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  • : Passion des livres
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 10:39

Editions Grasset, 2012

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/9/2/7/9782246798729.jpg

Il y a des oeuvres rares, précieuses, magiques, qui ne se laissent pas apprivoisées du premier coup d'oeil. La survivance est de ceux là....

Claudie Hunzinger nous livre son deuxième opus ; elle est artiste plasticienne et tout comme les personnages de son roman, elle vit en haute-montagne dans les Vosges. Comme pour eux, le livre occupe une place centrale dans son oeuvre : elle fabrique des livres de cendres, des livres d'herbe : http://www.claudie-hunzinger.com/spip.php?rubrique3  

Le point de départ du livre : un couple de libraires sexagénaires, Jenny et Sils, s'expatrient dans une vieille maison délabrée sur le plateau de Brezouard, à 1000 mètres, au coeur du Massif Vosgien. Un climat rude, âpre, des conditions de vie rudimentaires...Ils y sont contraints car leur librairie de la plaine a fait faillite, ils ne peuvent plus payer leurs locaux.

Tels des nomades du 21 e siècle, des "expulsés d'Egypte", ils partent avec leur chienne, leur ânesse et leurs livres sur la route. 

Puis vient la "réparation" de la Survivance, la lutte pour la survie, la coupe du bois, le jardinage....

Mais s'arrêter là serait trop simple : nous ne sommes pas dans un roman du terroir décrivant le simple quotidien de retraités rénovant leur vieille bicoque.

Il s'agit de trouver une nouvelle manière d'être au monde, de décrypter des signes donnant un sens à cette nouvelle vie. Et c'est dans l'Histoire, l'Art et les livres que  Sils et Jenny vont trouver des correspondances à leur propre destin. 

Il sera question de génies de la Renaissance, de peintres (Duhrer, Cranach, Grunewald...), d'Hemingway, d'Aby Warburg....

Certes les références sont nombreuses, ce roman est très érudit. Mais il ne s'agit pas d'érudition "froide" : au contraire, elle contribue à donner une atmosphère magique à l'histoire, qui oscille toujours entre conte merveilleux et désespérance métaphysique. 

C'est Jenny qui nous raconte l'histoire au passé ; ses mots transcrivent une atmosphère étrange, le fait d'habiter un autre monde ("Malgré la neige qui la piégait, et peut-être grâce à sa cargaison, la maison à l'intérieur se dilatait, se transformant lentement en un immense territoire : la lune. j'aurais pu la cartographier avec son lac des chimères, sa mer des désirs extravagants et sa face cachée abritant le désert des explorations les plus poussées, les plus précises, les plus savantes....") transfiguré par l'imaginaire, et en même temps voué à la disparition, à la mort ("Quand il parlait de cargaison à sauver, j'avais l'impression qu'il se prenait pour un Noé galactique. Que nous étions dans une sorte d'arche en compagnie des restes périmés, devenus incongrus, d'une civilisation de l'écrit, tandis qu'autour de nous montait l'eau d'innombrables écrans plasma et autres inventions, annonçant un monde fabuleux, bien plus fort que l'ancien. Encore plus destructeur. Encore plus dangereux")

Ce monde à part, île magique vouée au néant, va être peuplé de signes qu'il va falloir décrypter pour donner sens au monde et à sa vie; c'est ainsi que la nature, les livres et les tableaux vont se répondre, telles les correspondances de Baudelaire. Car il est beaucoup question d'alchimie, de transfiguration du réel. 

Alors que Jenny, ancienne éthologue, observe le comportement des cerfs, Sils, traumatisé par l'incendie (fictif) du monastère d'Issenheim, renfermant le célèbre Retable de Mathias Grünewald datant du XVIe siècle, va partir à la recherche des pigments que le

 

 http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0333/m002804_88-rp-139-a_p.jpg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Matthias_Gr%C3%BCnewald

peintre allemand a justement recueilli dans cette région où des mines d'argent étaient exploitées : et nous voici dans un concert alchimique de pierres précieuses et de couleurs : rouge cinabre, bleu azurite, jaune plomb. Magnifiques passages où les couleurs et matières se font musique, feu et air...

La survivance devient alors aventure intellectuelle et spirituelle qui fait se transfigurer le réel pour trouver un ailleurs. Cette recherche de "l'au delà" suffira-t-il à vaincre le néant auquel est voué le couple ? 

Laissez-vous charmés par cette écriture incandescente et très rare, mêlant érudition et alchimie, si loin de toute contamination du matérialisme ambiant. Avec Claudie Hunzingen, la littérature redevient une véritable aventure spirituelle....Laissons lui la plume...

"N'empêche, on sentait bien qu'on vivait sous la menace, guettés par la malveillance des temps. Mais c'était encore l'été. Et puis, par dessus le marché, par-dessus l'été, il y avait dans notre vie, offertes, colorées, féeriques, les miettes du trésor que Sils s'était approprié, qu'il avait broyées, et les premières poudres du pigment resplendissaient déjà dans les coupelles minuscules sous la tente de Sils"

"Si nous voulions nous en sortir, il fallait sortir de nous. Plonger direct dans les sensations, dans la peur, dans la joie, être aux aguets, se transformer en une boule de présence au monde prête à jaillir ; il y a quelque chose d'excitant, de suffocant dans la lutte pour la vie : plus d'écran entre elle et nous. On devient la vie"

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 19:06

ETATS-UNIS -2001

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Editins Albin Michel

L'un des premiers romans de Louise Erdrich, la grande romancière américaine, aux origines indiennes. Sa mère était ojibwé, tribu indienne du Dakota du Nrd. Son père, d'origine allemande. Elle est avec Sherman Alexie, la grande voix de la littérature d'outre-atlantique. 

Elle est propriétaire d'une petite librairie indépendante dans le Minnesota. Son oeuvre met en scène les communautés indiennes du Dakota ; lyrisme et "réalisme magique" à la Garcia Marquez sont les maîtres mots d'une voix reconnue comme l'une des grandes plumes américaines. 

Je l'avais découvert avec La malédiction des colombes, une oeuvre chorale et lyrique autour d'un lynchage d'indiens. Faisant fi de toute chronologie, usant de la polyphonie, narrant l'histoire de plusieurs générations aux ramifications multiples, Louise Erdrich n'est pas très facile à apprivoiser ! Il faut s'accrocher mais le plaisir est au bout, avec la découverte de passages magistraux. 

Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse, finaliste du National Book Award, a fait entrer Louise Erdrich dans la cour des grands. Moins lyrique peut-être que le roman cité ci-dessus (qui lui est postérieur) mais beaucoup plus fantaisiste ; c'est pour cela que l'on a évoqué Garcia Marquez. 

L'histoire se déroule sur plus de 80 ans, de 1910 à 1996 et relate "l'évangélisation" un peu spéciale d'un village indien du Dakota du Nord, Little No Horse. Le roman débute en 1996 : le père Damien, dans sa petite église, âgé de plus de cent ans,écrit depuis plusieurs années au Saint-Père au Vatican pour lui signaler des miracles pas très catholiques...Quelques pages plus loin, flash back en 1910. Agnès, prise de crises mystiques au couvent, en jouant un morceau de Chopin au piano, se promène nue au couvent. Expulsée, elle trouve refuge chez un fermier d'origine allemande...avant de se faire enlevée par un braqueur de banque...et d'endosser les habits d'un prêtre...Car, c'est cela la supercherie et le miracle : Père Damien est une femme cachée....

En 80 ans, Père Damien-Agnès, aura réussi à évangéliser à sa manière le village indien, tout en respectant les traditions magiques des autochtones.

Personnage au grand coeur, doutant parfois de ses méthodes si peu orthodoxes, il sera devenu l'emblème de ce village, l'ami des indiens.

Parmi les autres personnages, mentionnons le patriarche Nanapush, génial de truculence, retrouvé par Damien à moitié mort de faim dans les bois, se cherchant ensuite de multiples femmes...Le passage le plus sublime est sans aucun doute le récit de sa mort, à la fois burlesque et tragique (oùil est question d'oignons et de pets !). Du grand art !

Sans oublier les émissaires du Vatican, de pauvres prêtres amoureux, une soeur qui martyrise ses semblables...

Et c'est tout cela, le talent de Louise Erdrich. Sur plus de 500 pages, elle nous perd au sein de tous ces personnages : mariages multiples, mort miraculeuse, amours clandestins...Mais elle nous scotche avec des passages sublimes tels la mort de Nanapush et le braquage de la banque. 

Bienvenue dans le monde des hallucinations truculentes, fantaisistes ou apocalyptiques.

Acceptez-vous de vous y perdre un peu...

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 15:44

Editions Gallimard, 1998

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41H16MEHKSL._SL500_AA300_.jpg

 

Le grand écrivain franco-espagnol (1923-2011) est surtout connu pour ses récits sur sa propre déportation à Buchenwald : Le grand voyage et L'écriture ou la vie ; on lui doit aussi ce magnifique récit de l'adolescence et de l'exil.

Rappelons les faits : fils de bourgeois républicains madrilènes, Semprun s'exile avec sa famille à Paris en 1939, suite aux persécutions de la guerre civile espagnole. S'engageant dans la résistance, il sera déporté à Buchenwald. Après 1945, il s'engagera clandestinement dans le parti communiste espagnol avant d'être nommé ministre de la culture de son pays d'origine. 

Ecrit en 1998, ce récit autobiographique peu connu se consacre à la période avant la Seconde Guerre Mondiale, l'année 1939, lorsque Semprun s'est installé à Paris. Quelques mois de "Vive Clarté" avant de "plonger dans les froides ténèbres" comme l'écrit Charles Baudelaire dans les Fleurs du mal

Charles Baudelaire....justement l'auteur par lequel Semprun a découvert la langue et la poésie française...C'est justement sous l'égide de ce grand nom que Semprun nous conte sa découverte des femmes et de Paris. ...Magnifique passage où le jeune homme poursuit une silhouette féminine évanescente dans les rues de Paris en hommage à Une passante :

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Vous l'aurez compris, ce récit d'adolescent, qui voit venir l'ombre des années noires, est profondément lyrique, tout en choisissant une certaine retenue. 

Ode à Paris et à la découverte de la femme, ce texte traduit bien la ferveur d'un adolescent qui découvre la vie.

Lyrisme de l'amour mais aussi lyrisme de la nostalgie. Découvertes de sensations, d'un pays mais aussi nostalgie du pays perdu. Magnifiques passages où l'auteur contemple à plusieurs décennies d'intervalles, les rivages de la Bidassoa, qui marque la frontière francoespagnole. Cette nostalgie se matérialise par la citation constante de textes poétiques espagnols, comme lorsqu'il apprend la défaite de la République, place du Panthéon : "N'entends-tu pas tomber les gouttes de ma mélancholie"

Le texte oscille constamment entre souvenirs de l'Espagne et découverte de la culture française. Semprun a aussi recours à l'anecdote en précisant que c'est grâce à la remarque désobligeante d'une boulangère sur son accent qu'il décida d'écrire son premier roman en français...La maîtrise parfaite de la langue ou rien...

L'un des plus beaux romans sur l'adolescence qu'il m'ait été donné de lire...

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 19:03

ROMAN ADOLESCENTS

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/8/6/3/9782081244368.jpg

 

Editions Flammarion, 2012

Véritable coup de coeur que ce beau roman qui vous donne une forme olympique. Rentrez vite dans ce café bien douillet, à la saveur d'antan : vous allez y vivre des aventures fabuleuses....

L'auteur nous plonge dans un univers poétique, au coeur d'une communauté norvégienne émigrée aux Etats-Unis dans le petite village de Nordby digne d'une maison de poupée : Katrina aide sa grand-mère à gérer le café Chez Anna ; leurs spécialités : le café scandinave à l'oeuf....et le sandwich à la sardine....De quoi ravir les papilles de vieux marins du coin mais pas tout le village ni la jeunesse...Surtout depuis que le Java Heaven a ouvert ses portes en face : le temple du café équitable servant de superbes cafés mokas dans des gobelets recyclables et faisant fortune grâce à des campagnes de pub délirantes...Une sorte de Starbuck Café, quoi....

Si bien que Katrina et la vieille Anna ont du mal à joindre les deux bouts ...Et en plus, le Java Heaven est géré par le père de Heidi, la plus belle fille du lycée...de quoi rendre bien jalouse notre Katrina bien dévouée....

Un matin, Katrina trouve dans la cour arrière du café un bien curieux personnage endormi : jeune, très beau, habillé avec un vieux pull élimé et un kilt. Un psychopathe ? Un sans-abri ? Le bon coeur de Katrina lui conseille de lui apporter un bon café chaud...Ce dernier disparaît avant de lui réapparaître en plein milieu d'un cours pour lui demander ce qu'elle souhaite le plus en monde en récompense de sa bonne action .....Katrina, d'abord incrédule, refuse que Malcolm (c'est son nom) lui donne un grain de café au chocolat réputé magique....

Sauf que ce grain magique ne va pas provoquer l'effet escompté puisque c'est Vincent, le meilleur ami de Katrina, qui va le déguster...Et le deuxième, ce sera pour son chat Ratcatcher (nom trompeur puisqu'il n'attrape que des bons gâteaux...). Cela va provoquer une suite d'événements désopilants qui vont venir perturber la tranquillité de Nordby....

De l'humour et un gros bol de tendresse : voila ce que nous offre ce charmant café givré. Au début, Katrina, bien triste de voir péricliter le café de sa grand-mère et sortir son meilleur ami avec sa concurrente Heidi, va peu à peu reprendre confiance en elle et apprendre à connaître et apprécier Malcolm....qui est en fait un ange gardien !

Sous ses allures fantasques, ce conte nordique aborde des tas de choses profondes : le rapport intergénérationnel très fort entre Katrina, sa grand mère et les vieux marins retraités, l'amitié amoureuse entre une fille et un garçon, et surtout le manque de confiance en soi à l'adolescence : Katrina se croit quelqu'un d'incapable, collectionnant les échecs ; impossible pour elle de se concentrer sur une activité en particulier. Pareil pour l'ange Malcolm qui n'arrive pas à réaliser les souhaits des humains. Il a même peur d'être rétrogradé...Alors, ensemble, ils vont peut-être reprendre confiance en eux. L'occasion pour Katrina de redonner toutes ses lettres de noblesse au café de sa grand mère....

A cela s'ajoute en arrière-plan, une critique acerbe de la société de consommation : publicité, produits dérivés etc....

Un grand moment de plaisir à déguster l'hiver au coin du feu ! 

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 18:24

ROMAN ADOLESCENTS-A PARTIR DE 16 ANS

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/ZoomPE/1/8/6/9782361931681.jpg

Editions Les Grandes Personnes, 2012

Voici un roman historique passionnant mêlant aventures et genre fantastique, ayant pour cadre une période très peu abordée dans la littérature ado : la révolution russe de 1917. 

Une manière peut-être indirecte de se replonger dans la littérature russe classique !

A Petrograd (actuellement Saint-Petersbourg), Tsvetana est une jeune comtesse de 17 ans. Mais elle s'ennuie dans les salons de l'aristocratie. Alors, elle collabore à une revue clandestine. Son rêve, être danseuse ; mais le destin va en décider autrement. Un jour, dans son manteau, elle découvre un acte de propriété de son père décédé. Elle va alors découvrir un appartement où vivait la deuxième famille de son père....

Pendant ce temps, la révolution gronde ; l'Empereur et sa famille vivent leurs derniers jours. Le chemin de Natacha va croiser celui d'un beau jeune homme, Roman Vrabec, qui semble avoir vécu mille vies et aussi celui d'un immonde agent de la Tcheka, la police secrète de l'Empereur. Les deux hommes sont à la recherche d'une mystérieuse bague donnant l'immortalité et qui serait possédée par la famille de Tsvetana.....

C'est parti pour de multiples aventures au suspense haletant, qui nous emmènent de Petrograd à la Sibérie en passant par les Monts de l'Oural. 

Beaucoup de romanesque (l'histoire d'amour entre Tsvetana et Roman), du fantastique (la quête de l'immortalité avec la bague) mais ces deux aspects n'oblitèrent en aucun cas l'analyse historique et psychologique. Payet examine avec brio les cas de conscience de l'héroïne, partagées entre ses obligations de classe et sa sympathie pour la révolution. L'auteur évite tout manichéisme simplificateur en se gardant bien de décrire des blancs immondes et des rouges héroïques. Ainsi, il met en lumière la violence gratuite inhérente à toute révolution (scènes d'exécution....). 

L'héroïne, en même temps qu'elle découvre les secrets familiaux, prend conscience de l'injustice de la société, tout en étant sceptique sur les bien fondés d'une action violente. 

A déguster sans modération !


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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 19:46

ROMAN POUR ADOLESCENTS

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Editions Thierry Magnier, 2012

Voici un roman à recommander dès 12-13 ans, qui sort des sentiers battus ! Oubliez un temps la bonne morale judéo-chrétienne et plongez-vous dans ce road trip désopilant où deux ados paumés décident de partir en ....Valachie (une province roumaine !) à bord d'une vieille Lada défoncée et volée....

Mais quand on lit la première page, nous n'en sommes pas encore là..ou plutôt si, l'aventure est déjà terminée. C'est Maik qui prend la parole, il est chez les flics, ça sent le café et le sang. Puis deuxième scène : à l'hôpital. Les médecins engueulent les flics...Troisième chapitre : Maik nous raconte comment il en est arrivé là...Son surnom "Psycho", l'élève richard mais en mal d'affection entre un père ultracapitaliste et sa mère alcoolo...Sa route va croiser celle de Tschick, un immigré russe qui ne lésine pas non plus sur l'alcool. 

Alors que ces deux marginaux ne sont pas invités à l'anniversaire de Tatiana, le pin up de la classe, dont est secrètement amoureux Maik, Tschick décide d'embarquer Maik dans une vieille bagnole pourrie pour rejoindre le pays de sa  grand mère....

C'est parti pour une série d'aventures désopilantes où les deux fanfarons vont rencontrer des personnages farfelus (une ado qui fait les poubelles, un ancien fasciste, une infirmière très spéciale) et une fin rocambolesque (la couverture donne certains indices...)

Humanisme, tolérance et fantaisie sont les maîtres mots de cette fabuleuse aventure. Ce qui compte, ce n'est pas la Valachie, mais le trajet, cet entre deux fait de jolies rencontres où les deux jeunes vont apprendre à découvrir les autres et à se découvrir eux-mêmes. 

Ces deux compères ne sont pas du même milieu, même de deux milieux opposés, mais ils souffrent tous les deux d'être stigmatisés. Alors, ensemble, ils vont menés la guerre aux préjugés...

Ce roman oublie les codes de la bonne morale et c'est tant mieux !

Le tout raconté dans une écriture dynamique, à coups de flash-back et de dialogues percutants. Très rafraîchissant !

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 12:02

RENTREE LITTERAIRE 2012

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/1/3/8/9782267023831.gif

EDITIONS CHRISTIAN BOURGOIS

L'une des grosses têtes d'affiche de cette rentrée littéraire. Toni Morrison, 81 ans, écrivain noire américaine la plus connue au monde, Prix Nobel de Littérature, nous livre un roman très concis de 150 pages, centré sur l'histoire d'un frère et d'une soeur à l'époque de la guerre de Corée. 

Frank Money, né à Lotus, village perdu de Géorgie,  vient de quitter les rangs de l'armée de Guerre de Corée pour rejoindre Cee, sa soeur malade, qui lui a écrit une lettre de détresse. Mais voyager dans l'Amérique ségrégationniste des années 50 n'est pas simple : alors il va être entraidé par sa communauté noire. On apprend même qu'un guide répertoriait même les lieux où les noirs avaient le droit de résider...

Sur son chemin, on apprendra leurs parcours, leur fuite de Lotus après une enfance très pauvre, sans amour, persécutée par une marâtre acariâtre. Puis c'est le moment du retour au village, bien mouvementé. L'expiation, le pardon, la sérénité...La morale est "Semons notre propre jardin..." après de multiples aventures et fautes. 

Un récit profondément humaniste, centré sur l'entraide et l'amour filial, qui joue involontairement, je pense, sur le jeu de mot "Home" et "Homme" : Morrison nous conte l'histoire d'un retour chez soi, à la maison, comme possibilité de rédemption des erreurs passées. Mais, grâce à ce retour chez soi, le personnage devient un homme, au sens noble du terme ; il est expié de ses péchés et trouve la sérénité, de même pour la soeur. Le récit commence et se termine d'ailleurs par le même genre d'assertion : "Ils se sont dressés comme des hommes" et "Ici se dresse un homme". Ou comment rapprocher l'anglais et le français...

On admire également la construction subtile du roman : le récit fait alterner la voix de l'auteur qui fait corps avec ses personnages, et la voix de Frank Money, qui nous livre ses souvenirs et qui admoneste l'auteur quant à sa capacité à dire la pauvreté, la souffrance et surtout les secrets de ce dernier...Un jeu habile sur la fausse omniscience de l'auteur...

Je m'attendais à une oeuvre beaucoup plus lyrique, plongeant corps et âme dans la souffrance. Au contraire, Morrison choisit la tempérance, la simplicité pour dire finalement le passage à la sérénité après des années d'errance. Une écriture qui semble dire constamment "Calmons nous, arrêtons nous là". Et c'est peut être ce qui m'a déstabilisée à la fermeture du livre. 

Mais en y repensant, on en sort comme détendu, apaisé. Quelque chose que je ne recherche pas forcément en littérature. Une expérience donc très particulière ..


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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 11:03

RENTREE LITTERAIRE 2012

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/5/9/5/9782330012595.gif

 

Editions Actes Sud

C'est l'un des grands romans de la rentrée, en lice pour le Prix Goncourt 2012. Le récit flamboyant d'un auteur encore assez confidentiel, Jérôme Ferrari, qui en est à son cinquième roman. 

Oubliez les récits nombrilistes français habituels : la plume f de Ferrari brasse les espaces temps en décrivant le microcosme d'un petit village corse sur trois générations à la lumière du Sermon sur la chute de Rome prononcé par Saint-Augustin suite à la chute de l'Empire Romain anéanti par les invasions barbares : "Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt". Il s'agit de décrire la naissance, l'apogée et la fin d'un monde, à la lumière de l'Histoire. 

Ce roman de 200 pages pourrait être un simple roman du terroir décrivant l'histoire d'une famille sur trois générations : un bar qu'il faut sauver à tout prix de la faillite, deux jeunes hommes, Libero et Mathieu, étudiants parisiens en philosophie, qui reviennent au pays pour justement sauver ce bar, en faire le meilleur des mondes. 

Mais il prend plus des allures de tragédie antique : une histoire de sexe et de sang, digne des Atrides. Dès le début, nous sentons que tout finira mal. Le récit fait alterner la vie de Marcel, le grand père né après 14/18, qui vivra la fin des mondes, en particulier celui de l'Empire Colonial Français et celle de son petit fils, Mathieu, à qui il donne son argent pour reprendre le bar du village. 

Mais le lieu se transforme bientôt en tripot : les deux hommes embauchent des filles qui sèment la zizanie et la mort et le meurtre rôde....Entre temps, la soeur de Mathieu, Aurélie, cherche à retrouver les ruines de l'Eglise d'Hippone en Algérie où Saint-Augustin a prononcé son sermon...

Ferrari mêle la petite à la grande histoire, le microcosme et le macrocosme. La décadence du bar fait écho à la fin du monde ancien suite à la Première Guerre Mondiale,à la déliquescence des empires coloniaux. 

Si le récit parvient à nous passionner, c'est grâce en premier lieu à une écriture flamboyante, incantatoire, tout en étant simple et fluide. Des phrases très longues, pouvant faire une page complète, mais où les virgules sont placées de telle manière à faire couler le texte très simplement. Une écriture telle une rivière tempétueuse, mais qui ne sort jamais vraiment de son lit, maniant avec brio toutes les métaphores liées aux humeurs et fluides du corps : en effet, les humeurs, les glaires, les vomissements, les sueurs ne font que dire la déchéance du corps humain, en même temps que celle des esprits et des mondes. 

Un récit incarné, qui dit aussi bien le corps et l'intime que l'abstraction, qui brasse les lieux et les temps. L'écriture contemporaine française est souvent aride : elle est ici passionnée, tragique tout en étant très simple. 

On regrette juste une fin assez abrupte, concise qui contraste avec l'impétuosité du récit. A découvrir. 

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 10:09

ETATS-UNIS -PREMIER ROMAN

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41+7uvnNh-L._SL500_AA300_.jpg

 

Editions Gallimard, Rentrée littéraire 2012

Voici un drôle de premier roman qui, sous ses allures fantasques de road movie, questionne avec intelligence l'identité américaine.

Pourquoi ai-je décidé de lire ce roman ? Tout d'abord parce l'héroïne Lucie est bibliothécaire ! Dans un village paumé du Michigan, à 26 ans, elle végète dans une vieille bibliothèque pour la jeunesse, alors que son père et ses ancêtres sont de valeureux révolutionnaires russes qui ont pris la fuite de leur pays, menacés par le pouvoir en place...

Elle vit si mal sa position qu'elle fait une irritation des cuisses dû au frottement de sa chaise ! Première qualité du roman : son humour, son second degré. 

Son quotidien va être bouleversé lorsqu'elle se prend d'affection pour le jeune Ian, féru de littérature mais dont les lectures sont fortement contrôlées par les parents appartenant à une scène evangéliste. Lorsque Lucie apprend que Ian assiste à une "rééducation spirituelle", le pasteur de la paroisse ayant décelé des "risques d'homosexualité", elle décide de partir au volant de sa voiture avec l'enfant. 

De Chicago à la frontière canadienne en passant par le Vermont, les deux compères vont partir à la découverte d'eux-mêmes. Une occasion pour Lucie de revisiter le passé de sa famille et de s'interroger sur l'identité américaine. 

Un roman très attachant qui, sous des allures humoristiques, fait un beau portrait réaliste de l'Amérique contemporaine. Extrémisme religieux et surtout besoin de s'expatrier...mais pour aller où ? Comme le dite le père de Lucie, y-a-t-il encore un lieu où fuir aux Etats-Unis ? 

C'est la question que pose intelligemment ce récit ; un moyen de revisiter de manière originale le mythe de l'émigrant américain. 

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 08:42

ITALIE - Rentrée littéraire 2012 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/FR/images_produits/FR/Fnac.com/Grandes110/0/3/8/9782221125830.gif

Editions Robert Laffont

Le fils prodigue des lettres italiennes montre toute l'étendue de son talent en signant un roman à l'opposé de son précédent opus. Nous l'avions quitté avec La fête du siècle, récit déjanté et tragi comique d'une fête de l'ère berlusconienne ; nous le retrouvons avec un huis-clos très intimiste de 150 pages où aucune phrase n'est superflue. 

L'histoire nous est racontée à la première personne par Lorenzo, enfant très solitaire et surdoué. Souffrant de narcissisme, il n'a de liens affectifs qu'avec sa proche famille. Mais pour survivre "en milieu hostile", à l'école, il adopte le "mimétisme batésien" qui fait qu'un animal proie adopte les comportements de l'espèce prédatrice pour survivre. Ainsi, parfois, il adopte les comportements de ses "semblables" : mêmes vêtements, pratique du football...

Mais tout ceci n'est qu'apparence. Un jour, lorsqu'il découvre que 4 de ces camarades partent au ski, il décide de faire croire à sa mère qu'il est lui aussi invité. En fait, il revient chez lui et s'enferme dans la cave pour être seul avec lui-même. 

C'est alors que surgit sa demi-soeur, Olivia, plus âgée que lui, anorexique et toxico...D'abord conflictuels, leurs rapports vont devenir plus subtils...

 Un  beau portrait de l'adolescence en crise ; les parents n'apparaissent qu'en toile de fonds, ne comprenant pas grand chose aux problèmes de leurs enfants. 

L'auteur offre uniquement le regard des adolescents ce qui rend le récit d'autant plus fort. Ce qui étonne dans ce récit, c'est la simplicité de la phrase, l'extrême ténuité de la narration : pas un mot de trop, tout est dans la parole ou le ressenti des personnages. Cela n'en fait qu'en ressortir la vraisemblance, comme dans un journal intime. 

On attend avec impatience la sortie de l'adaptation cinématographique de Bertolucci, présentée à Cannes cette année. 


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