ANGLETERRE-1813
Editions 10/18 ou Serpent à plumes
Et moi qui a priori n'ai pas de penchant pour la littérature romanesque anglaise ! Que des préjugés décidément !
C'est avec délice que j'ai lu ce merveilleux classique. Ce roman a été remis au goût du jour avec l'adaptation cinématographique en 2006. Romanesque à souhait et humoristique par dessus le marché !
Nous sommes dans la bonne société provinciale de l'Angleterre de la fin du XVIIIe siècle. Jane Austen nous présente la famille Bennet et leur cinq filles à marier...mais rien n'est facile lorsque l'on a été déshérité et que l'on a une faible dot.
Toujours est-il que Mrs Bennet est toute "excitée" lorsqu'elle apprend que Bingley, un jeune, beau et riche héritier va s'installer non loin de la propriété familiale.
Lors du bal de présentation, Bingley tombe sous le charme de Jane, l'aînée. Quant à Elisabeth, la deuxième fille, elle refuse l'invitation à danser de Darcy, l'ami de Bingley car il l'a à peine regardée le premier soir.
Elle le trouve trop orgueilleux ; son opinion est confirmée par un dénommé Wickman, un bel officier qui lui fait la cours. Il lui dit alors sur son compte des choses peu recommendables...
Alors qu'Elisabeth, la timorée, la raisonnable, la méfiante, persiste à mépriser Darcy, Jane tombe amoureuse de Bingley, mais trop timide, n'ose pas le lui montrer.
Et c'est là que de multiples péripéties arrivent ! Des refus de mariage, des mariages inattendus, forcés, d'amour, de convenance...toujours et toujours des mariages et bien sûr des obstacles de taille aux différentes noces !
Car dans l'Angleterre guindée de cette époque, il y a plusieurs types d'ostacles au mariage : les différences de fortune, les beaux parents et les beaux frères et soeurs qui ne font pas l'affaire, un prétendant trop niais mais aussi les deux prétendants eux mêmes !
Orgueil et préjugés désignent en fait les deux obstacles qui font que deux êtres a priori faits pour s'entendre vont avoir une mauvaise opinion l'un de l'autre parce ce qu'ils s'en tiennent à leurs premiers préjugés. Elisabeth, par orgueil, décide de rester sur sa première impression qui lui a fait dire que Darcy était prétencieux et froid. Et si Darcy était vraiment amoureux d'elle ? Si c'était un homme bon malgré les apparences ?
Si les usages de la société leurs jouent des tours, c'est avant tout les quiprocos, les préjugés, les erreurs de jugement qui retardent les mariages ! Et Darcy et Elisabeth sont vraiment un couple charmant !
Jane Austen écrit un roman féministe avant la lettre ; Elisabeth Bennet est une femme en avance sur son temps qui refuse la béatitude, les simagrées des jeunes filles de l'époque devant leurs prétendants. Franche, elle préfère refuser le mariage à un homme qu'elle trouve sot même s'il est très riche. Elle défie père, mère et autres personnages de haute bourgeoisie pour ne pas renier ses principes.
Un beau portrait de femme forte qui contraste avec les autres figures féminines du roman ; sa mère est sotte et ses plus jeunes soeurs ne cherchent qu'à parader devant les jeunes soldats de la garnison !
On rit vraiment dans ce roman ! On rit des portraits à charge des filles qui se pavanent devant les hommes et de la mère qui passe de l'exaltation outrée aux larmes....Austen caricature avec brio cette bourgeoisie étriquée et sotte, pétrie de grands principes .
Je m'attendais à lire un roman de moeurs un peu démodé. J'ai découvert une oeuvre fraîche, ironique, mordante, romanesque à souhait aux dialogues percutants.
Jane Austen manie la réplique avec talent et est maître dans l'art du portrait, psychologique ou à charge.
A lire de toute urgence si ce n'est déja fait !