James Baldwin (1923-1987) est le plus grand écrivain noir américain avec Richard Wright. Ayant vécu longtemps en France, on lui doit beaucoup de chefs d'oeuvre qui sont autant une réflexion sur la communauté noire que sur le destin de l'homme moderne (notamment l'homosexualité). Il s'est ardemment batuu pour la reconnaissance des droits civiques aux Etats-unis.
Harlem Quartet, son dernier roman, est une véritable chef d'oeuvre d'émotion. La violence est tempérée par une immense tendresse et une compassion pour les êtres humains.
Ce roman retrace l'histoire de la vie de quatre noirs de Harlem (deux frères et une soeur et un frère) qui se sont connus enfants dans le ghetto. Hall, le narrateur, prend la plume après la mort de son petit frère Arthur. Tout en criant sa douleur, il se souvient....
A Harlem dans les années 50, la famille Miller élève ses deux fils ; alors que Hall s'apprête à partir pour la guerre de Corée, Arthur se prend de passion pour le gospel et chante dans les églises.
Cette famille fait la connaissance de Julia, une petit fille évangéliste qui prêche à l'Eglise et qui refuse de faire soigner sa mère malade ; Julia est l'ange de la famille alors que le petit frère Jimmy vit sous l'emprise de sa soeur. Mais un drame va se nouer qui changera à jamais le destin des personnages....
Puis vient l'adolescence et les doutes de l'âge adulte.
Religiosité à travers les évangélistes, chants de gospel à la gloire de Dieu, émergence des droits civiques sont présents et offre ainsi une multiplicité d'approche de la culture noire américaine. Le titre évoque certes le groupe que fonde Arthur mais aussi les liens indéfectibles qui uniront pour la vie Hall, Arthur, Julia et Jimmy.
La violence et le sexe sont très présents ; Baldwin évoque d'une manière très lyrique et poétiques des scènes sexuelles ; il est le premier écrivain noir à évoquer le thème de l'homosexualité d'une manière très passionnelle mais aussi très culpabilisante. Le regard des autres et aussi la peur du jugement de la famille est très présente. Au centre de tout, il y a cet amour qu'éprouve Hall pour son frère et son désespoir de ne pas avoir pu le sauver.
La violence est également présente dans le destin atroce de Julia subissant l'inceste de son père alcoolique. Mais cette violence est ranscendée par une tendresse, un lyrisme estraordonaire qui transparaissent dans les chants de gospel et dans les chants d'amour de Hall et du couple homosexuel.
Si la défense des droits civiques et la colère contre les blancs est bien présente sos forme de cri, elle n'enlève rien à l'atmosphère poétique générale qui règne sur le roman. Un grand récit sur la destinée humaine.