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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 15:08

Editions du Rouergue

L'or du temps

Collection "La Brune", 2006

Premier livre lu de Claudie Gallay, que j'ai voulu découvrir par un titre moins connu que Les déferlantes. Une histoire attachante, qui pourrait être merveilleuse, mais à laquelle je n'ai pas tout à fait adhéré.

Tout d'abord, le style très elliptique, les phrases très courtes du genre sujet, verbe, complément. C'est d'abord cela qui m'a gênée ! Moi qui aime le phrasé poétique, plus lyrique à la Sylvie Germain, j'ai été désarçonnée ! Je veux bien être une adepte de la ténuité, mais, là, c'est un peu trop pour moi. Une langue trop peu littéraire, trop simple.

Du point de vue de l'histoire, c'est sûr qu'il y a beaucoup de sensibilité mais là encore, on peine à y croire. Un père de famille, en vacances sur la côte normande, quitte tous les soirs femme et filles, pour aller discuter dans une vieille maison en compagnie de son étrange propriétaire, Alice, une vieille dame au passé très riche.

Alors que le jeune père de famille, dont nous ne saurons jamais le nom, raccompagne la vieille Alice chez elle pour l'aider à porter ses sacs de course, il découvre chez elle de mystérieuses statues indiennes, les Kachinas. Etant familiarisé avec l'histoire de l'Art, il reconnaît des statuettes rituelles des indiens Hopi. La vieille dame va lui raconter alors, par petites touches, son passé et ses secrets, son enfance en compagnie de son père, photographe aventurier, proche d'André Breton. Ensemble, ils vont découvrir la culture hopi, ses rituels religieux, ses masques, ses statuettes qui sont normalement interdites aux Blancs. Pour les peintres et les écrivains surréalistes, cet art est la beauté qu'il faut s'arracher à tout prix. C'est l'ailleurs, cet "or du temps", célébré sur l'épitaphe de la tombe d'André Breton.

Petit à petit, alors que le jeune homme s'éloigne de sa famille, il dialogue avec la vieille femme qui lui révèle son enfance et ses secrets. Ces rapports intergénérationnels sont émouvants ; la famille de l'homme et la soeur d'Alice sont réduits en arrière-plan quasiment à l'état de fantômes.

Claudie Gallay aurait certes pu faire un chef d'oeuvre de sensibilité. On apprécie une connaissance  des surréalistes et des hopis mais tout paraît cousu de bric et de broc. Cela me paraît bien artificiel pou y croire.

Je vais à l'encontre des critiques toutes favorables mais je vais lire Seul Venise pour tenter d'avoir un second avis !

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 14:22

CONTE INITIATIQUE

La citadelle des neiges

Nils Editions, 2005

On connaît l'itinéraire fascinant de Matthieu Ricard : fils de l'académicien philosophe Jean-François Revel, docteur en biologie moléculaire, il découvre le bouddhisme à la fin des années 60. Il se "convertit" moine et devient un spécialiste mondial du bouddhisme ; il accompagne fréquemment le Dalaï-Lama dans ses voyages, en qualité d'interprète.

A travers ce conte, se déroulant au Bouthan, il nous fait découvrir l'itinéraire de Detchen, un enfant qui sent en lui l'appel spirituel. Quittant le village rural de ses parents, il est accompagné par son oncle jusqu'à la Citadelle des neiges où réside une communauté d'ermites, avec à leur tête le grand maître Tokden Rinpoché, le "Précieux", titre le plus honorifique de la religion  bouddhiste, qui désigne une personne reconnue comme réincarnation de maîtres spirituels renommés ou un maître qui a atteint un haut degré spirituel dans cette vie. Les Tibétains appellent le Dalaï Lama : Gyalwa Rinpoché, "Précieux Vainqueur".
Il découvre alors les grands principes du bouddhisme : refus de l'attachement, sagesse et compassion, samsara et nirvana, l'éveil.

Le discours très simple du grand maître s'adresse bien sûr autant au jeune garçon qu'au lecteur mais évite tout prosélytisme ; il s'agit d'énoncer, de faire partager des grands principes universels dans lesquels chacun peut se reconnaître.

Une introduction aux principes du bouddhisme qui nous fait découvrir en même temps la vie très rustique des Bouthanais. Matthieu Ricard n'hésite pas à pointer du doigt quelques tares du "samsara", l'existence terrestre, comme par exemple l'alcoolisme dans les villages montagnards. A noter aussi l'importance donnée aux femmes dans la religion bouddhiste : une femme peut devenir ermite pour fuir la rudesse de la vie montagnarde, le fondateur du bouddhisme tantrique, Padmasambhava, avait une compagne, elle-même ermite dans une grotte.

Un conte très simple qui tend parfois vers le merveilleux, comme par exemple lors de la mort du grand-maître qui se "volatilise", qui devient "un Corps arc-en-ciel".



Ce conte ne donne qu'une envie : découvrir plus profondément le bouddhisme. A noter qu'une excellence exposition se tenant en ce moment au Musée Guimet "Au pays du dragon : arts sacrés du Bouthan" nous permet de découvrir cette civilisation. A voir

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 11:50

ARMENIE- 1880



Editions Bleu autour, 2008

Raffi, de son vrai nom Hakob MéliK Hakobian (1835-1888) est l'un des principaux artisans de la renaissance littéraire arménienne au XIXème siècle. Son oeuvre prolifique, surtout constituée de romans historiques qui regorgent de détails sur les modes de vie, fruits d'une recherche approfondie sur le terrain, a contribué à façonner l'identité et la mémoire arménienne. Un journaliste de La quinzaine littérairel'a qualifié de "Dumas d'Arménie".

Le fou est son roman le plus connu. Ayant pour sous-titre "Conséquences tragiques de la guerre russo-turque de 1877 à 1878 en Arménie", ce roman est paru sous forme de feuilleton dans une revue nationale en 1880. La description des événements et des modes de vie et le reportage journalistique n'enlèvent rien à la qualité romanesque du récit : chapitres courts qui se focalisent sur un événement ou un personnage, puis on passe ensuite à un autre chapitre qui décrit les actions d'un autre personnage au même moment. Les personnages ont une épaisseur psychologique indéniable et Raffi, malgré un Darwinisme social clairement affiché, évite tout manichéisme.

Pendant que le sage réfléchit,
le fou traversa la rivière.

Du fou juste est la réponse


Ce proverbe arménien, cité en exergue, illustre le propos du roman et la thèse défendue par l'auteur : menacé par les "réveils nationaux", l'Empire Ottoman, attaqué par la Russie, souhaitant soutenir les populations chrétiennes, spolie et massacre la communauté arménienne. Cette dernière doit répondre au glaive par le glaive, sinon elle sera anéantie. Raffi prêche donc pour un réveil national, une prise des armes au lieu de la traditionnelle soumission bienveillante. A cette époque, les nationalistes qui refusent la soumission sont traités de fous. Le fou est celui qui refuse le joug ottoman. L'Histoire lui donnera raison...Mais les campagnes arméniennes ne semblent pas être encore prêtes...
Ce chef d'oeuvre prophétique, aux allures de mise en garde, annonce plus de trente ans plus tard le génocide qui fera 1,5 millions de morts.
Même contexte : combats russo-turcs, communauté arménienne prise en étau...
Il permet au public européen de comprendre la situation géopolitique de l'Anatolie à la fin du XIXe siècle : ingérence des européens dans la fameuse "question d'Orient", relations entre les différents minorités...

Raffi nous fait découvrir le fonctionnement des communautés arméniennes : société essentiellement agraire des montagnes, toute puissance, corruption et obscurantisme de l'Eglise, communauté divisée entre l'élite stambouliote qui ignore les sociétés agraires alors qu'elles auraient besoin d'écoles, élites locales qui collaborent par intérêt avec les turcs. Raffi évite donc tout manichéisme ; il condamne aussi fortement le manque d'unité des arméniens,  ce qui les conduira à leur perte.

Trois forces en présence donc : les turcs, les arméniens et les tribus nomades kurdes, qui enlèvent les jeunes chrétiennes pour les convertir à l'islam et qui volent les produits de l'agriculture arménienne ; les turcs s'appuient sur eux pour terroriser les arméniens.

A partir de ce contexte, une intrigue palpitante, éminemment romanesque : nous sommes en pleine guerre russo-turque, dans une zone frontalière. La village d'O... est le théâtre de tractations sordides entre arméniens, turcs et kurdes. Raffi nous présente une famille arménienne vivant dans le bonheur ; le patriarche est maire du village ; père de cinq fils, il cache un lourd secret : son dernier fils est en fait une fille qu'il cache pour la protéger des kurdes et éviter qu'un ancien drame familial se reproduise à nouveau ; sa fille s'est suicidée après avoir été enlevée...Mais le secret a été dévoilé par le curé...

La jeune Lala est convoitée par le chef de la tribu kurde et par Thomas Effendi, le collecteur des impôts, arménien qui collabore avec les turcs.
Katcho, le mère, va abriter sous son toit un jeune nationaliste arménien, ami de Vartan, le contrebandier amoureux de Lala...
Convoitée par trois hommes, Lala va déclencher à son insue un cataclysme dans la petite communauté villageoise. Au coeur de la guerre russo-
turque, les intrigues politico-amoureuses vont envenimer les choses...

Il est vrai que l'on peut sans problèmes comparer Raffi à Alexandre Dumas : ce roman est une épopée follement romanesque mêlant l'amour à la politique ; l'intrigue est bien rythmée, scandée en cours chapitres. Aucun temps mort, le lecteur est happé par l'action. Les personnages sont très bien campés : Vartan, le fou, jeune aventurier nationaliste impétueux, souhaitant régler leurs comptes aux turcs, Katcho, le vieux maire attentiste, chantre de la passivité, le machiavélique Thomas Effendi, prêt à toutes les manigances, qui commettra des folies par amour, les fières femmes kurdes, les farouches femmes arméniennes....Moines, caravaniers, contrebandiers...Les seconds rôles sont nombreux et tout aussi intéressants.

Un document historique doublé d'une magnifique intrigue romanesque. A découvrir ! Chef d'oeuvre trop méconnu ...


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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 16:39


Recueil de textes de Turquie et d'Asie Mineure...et au delà !

Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja

Editions Phébus, "Libretto", 2002

Nasr Eddin Hodja est un héros du monde musulman aussi mythique que des grands mythes européens tels Polichinelle, Don Quichotte ou Don Juan.

Ce facétieux aurait vécu en Turquie au XIIIe siècle ; on peut même y visiter sa tombe ...vide. A préciser également qu'il aurait été bouffon de Tamerlan au XVe siècle. Pur anachronisme ! Qu'à cela ne tienne, on le retrouve dans de nombreuses histoires en train de ridiculiser ou de tenir tête au grand conquérant.

Ses aventures sont connues dans tout l'ex Empire Ottoman et au-delà : Turquie, Arménie, Serbie, Bulgarie, Chine, Inde, Crimée...Ses histoires sans queue ni tête ont circulé par la voix des conteurs sur la route de la soie.

Le traducteur Jean-Louis Maunoury a compilé plus de 500 histoires en leur rendant toute leur saveur, souvent bien scabreuse !

Toutes ces histoires, pas plus longues de 10 ou 15 lignes sont toutes construites de la même manière : une situation initiale, tirée de la vie quotidienne, un dialogue qui s'engage avec une connaissance : sa femme, un voisin, un juge, l'iman, un maître d'école et qui le met en contradiction ; enfin, la chute, innatendue, la réponse à tout de Nasr Eddin, souvent un gros éclat de rire provoqué par son irrévérence, ses blasphèmes, son sens de l'absurde et son irrespect de la non-contradiction.

Nasr Eddin renverse tous nos principes logiques et notre réputé bon sens. Alors, idiot ou summum de l'intelligence ?

Non seulement, notre drôle de héros se moque des institutions politiques et religieuses ( l'Islam en prend pour son grade !) mais aussi de la sacro- sainte rationalité cartésienne ! Mais les critiques affirment que le champion de l'absurde et de l'idiotie révélerait au contraire la vérité cachée derrière la tromperie des apparences. Ainsi, les sages soufis se sont réclamés à plusieurs reprises des farces de Nasr Eddin ; l'absurde, le refus du sérieux, voire le scandale seraient beaucoup plus enclins à nous faire parvenir vers la voix divine que la bigoterie vaine et idiote. D'ailleurs Nasr Eddin signifie "Gloire à la religion !" ; il ne s'agit pas d'une antiphrase mais au contraire d'un chemin autre pour parvenir à la vérité suprême.

L'idiotie aurait donc cette caractéristique de ne pas s'en tenir à la simplicité apparente des choses. Ne serait-ce pas au contraire les adeptes de la banalité et de la raison raisonnante les idiots ?

Nasr Eddin est le chantre du renversement des valeurs et du bon sens. Ayant réponse à tout, il ridiculise les femmes, les imans, les intellectuels. Symbole de l'irrévérence, il est tour à tour rusé, idiot, vicieux, trompeur ou scatologique.

Pour découvrir ce héros de la littérature arabe orale, je vous conseille de "piocher" de temps en temps dans ce gros livre de 600 pages : 10 lignes au hasard, en lecture solitaire ou orale, c'est du pur plaisir !

Un florilège...

Un jour, on vient en consultation juridique demander à Nasr Eddin :
-Si l'imam lâche un pet, à la mosquée, que doivent faire les fidèles ?
-Ce qu'ils doivent faire est évident, aller chier.

Cela fait un bon mois que Nasr Eddin est parti est parti pour la capitale. Il rentre enfin chez lui, et l'on se presse pour l'interroger : qu'a-t-il vu ? qu'a-t-il fait ? Il doit avoir tant de
merveilles à raconter !
-Laissez-moi d'abord vous annoncer la nouvelle la plus importante, laisse-t-il tomber du haut de son âne : le sultan m'a parlé.
-Comment, le sultan t'a parlé, à toi, personnellement !
-C'est comme je vous dis : le sultan, en personne, à moi Nasr Eddin
Une ovation s'élève alors dans la foule
-
Gloire à Nasr Eddin, gloire à notre Hodja ! Le sultan lui a parlé !
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre : le sultan a parlé
à Nasr Eddin qui m'aura pas manqué à son tour de lui parler de sa petite patrie. La renommée d'Akshéhir est faite, les bienfaits vont affluer, toutes sortes de franchises et de subsides.
Une fête est organisée, une grande fête où l'on égorge plus de moutons qu'on en consomme d'ordinaire en une année entière.
Au milieu des réjouissances, un enfant s'approche de Nasr Eddin et, le tirant à l'écart, lui pose la
question :
-Que t'a dit le sultan quand il t'a parlé ?Raconte moi...
-Je l'ai vu sortir de son palais, entouré de ses gardes. Alors, j'ai couru, j'ai écarté les soldats sans même leur laisser le temps de réagir et je me suis retrouvé face à lui, tout prês, comme nous deux là, maintenant.
-Ah bon ! Et c'est là qu'il t'a parlé ?
-Oui, c'est à ce moment là.

-Et que t'a-t-il dit ?
-Ote-toi de là, misérable !"

-Nasr Eddin et son ahmad se sont mis de grand matin en route pour un voyage de plusieurs jours. Le soir est arrivé et, après s'être acquittés de la cinquième prière, ils s'apprêtent à passer la nuit à la belle étoile.
-Dis-moi, demande le Hodja, à qui as-tu confié ta femme pendant ton absence ?
-Elle est entre de bonnes mains, maître, je l'ai mise sous la protection d'Allah
-Alors, tu peux être tranquille : s'Il fornique avec elle toute la sainte journée, personne n'en saura jamais rien.

Pour en savoir plus, aller sur le site
http://ahama.9online.fr/histoires.htm : les histoires y sont classées par thèmes. Bonne lecture !


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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 15:50

Je vous souhaite une très bonne année 2010 riche en découvertes littéraires !

Un petit retour sur mes lectures de l'année 2009 :

C'est plutôt du côté des classiques du 20e siècle et de la littérature étrangère d'aujourd'hui que se portent mes plus beaux souvenirs.

Pas de grosses découvertes en contemporains français ; en 2008, j'avais été enthousiasmée par Emmanuelle Pagano. Je viens d'emprunter deux romans de Claudie Gallay, l'auteur des déferlantes. Critiques et public enthousiastes, peut-être un futur coup de coeur...

Du côté des grands classiques donc, de merveilleux souvenirs avec :

La chouette aveugle de Sadeg Hedayat

La chouette aveugle

Ce chef d'oeuvre iranien des années 30, première oeuvre en prose de ce pays, aux accents surréalistes. Un véritable chef d'oeuvre trop méconnu.

Les récits de voyage de Nicolas Bouvier




L'usage du monde : plus qu'un récit de voyage, une leçon de vie dans les steppes de l'Asie centrale.

Le premier amour de Sandor Marai



La première oeuvre du grand classique hongrois. Le portrait tragique d'un vieux célibataire en mal d'amour

La découverte des récits de Paul Nizon, cet auteur suisse allemand, qui se dit "autofictionnaire"



Enfin, un petit bijou découvert récemment, Le pain des rêves de Louis Guilloux



Du côté de la littérature étrangère contemporaine :

Coup de projecteur sur l'auteur turque Elif Shafak, avec La bâtarde d'Istanbul et Lait noir.





Un magnifique conte oriental doublé d'une fine analyse géopolitique de l'Asie centrale avec La vaine attente de l'anglo-pakistanais  Nadeem Aslam.



Enfin, un auteur américain, l'atypique Scott Heim avec Nous disparaissons,récit à la fois féerique et morbide.

Nous disparaissons

Et vous, quel est votre cru 2009 ?

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 12:37
JAPON - XI e siècle




















Editions Alternatives/ Publications orientalistes de France , collection "Grand Pollen", 1998

Coup de projecteur sur des éditions assez rares que vous pourrez trouver dans les bonnes librairies ou bibliothèques : celles-ci présentent des textes anciens de référence, illustrés par des peintures et des calligraphies.

On doit ici la traduction à René Sieffert, grand spécialiste de la littérature japonaise classique.
Les calligraphies illustrent des épisodes ou des ressentis des personnages.

Cette édition présente un épisode central du Dit de Genji, premier roman de la littérature mondiale, écrit au début du XIe siècle par Murasaki Shikibu, dame d'honneur de l'Impératrice du Japon. Elle y raconte les intrigues politico-amoureuses de la Cour en insistant sur l'analyse psychologique, le ressenti, les impressions des personnages. Les intrigues se déroulent sur soixante-dix ans et sont centrées sur la figure du Genji, fils de l'avant dernier souverain, écarté du pouvoir puis rappelé comme "guide spirituel" : La branche du prunier ,épisode central, nous raconte comment il va introduire sa fille "mal née" (d'une favorite) dans la Cour pour la marier au Prince héritier.

Le récit de La branche du prunier se déroule de la naissance du bébé jusqu'à son entrée au palais...




L'occasion de découvrir les coulisses de l'éducation d'une jeune fille, son apprentissage des arts, la calligraphie, la peinture, la musique et les activités féminines telles la préparation de parfums.

Mais le plus intéressant est sans nul doute la fine analyse des sentiments, des états d'âme des personnages ; les poèmes, tels des haïkus, décrivent avec finesse et élégance la fêlure, le chagrin, l'attente ; les personnages sont des éléments de la nature tels des saules, des rossignols ou le vent :

J'ai céans vécu
automne qui se suivant
s'en vont et s'en viennent
Ah faut-il que me ramène
bois flottant au gré des vagues

Je vous attendais me fiant à vos serments
de ne varier
et mes sanglots j'ai mêlés
au bruit du vent dans les sapins Séparée de force
de la jeune pousse de pin
au destin lointain
un jour me sera-t-il donné
d'en voir l'ombrage altier

Malgré les années
qui loin d'elle ont coulé
rossignol peut-il
du pin qui vit son essor
les racines oublier

L'un des thèmes récurrents, le temps qui passe, symbole de l'instant fugitif symbolisé par les estampes, ces images du monde flottant.

Un beau cadeau de Noël pour les amoureux de la culture japonaise.

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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 12:24

Manga

Cinderalla

IMHO Editions,
2004

La semaine dernière, je vous présentais Pure transe, du même auteur féminin. Cinderalla, première oeuvre publiée en France, est le détournement du célèbre conte Cendrillon, version à la fois mignonne (le célèbre "kawai" japonais), psychédélique et grotesque.

Imaginez un manga tout en couleur, à dominante rose et vert, avec toujours ces personnages en forme de poupées gonflables, de princesses modernes.
Voyez maintenant Cendrillon tenant un restaurant de brochettes au poulet avec son papa, à la sauce barbecue légendaire.


Mais il se trouve que la papa meurt d'une indigestion pour avoir trop mangé et que la pauvre Cinderalla se retrouve toute seule à gérer le resto.





Pas pour longtemps car le Papa devient un gros zombie vert sortant tout les soirs du cimetière avec ses nouvelles fiancées très gloutonnes ! Tous les soirs, tels des vampires très gloutons, ils investissent le restaurant. Cinderalla se met au service de ces clients pas comme les autres...

 

Un soir, elle rencontre un joli prince qui est lui aussi un zombie ! Pour se rendre à sa fête, elle doit elle aussi se transformer en zombie...Elle demande l'aide d'une fée apprentie qu'elle a recueilli...Elle danse avec le prince mais lorsqu'elle s'enfuit, elle perd un oeil !!!

Voici le début des aventures rocambolesques de Cendrillon revue à la sauce pop !
On accroche ou pas, là n'est pas le problème !

Reconnaissons à Junko Mizuno, plutôt illustratrice que mangaka, un talent certain pour créer des univers complètement décalés. Sous des allures de dessins enfantins, Mizuno décrit une société malade, psychédélique et non dénuée d'humour !

Au Japon, le manga féminin est surtout tourné vers l'introspection. Avec cet univers original, Mizuno a su créer sa patte ! Le prouve toute la série de produits dérivés tels des teeshirts et figurines de toutes sortes...

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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 11:29

EGYPTE

Le Livre des jours


Editions Gallimard "L'imaginaire", écrit en 1929

Taha Hussein (1889-1973) , surnommé le "doyen des lettres arabes"est le plus grand auteur égyptien du 20e siècle. On lui doit la modernisation de la littérature arabe : emploi d'une langue débarrassée des fioritures (Taha Hussein, aveugle, dicte ses livres à sa fille), prégnance de l'écrit autobiographique. 

Ce fut un intellectuel, une personnalité publique de premier plan :  professeur de littérature arabe à la faculté des lettres du Caire, doyen de cette faculté, premier recteur de l'Université d'
Alexandrie, créée par lui en 1942, contrôleur général de la culture, conseiller technique, sous-secrétaire d'État au ministère de l'Instruction Publique, puis finalement ministre de l'Education Nationale.
Il rénova en profondeur l'enseignement égyptien, n'hésitant pas à mettre en doute l'authenticité des textes pré islamiques.

Son texte le plus connu Le livre des jours, est étudié en classe en Egypte. A noter qu'il a été expurgé il n'y a pas si longtemps des passages les plus irrévérencieux sur l'hypocrisie des professeurs.

Il faut dire que ce livre est d'une rare modernité ; préfacé par André Gide, ce récit autobiographique écrit à la troisième personne relate le passage de l'ombre vers la lumière du grand écrivain ; né dans une famille pauvre de la Moyenne-Egypte, devenu aveugle à l'âge de 3 ans, Taha Hussein apprend par coeur Le coran à l'âge de 9 ans. Tout jeune, accompagné de son frère aine, il intégrera la grande Université du Caire, El Azhar, afin de devenir religieux. Mais la force de caractère de l'enfant en décidera autrement : son livre décrit sa solitude au sein d'un monde professoral jugé inculte et hypocrite, aux méthodes désuètes et inefficaces. C'est la rencontre avec un professeur de littérature qui modifiera la trajectoire du jeune Hussein.

Refusant tout misérabilisme, le récit est écrit dans une langue simple et distanciée.
Employant le "Il", Hussein évite tout sentimentalisme. On ne devine après coup, à la moitié du livre, qu'il raconte en fait son histoire à sa fille et à son fils...mais sous la forme d'une histoire et non de souvenirs.

Un univers très intéressant mais forcément un peu obsolète : le lecteur a tendance à décrocher avec toutes ces références d'auteurs arabes. De même, pour l'apprentissage du Coran. Mais on se dit qu'après tout, dans le monde musulman, l'enseignement religieux n'a pas dû forcément évoluer...Pas si désuet que ça...

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 20:51

OMRI TEG'AMLAK AVERA

Actes Sud, 2009



1er livre écrit en hébreu par un éthiopien "falasha"

Ce roman original est intéressant à plus d'un titre ; il traite d'un thème peu exploré par la littérature hébraïque, le retour des Juifs d'Ethiopie dans l'Etat d'Israël dans les années 80. Le récit oscille toujours entre conte initiatique africain, récit biblique et docu fiction sur le peuple méconnu des falashas, ces juifs africains qui après deux millénaires d'exil souhaitèrent réintégrer la Terre Sainte.

L'Ethiopie est un royaume à l'histoire fabuleuse : c'est le pays de la Reine de Saba qui eut un enfant du Roi Salomon prénommé Ménélik; C'est à lui que l'on doit dans la Bible d'avoir préservé l'Arche de l'Alliance après les invasions babyloniennes de Nabuchodonosor. Ainsi, l'arche mythique serait cachée dans une grotte d'Ethiopie. Et après l'invasion babylonienne, une partie du peuple juif, avec le prophète Jérémie, aurait  trouvé refuge en Ethiopie.

L'Ethiopie, royaume copte, est aussi le premier pays chrétien d'Afrique.

Ces falashas ("exilés" en langue guèze) furent sous le feu des projecteurs lorsque la guerre civile et la famine poussèrent des milliers de felashas à émigrer vers Israël, en traversant le désert soudanais. C'est le sujet du merveilleux film Va, vis et deviens.

Ce roman est l'histoire du jeune Petgu, enfant des montagnes d'Ethiopie, berger gardant ses chèvres sur les pâturages verdoyants de son pays. Sa grand-mère l'initie à "la langue du silence de Dieu" ; il doit tuer son orgueil pour arriver à s'unir avec l'univers, à comprendre le langage des arbres et des animaux. C'est ainsi qu'il verra l'Asteraï, l'oiseau mythique des falashas, l'oiseau noir au bec orange qui guida les juifs vers l'Ethiopie et qui est appelé à refaire le chemin inverse pour assurer le retour à la Terre promise...

Le petit Petgu apprend, se purifie dans la rivière, jusqu'au jour, où effectivement, il entend la voix du silence.
Il est alors temps de prendre le chemin, en famille, d'Israël. Mais c'est une marche de la faim et de la mort qui les attend dans le désert soudanais. Puis, à l'arrivée à Jérusalem, le rejet de la communauté blanche qui refuse leur judéité.
Petgu sombrera alors dans l'amertume et la violence au point de ne plus entendre la voix du silence...Jusqu'au jour où il retrouvera au fond d'une boite le sac de grain qu'il avait recueilli en Ethiopie...

Ce récit initiatique est vraiment à mi-chemin entre deux cultures : on retrouve le conte africain où on lutte contre les esprits, où les ancêtres jouent un rôle prépondérant. Puis il y a aussi toute une influence biblique, la quête de la terre promise, avec en conclusion, le récit des origines de ce peuple.
Mais ce récit spirituel est au dessus de toute religion : c'est d'abord et surtout la défense de toute la culture d'un peuple méconnu, de ses particularités au sein d'une communauté religieuse mondialisée. A travers le conte métaphorique du lion sans crinière et sans croc, l'auteur défend la survie de toute culture qui soit, quelque soit l'importance de la communauté.

Instructif, original et envoûtant.

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 22:24

Nouvelles gourmandes...

Soulfood equatoriale

NiL éditions "Exquis d'écrivains", 2009

Coup de projecteur sur une collection originale, où les écrivains d'aujourd'hui écrivent sur leurs plaisirs gourmands.

Entre humour et gravité, Léonora Miano, a choisit d'évoquer son Cameroun natal et sa gastronomie. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un simple guide gastronomique ! En de courtes nouvelles, chacune consacrée à un plat ou à un met typique, il s'agit d'évoquer la terre natale, ses souvenirs d'enfance mais aussi l'essence même du pays et son origine. Ainsi, nous apprenons que le Cameroun a été baptisé ainsi par les Portugais au XVe siècle, c'est "le fleuve des écrevisses" qui pullulent à l'embouchure du fleuve.

Léonora Miano en profite pour déclarer que la cuisine africaine est composite et multiculturelle, grâce au brassage du commerce triangulaire. Ainsi, elle épingle le cliché du noir mangeur de manioc, ce met étant originaire d'Amazonie, importé par les Portugais. De même, les haricots rouges venant d'Amérique. L'occasion d'évoquer les thèmes chers à l'écrivain, celui de l'esclavage comme première mondialisation.

Une gastronomie suscitant la nostalgie (la première chasse à la sauterelle) et révélatrice de toute l'histoire d'un pays et son identité.

L'auteur exalte les saveurs exotiques (piments, gombos, gingembres, écrevisses, morues....) en évitant la "dérive guide touristique" ; la gastronomie est ici le moteur de scénettes douces amères, souvent humoristiques, rarement tragiques (une seule nouvelle évoque la faim à travers un petit garçon qui vole un avocat sur le marché).

Les plats sont des révélateurs de l'âme ; ainsi, les femmes n'hésitent pas à demander à leurs prétendants de leur préparer un plat pour découvrir leur véritable nature. Le repas est vu comme un révélateur de l'âme, de l'individu ou d'un pays.

Un recueil oh combien instructif et divertissant ! Un sandwich saxophoniste qui joue de la musique avec les intestins, un pêcheur d'écrevisses envoûté...et surtout un écrivain faisant découvrir avec malice la richesse méconnue de son pays.

Revigorant !

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