 

Un roman sublime qui magnifie le monde de l'enfance sans pour autant le rendre niais. Car c'est un monde qui souffre de l'hypocrisie des adultes (Adri les surnomme Les Géants) qui n'expliquent rien aux enfants. La guerre civile est là, derrière les fenêtres,mais les parents n'en disent rien. Des êtres disparaissent, sans raison.

 

Un récit tout en atmosphère (scènes magnifiques dans les cuisines des domestiques ; scènes entre les deux enfants faisant penser aux contes et ballets russes).

Beaucoup de classicisme aussi mais on en redemande...

 

La magie de Noël....un peu tardive !


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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 15:22

GRECE -PRIX MEDITERRANEE 2011

 

Jours d'Alexandrie

 

Editions Viviane Hamy, 2011

 

Voici un roman historique fleuve de près de 600 pages, relatant l'histoire d'une famille grecque d'Alexandrie du début de la Première Guerre Mondiale jusqu'à l'arrivée de Nasser au pouvoir dans les années 50.

 

Le premier rôle revient bien entendu à la ville phare d'Egypte, entre le cosmopolitisme de l'Empire britannique où les "Levantins" (libanais, grecs, arméniens, juifs) sont à leur apogée commerciale, et l'émergence et l'affirmation des nationalismes arabes et sionistes, jusqu'au moment où les étrangers ne sont plus les bienvenus.

 

Au centre de tout ça, la famille Haramis : Antonis, le patriarche, parti de rien, qui a fait fortune avec son usine de tabac en vendant des cigarettes à l'armée britannique en 1914. Sa femme, Daphnée, la cleptomane qui fait un trafic d'antiquités égyptiennes avec son frère, et les deux fils, Kostis et Mahos, qui vivront les années folles de l'entre deux guerres à Paris et à Berlin, avant de choisir des destins opposés. Car en 1940, alors que l'Africa Corps de Rommel débarque, il faut choisir son camps, entre la sauvegarde de l'Empire Britannique et l'idéologie nazie. Entre le panarabisme et le sionisme...

Entre temps, nous aurons vogué d'Egypte jusqu'à Berlin, en passant par Le Caire, Paris, Vienne et Munich.

 

Ce roman historique vaut autant pour sa reconstitution très fidèle et détaillée d'une époque en pleine mutation, que pour ses personnages hauts en couleurs. Car, autour de la famille Haramis, il y a deux personnages principaux, très énigmatiques, qui donnent vraiment du piquant à l'intrigue : Elias Khoury, le libanais intrigant aussi bien du côté des anglais que des arabes, et Yvette Santon, d'origine française, maîtresse d'Antonis Haramis, lesbienne et espionne à ses heures....Le duo infernal va servir le contre-espionnage anglais et faire les beaux jours des années folles d'Alexandrie où des lupanars très cosmopolites ouvrent leurs portes...

Sexe, espionnage, commerces illicites...Voici les ingrédients d'intrigues follement romanesques qui nous font lire cette romance avec plaisir.

Parfois, on peut être perdu par ce foisonnement de détails historiques...Mais c'est pour mieux découvrir cette période peu connue qui a transformé le Moyen-Orient en poudrière de nationalismes....

 

A découvrir.

 

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 11:09

SUEDE -RENTREE LITTERAIRE

 

 

Editions Gaïa, 2011

 

Un roman qui ne fait pas beaucoup parler de lui dans la presse mais qui fait partie d'une sélection pour un prix des libraires ; il faut dire que j'ai été d'abord attirée par une couverture envoûtante, une jeune fille coupant ses jolis rosiers en forme de coeur. Cela m'a fait penser à un conte et j'ai vraiment retrouvé cette atmosphère dans le roman...mais un conte joliment pervers...

 

Jugez-en plutôt par la première phrase du récit :

 

"J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à éxécution. "

 

Une phrase coup de poing qui vous met tout de suite dans l'ambiance ! L'histoire nous ai racontée par l'auteur du crime, Eva, 56 ans, retraitée, passionnée de jardinage : elle cultive de magnifiques rosiers...Sa petite fille lui a offert pour son anniversaire un journal intime ; elle va donc en profiter pour avouer par écrit ses crimes passés. Car avant de mettre celui-ci à exécution, elle s'est quelque peu exercée...

 

Un mélange de poésie et de perversité savamment dosée...

 

Une atmosphère "conte au coin du feu" : nous sommes dans une petit village suédois, surplombant une falaise balayée par les vents et la brume. On se réunit entre amis pour se raconter ses histoires avec du café et des pains au lait. Eva cultive une magnifique roseraie...

 

Un cadre enchanteur pour nous livrer peu à peu les secrets d'une ancienne petite fille souffrant d'une mère égoïste et fantasque. D'étranges rituels viendront précéder ce meurtre.

Il aura été question de livrer ses secrets aux oreilles de Buster (l'énigme du titre), de rêver du roi de pique qui lui insuffle son côté noir, de cultiver des roses Peace. Et l'on parle aussi de baleines qui s'enfoncent dans l'abîme pour mleux renaître...

 

Laissez-vous emporter par les confidences nocturnes d'Eva, à la lumière de sa lampe de bureau, buvant un cognac. C'est délicieux...

 

Décidément, les blessures familiales sont un grand thème de cette rentrée littéraire 2011 ; il y a bien l'indispensable Freedom de Franzen (pas encore lu), Rien ne s'opoose à la nuit de Delphine de Vigan et Ce que l'on peut lire dansl'air de Dinaw Mengestu. sans oublier La confusion des peines de Laurence Tardieu.

Mais avec Les oreilles de Buster, il faut quitter le registe de l'autobiographie ou autofiction. On est bien dans le plus pur romanesque, celui des contes...Et on y croit ou pas...

 

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 19:46

ITALIE-SARDAIGNE

 

 

Editions du Seuil, Rentrée littéraire 2011

 

Voici en avant-première, ma première découverte de la prochaine rentrée littéraire.

Une jeune auteur sarde, une très belle histoire entre une vieille femme et sa fille adoptive et la découverte d'une tradition sarde ancestrale...Il n'en faut pas plus pour mettre en valeur ce court roman d'une grande sensibilité.

 

Maria est d'une fille "d'anima" d'une vieille couturière : Bonaria, stérile, a recueilli la quatrième fille de la famille Listru, comme le veut la tradition dans la Sardaigne rurale et pauvre.

Cette dernière lui donne une éducation très moderne pour l'époque, la faisant aller par exemple à l'école.

 

Mais parfois, certaines nuits, la vieille femme s'absente. La petite fille n'entend que des pas, ne voit que des silhouettes dans le clair obscur de sa chambre. Jusqu'au jour où elle découvre le secret de la vieille femme....

 

Une belle histoire sur la vie et la mort ; Bonaria, la "dernière mère" n'a pas pu avoir d'enfants. Elle sera alors mère autrement, la "dernière mère"...

 

Une écriture très sobre, tout en nuances, qui nous transporte dans la Sardaigne des années 50. On est avec ces villageois, sur le pas de leur porte ou éclairés à la lumière de la chandelle. On frôle les silhouettes fantômatiques des morts venus spécialement goûter leurs repas offerts pendant la Toussaint.

 

Pour se renseigner sur les Accabadora, je vous conseille ce site : http://souvenirsdelasardaigne.midiblogs.com/archive/2010/11/06/s-accabbadora-l-euthanasie-en-sardaigne.html

 

Et pour continuer sur le chemin de la littérature sarde, découvrez un grand auteur classique : Grazia Deledda : Le lierre sur l'arbre mort et Elias Portolu. Des chefs d'oeuvre.... 

 

 

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 10:11

Editions Actes Sud, 2008

 

Laver les ombres

 

" Danser, c'est altérer le vide.

Pourquoi inscrire un mouvement dans le rien ? Elle voudrait tant pouvoir juste contempler et habiter simplement, sans bouger. Elle envie ceux qui le peuvent. Elle, elle n'y arrive pas.

....

Alors elle danse. Il faut qu'elle trace, avec son corps, les lignes qui permettent d'intégrer l'espace. Seule la beauté du mouvement peut la sauver.

C'est sa façon de trouver place dans la vie.

Léa est chorégraphe par nécessité"

 

Formidable histoire que celle de Léa, qui danse, qui ne peut s'arrêter de danser. Mais pourquoi ? Lorsque son compagnon Bruno, artiste peintre, lui demande de poser pour lui, de se figer dans l'immobilité, pourquoi s'enfuit-elle en courant ?

 

Léa sent bien que ce comportement par rapport à son corps vient de sa mère, qu'elle va d'ailleurs solliciter pour sa prochaine chorégraphie.

Alors, cette nuit de tempête, elle va se réfugier dans la vieille maison normande pour tenter de comprendre, pour mettre les mots sur la souffrance de sa mère. La vieille Suzanne va alors lui livrer son secret.

 

Le récit va alterner le présent de Léa et le passé de Romilda, la mère italienne, devenue en France Suzanne. Quelle est ce secret inavouable ?

 

Cette magnifique histoire de corps et de mots s'intègre parfaitement dans l'oeuvre de Jeanne Benameur.

Cette difficulté de dire, de mettre en mots se retrouve aussi bien dans Les demeurées que dans Les insurrections particulières.

 

Ce long accouchement pour se dire et se trouver est toute l'histoire de Romilda,la mère de Léa.

Et ce secret, expliquera le pourquoi et l'origine de l'amour de la danse.

 

Une magnifique histoire de corps immobiles où en mouvement, sur le pouvoir de notre inconscient. Une belle métaphore aussi sur le lien entre les arts et le corps que ce soit à travers la peinture ou la danse.

Prendre possession des corps à travers la peinture, le libérer et l'élever, le maintenir en équilibre à travers la danse.

 

Assurément l'un des plus beaux textes de Jeanne Benameur écrit dans une langue tout très scandée ; une respiration haletante, rendue par des phrases très courtes. Une très belle musique du coeur....

 

"Elle imagine. De toute sa force, elle imagine.

Dans le corps de sa mère, elle pénètre, elle se lève.

Elle insuffle la danse.

Par ce que la danse, c'est ça. C'est toujours ça. Des corps qui se relèvent.

 

Et il faut toucher terre d'abord.

Il faut bien.

 

Alors Léa touche terre.

Pour elles deux.

 

Le péril est là. Total. Il faut affronter.

 

est-ce que les mots peuvent tuer ?

Dans sa tête, elle invente une danse. Juste pour elle et sa mère. Contre les mots de Romilda. Pour qu'eles restent à l'air libre toutes les deux. Qu'elles demeurent. Vives.

 

Dans sa tête, avec la danse, elle revisite le corps de sa mère. Comme un nageur. Elle écarte tout...

 

Elle redessine dans le ventre de sa mère des voies neuves...."

 

 

 

 

 

 

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 12:59

ITALIE

 

  La fête du siècle

 

Editions Robert Laffont, 2011

 

Un petit détour dans la littérature italienne contemporaine et...ça le vaut ! Niccolo Ammaniti qui a reçu le prestigieux Prix Strega pour son précédent roman Comme Dieu le veut est le maître de l'humour noir ; avec une ironie grinçante, il peint les travers de la société italienne d'aujourd'hui, gangrenée par le consumérisme et la médiatisation à outrance. Le tout agrémenté d'une langue rabelaisienne qui fait la part belle aux bons petits plats italiens....

 

Des romans qui jouent de la surenchère grotesque et qui ne sont pas sans rappeler l'américain Chuck Palahniuk.

 

Le point de départ : un magnat de l'immobilier romain qui donne une fête grandiose pour VIP dans la Villa Ada, qu'il a rachetée à la municipalité. Footballeurs, mannequins siliconés, journalistes, chanteurs, toute la "meute" est au rendez-vous. Deux prestigieux invités :

Fabrizio Ciba, l'écrivain vedette, auteur de best-seller et présentateur télé vedette, vient d'apprendre que le contrat chez son éditeur risque de ne pas être renouvelé. Il va profiter de cette fête pour démarcher de nouveaux sponsors....

Quant à Loretta, ex gothique devenue star du pop, elle clôturera la soirée ....

 

Et deux trois spécimens qui se sont introduits dans la prestigieuse villa clandestinement....Saverio Moneta, alias Mantas, et sa bande de la secte des Enragés d'Abaddon. Des satanistes dont le seul forfait a été de couvrir un pont de graffitis et de rater le sacrifice d'une jeune fille qui n'était finalement pas vierge !

Mais ce soir, Mantos (dans la vie, vendeur de meubles tyroliens, soumis à sa femme et à son beau-père tyranniques, a vraiment envie de devenir un héros sataniques. Ce soir, ils vont jouer les serveurs à la fête du siècle et tuer la belle Loretta, la star planétaire ! De quoi devenir des satanistes mythiques....

 

A partir de ce moment, tout devient une vaste fumisterie : le magnat de l'immobilier a organisé de multiples chasses dans son parc devenu zoo. Les satanistes vont devoir avoir affaire avec des tigres, des vautours et....

 

Je m'arrête là de peur de dévoiler le rebondissement final. Certains pourront peut-être trouver les ficelles trop grosses mais justement, tout joue sur l'outrance.

 

Un très bon moment de détente et d'analyse d'une société malade...

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 22:03

ITALIE

 

L'équilibre des requins

 

Gallimard, 2010

 

L'une des heureuses découvertes de l'année. Un récit tragicomique d'une auteur italienne, un mélange de fantaisie burlesque et de réflexion sur la fragilité humaine.

 

Sofia, la narratrice, 30 ans, vient d'être admise aux urgences pour avoir avalé une bonne dose de médicaments.

On apprend vite qu'elle vient de divorcer d'avec un maniaco-dépressif et que ses deux ex-amants n'étaient pas non plus très clean pour ce qui est de l'équilibre mental !

 

Puis, au fil de la narration, nous faisons également connaissance avec son père, absent, qui lui envoie des vidéos de ses rencontres avec les requins au quatre coins du globe, la grande passion de sa vie. Ce père qui lui demande de garder l'équilibre des requins.

 

Mais lorsque Sofia découvre dans un coffre les lettres de sa mère, qui s'est suicidée vingt ans plus tôt, l'équilibre devient précaire....

 

Un récit savemment construit en de courts chapitres qui alternent dialogues burlesques avec les amants dépressifs, lettres "marines" du père et écrits intimes de la mère.

 

La référence constante au milieu marin confère délicatesse et poésie à une histoire qui pourrait paraître très scabreuse. Le lecteur rit en même temps qu'il s'identifie au personnage féminin qui choisit finalement l'autodérision.

 

Une manière subtile et poétique d'évoquer le thème de la dépression. Sur ce même thème, mais traité de manière beaucoup plus lyrique, vous pouvez lire l'excellent Les femmes du braconnier de Claude Pujade-Renaud, sur le destin de la poétesse américaine Silvia Plath.

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