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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 20:02

  JAPON

 

Le Restaurant de l'amour retrouvé de OGAWA Ito

Editions Picquier, 2013

 

Voici un délicieux roman dans la plus pure tradition japonaise mais qui nous réserve en fait bien des surprises. De la déicatesse, un brin de fantaisie et une belle réflexion sur le lien tissé entre les êtres.

 

Tout commence de manière insolite. Rinco, restauratrice, rentre chez elle un soir...son fiancé indien a disparu en emmenant tout ! Meubles, ustensiles de cuisine....il n'y a que la marmite de saumure héritée de sa grand-mère qui est restée sur place ! Abasourdie par cette disparition, la jeune Rinco en perd la parole...et se réfugie chez sa mère dans un village isolée dans la montagne japonaise.

 

Et nous voila immergé dans un univers poétique et insolite. un village hors du temps où sa mère tient un bar appelé Amour...Cette dernière lui offre le gite à condition qu'elle accepte de nourrir Hermès... la truie !!!

Rinco, toujours muette, va alors se consacrer à sa passion en ouvrant un restaurant qu'elle va décorer elle-même, L'Escargot....Elle va vitte découvrir que les mets délicats qu'elle prépare ont un pouvoir magique : celui de rende heureux les âmes brisées....

 

Ce thème mystérieux et poétique n'est que le prétexte pour élaborer une magnifique histoire sur les liens mère/fille. La tenancière du bar Amour n'est pas celle que l'on croit être....

 

Un joli conte familial qui fait la part belle aux rituels (incluant  la truie Hermès mais chut !) et au cycle de la nature : l'impermanence des choses (thème traditionnel au Japon) et les êtres et la nature qui dialogent entre eux. Magique !

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 19:59

ISLANDE

La Lettre à Helga

 

Editions Zulma, 2013

 

Les éditions Zulma, après les magnifiques Rosa Candida et L'éclaircie d'Audur Ava Olafsdottir, nous livrent cette année une autre perle islandaise. Un récit court, sous forme de lettre, écrite par un vieil homme à son amour perdu...Une merveille de tendresse, d'émotion et de truculence !

 

Notre narrateur, vieux papy sortant de sa maison de retraite pour l'été, se retrouve devant la maison d'Helga, son amour de plus de 50 ans, qu'il n'a pas voulu suivre à l'époque à Reykjavik de peur de quitter sa campagne natale...Car toute sa vie à lui a été d'honorer sa terre ancestrale et de ne pas céder à l'appel de la ville et de la modernité. Alors, une dernière fois, il lui explique pourquoi il a fait cela...L'occasion pour lui de se souvenir de leur rencontre....

 

Ne vous imaginez pas le discours d'un petit vieux qui radote...Bien sûr, il y ce discours passéiste qui exalte la ruralité de l'islande mais cela nous permet de découvrir une vie  traditionnelle aujourd'hui quasiment disparue ; le narrateur était contrôleur des stocks de foins...il parcourait alors les campagnes les plus reculées, allait chercher les morts (que l'on grillait à la cheminée pour éviter qu'ils gêlent !!!), soignait la gâle des moutons, participait aux concours de bestiaux

 

C'est ce qui lui a permis de rencontrer la belle Helga....au cours d'une séance de palpation de brebis...Du corps de la brebis au corps féminin, il n'y a qu'un pas ! L'érotisme très rustique du livre donne un ton truculent au récit.

 

Le ton est à la fois tragique (le destin de la femme du narrateur), nostalgique et farcesque. Le récit est entrecoupé de légendes et contes scandinaves.

 

Un joli dépaysement...

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 10:25

RENTREE LITTERAIRE 2013

 

Editions Albin Michel

 

L'une des parutions majeures de cette rentrée, sinon la meilleure en littérature française et surtout l'un des grands favoris pour le Goncourt ou le Renaudot.

 

Pour moi, en tous cas, un très grand roman populaire, susceptible de plaire au plus grand nombre : plus qu'un roman historique (ce que Perre Lemaitre s'est défendu d'écrire), c'est un récit d'atmosphère, aux personnnages inoubliables et au suspense halelant (l'auteur vient du polar et a réalisé des scénari de cinéma....).

 

Est-il encore utile de présenter l'intrigue ....Il s'agit du récit de l'immédiat après-guerre de 14-18, lorsque les morts sont honorés par la patrie alors que les survivants sont méprisés, ignorés, rejetés de la société...

 

Tout commence quelques jours avant la signature de l'armistice...une mise en scène magistrale,  ! Alors que les soldats attendent patiemment la capitulation de l'Allemagne, le lieutenant d'Aulnay Pradelle souhaite cependant livrer sa dernière action héroïque pour prendre du galon...quitte à forcer son régiment et régler son compte aux récalcirants... Les soldats Albert Maillard et Edouard Péricourt vont en faire les frais...Je ne vous raconte pas tout de peur de vous gâcher le plaisir mais sachez que ce premier affrontement va servir de trame au roman entier.

Après l'armistice, les 2 camps vont se retrouver...Le lieutenant d'Aulnay Pradelle a décidé de se faire de l'argent avec les morts. Alors que l'Etat souhaite réaliser d'immenses cimetières militaires, il convient d'exhumer les milliers de cadavres inhumés directement sous terre et de leur trouver des cercueils. Et si l'on faisait des cercueils en pin d'1m30, on ferait bien des économies.....

 

De l'autre côté, Albert Maillard a recueilli Edouard Péricourt, qui est devenue une gueule cassée en le sauvant. Alors qu'Albert es devenu homme sandwich pour gagner quelques sous lui permettant d'acheter de la morphine apaisant la douleur de sn ami, Edouard Péricourt monte, pour se venger de la société, une gigantesque arnaque aux monuments aux morts. Arnaques et magouilles dans l'immédiat après-guerre, reflétant aussi des conflits de classes entre les profiteurs et les victimes....Sur plus de 500 pages, ces deux camps vont s'affronter de manière grotesque et sublime...

 

Car il y a une pointe de farcesque dans cette fresque tragi-comique. Les personnages inoubliables, à la limite de la caricature, sont tous des pantins manipulés par le destin. Albert Maillard, anti-héros par excellence, peureux compulsif, bête de somme. Edouard Péricourt, la geule cassée sublime morphinomane qui passe son temps à fabriquer des masques toujours plus improbables. Joseph Merlin, le fonctionnaire râté, immonde petite personnage qui mettra son honneur à punir l'escroquerie des cimetières militaires. Pierre Lemâitre s'est d'ailleurs  inspiré de Cripure du Sang Noir de Louis Guilloux. L'auteur a su retranscrire à merveille l'atmosphère poisseuse et malsaine du roman de Guilloux ou d'Emmanuel Bove, par exemple. 

Tous ces personnages portent en eux le tragique de l'existence; il n'y a que d'Alnay Pradelle, modèle de l'escro, qui n'éveille aucune sympathie.

 

Une grande fresque qui se lit d'une traite ...on attend avec impatience sa consécration !

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8 septembre 2013 7 08 /09 /septembre /2013 23:17

ETATS-UNIS

 

 

RENTREE LITTERAIRE 2013 -EDITIONS DE L'OLIVIER

 

Moi qui n'avais jamais lu un roman de Richard Ford ai profité de la très bonne presse de cet opus pour le découvrir.

Un roman d'apprentissage de 450 pages qui nous relace l'adolescence surprenante d'un adolescent sur un ton froid et détaché, méditatif qui déconcerte vraiment au début.

 

Dells Parsons nous raconte son adolescence 50 ans après les événements relatés...écvénements exceptionnels qui ont à jamais marqué sa vie....ses parents qui organisent le hold up d'une banque dans un village paumé du Michigan,  sa fuite organisée par une amie de sa mère dans un no man's land au Canada...et sa rencontre avec le meurtrier Arthur Rellinger....

 

Un récit digne d'une épopée ou d'un thriller....Sauf qu'avec Richard Ford, nous sommes plutôt dans un récit extrèmement précis, clinique de l'enchaînement des faits, ce qui évacue tout pathos. Il s'agit de voir, comment d'une vie normale, on peut basculer à d'autres extrémités. Comment peut-on passer  la frontière ? 

 

Car telle est la grande question ; le passage matériel de la frontière Etats-Unis/Canada n'est en fait qu'une métaphore pour désigner le passage de la normalité à l'anormalité. Comment franchit-on le passage d'un état à un autre ?

 

Doit-on se révolter  ? S'adapter ? Accepter le destin, s'en accomoder ? 

 

Richard Ford opte plutôt pour la deuxième solution, mais en gardant une optimisme à toute épreuve. Si le récit de l'adolescence est un exposé quasiment scientifique examinant faits après faits et leurs répercussions sur le comportement des personnages, le lecteur  fait corps très lentement avec le héros.

 

Ce dernier accepte les faits bruts en s'en accomodant et en essayant de tirer à chaque fois partie d'un accident. Peu importe le passé, il faut toujours voir les potentialités de l'avenir.

 

Et les grands espaces vierges du Canada sont là pour faire table rase, pour éprouver ce néant qui nous fait nous reconstruire à partir de rien, en toute liberté.

 

Un roman aux thèmes très américains (les grands espaces, l'échec et la survie....) qui s'apprivoise petit à petit ; sévère et âpre au début, poignant à la fin.

 

Ne résistons pas  à l'envie d'en extraire de très belles phrases ....

 

"Se focaliser  sur la silhouette de Berner qui s'en va ferait de toute cette histoire un récit de la perte et du deuil, et ce n'est pas l'idée que j'en ai, aujourd'hui encore. Jee crois au contraire qu'elle raconte une progression, un cheminement vers l'avenir, notions qui ne sont pas toujours faciles à appéhender quand on a le nez dessus 

 

La vie est une forme vide qu'il faut remplir de bonheur

 

avec les années, j'ai tendance à croire que toute situation humaine se retourne comme un gant. Tout ce que tel ou tel m'assure être vrai peut ne pas l'être. Tout article de foi  est susceptible de voler en éclat dans ce monde. Il est rare que les choses demeurent très longtemps en l'état. Le comprendre ne m'a pas rendu cynique pour autant. Est cynique celui qui ne croit pas le bien possible. Alors que moi, j'ai la certiitude qu'il l'est. Simplement, je ne tiens rien pour acquis et j'essaie toujours d'être paré au changement qui s'annonce"

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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 20:10

ETATS-UNIS

 

RENTREE LITTERAIRE, août 2013

 

Voici l'un des trois grands romans américains de cette rentrée littéraire avec Esprit d'hiver de Laura Kasischke et Canada de Richard Ford (article à venir). La grande romancière d'origine ojibwé ( tribu indienne du Dakota) a obtenu le National Book Award pour ce récit. Ce prix vient couronner une oeuvre exigeante tres riche d'un point de vue formel. Mais nous allons voir justement que ce dernier opus rompt avec son écriture habituelle.

 

 Pour la premère fois, Louise Erdrich donne  voix à un jeune adolescent de 13 ans alors qu'elle nous avait habitué à des récits polyphoniques d'inspiration faulknérienne.

 

Le point de départ du roman : Joe et son père retrouvent leur mère et épouse sauvagement agressée. L'adolescent comprend rapidement que sa mère s'est fait violée. Cela s'est passé dans la réserve indienne mais sans doute sur un territoire privé. Son père est juge tribal, mais a t-il réellement le pouvoir de trouver et condamner le coupable face aux autres administrations locales et fédérales ? Car comme le découvre Joe, son héroique de père est acculé à ne gérer que les affaires de vol ou de beuveries.

 

Alors, tous les deux, chacun à leur manière,  vont tout faire pour condamner le coupable. Alors que l'administration sera bien en peine d'être efficace, ils devront trouver d'autres stratagèmes. En aventuriers espiègles épris de justice, Joe et sa bande de camarades passeront à l'action...

 

Je ne suis pas d'accord avec la critique qui évoque à tout bout de champ l'influence faulknérienne. On pouvait effectivement en parler dans par exemple La malédiction des colombes, un récit polyphonique, choral, non linéaire. ici, il s'agit d'un récit linéaire à la structure très simple : faute/recherche du coupable/condamnation relaté par un adolescent, avec toute sa justesse et son espièglerie; ce qui me ferait plutôt penser à un roman d'aventures ayant pour but de redresser des tords, tel un peu Tom Sawyer.

Joe est un adolescent qui a certes vieilli prématurément, comme il le dit, anéanti par sa souffrance et celle de ses parents, mais il y a aussi dans son discours une fraîcheur insolite qui nous conte avec joie ses aventures avec ses copains : découverte de la sexualité, de l'alcool etc....La parole est à la fois émotion, souffrance, et aussi émois face aux surprises de a vie.

 

Il en ressort une formidable fluidité dans l'écriture, ce qui est totalement nouveau chez Louise Erdrich, qui nous livrait à chaque fois des récits très denses, voire étouffants. Les personnages sont tellement justes qu'ont a l'impression de les "saisir" tout de suite, d'être proche d'eux. 

 

Mention spéciale aux personnages secondaires qui apportent une touche d'humour à une thématique très noire : les copains de Joe, son grand-père Mooshum, centenaire, qui lui rconte les contes abracadabrantesques de la réserve indienne, sans oublier la plantureuse Soja, la copine de son oncle, ex stripteaseuse, dont Joe est follement amoureux....

 

Si nous aimons autant ces personnages, c'est parce que ce récit est avant tout un formidable roman d'apprentissage familial dans le microcosme d'une réserve indienne. Louise Erdrich prend le temps de tisser des liens très forts entre ses différents personnages et c'est cela qui fait de ce roman un joyau.

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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 16:12

ETATS-UNIS

 

esprit d'hiver

 

RENTREE LITTERAIRE- Editions Christian Bourgois, parution août 2013

 

Voici en avant première ce qui devrait être l'un des grands romans étrangers de cette rentrée. De cette auteur, je vous avais déjà chroniqué Un oiseau blanc dans le blizzard et Les revenants , des récits envoûtants et ont pour thème commun la disparition et une atmosphère en même temps aseptisée et inquiétante.

 

On retrouve la même atmosphère dans ce dernier opus mais cette fois-ci, au sein d'un huis-clos mère-fille. Nous sommes le jour de Noël, le matin. Holly est toute seule dans une maison avec sa fille adoptive, Tatiana, ramenée de Sibérie treize ans plus tôt. Son mari a pris la voiture pour aller chercher ses parents. Elle doit donc préparer le repas pour ses invités. 

Mais ce matin, elle a une étrange sensation : ele sent que "quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux". Un malaise, une étrange sensation et des signes avants coureurs : une bosse sur le dos de son mari, une poule tuée, une tache d'humidité au plafond invincible....Une envie de paresser au lit mais aussi d'écrire ses sensations...cela fat si longtemps qu'elle n'a pas écrit de poèmes....Mais il faut préparer le repas...

 

Tatiana n'est pas comme d'habitude. Une agressivité latente, un regard froid...Et les invités qui décommandent, bloqués par le blizzard.Tout en préparant le repas, Holly se remémore l'adoption de Tatiana dans les plaines sibériennes. La jolie Tatiana que l'on surnomme Raiponce Noire de Jais.

 

Un conte de noël glaçant placé sous le signe de la neige et du blizzard : la tempête semble tout aseptiser et isoler pour rendre encore plus inquiétant le conflit entre mère et sa fille.

 

Au lieu de livrer un monologue à la première personne, Kasischke choisit une narration à la troisième personne osmnisciente pour mieux encore rendre l'atmosphère froide du récit...et sans doute aussi pour rendre un effet de vérité.

 

Nous sommes dans un univers hitchcockien où le suspense est avant tout psychologique, créé par la folie de personnages victimes de refoulements.

 

Tout le talent est dans la mise en scène, dans la création de ce décor tout de blanc et de glace, où se glissent subrepticement quelques gouttes de sang : celui du rôti de Noël ou celui d'un doigt coupé. Kashischke use aussi des métaphores organiques comme pour mieux matérialiser le malaise....

 

Un récit déroutant mené d'une main d'orfèvre, dont je vous offre une phrase des plus déroutantes...

 

"Elle avait déjà ressenti ça plus jeune, l'envie presque paniquée d'écrire à propos d'une chose qu'elle avait entraperçue, de la fixer sur la page avant qu'elle ne file à nouveau. Certaines fois, il avait failli lui soulever le coeur , ce désir d'arracher d'un coup sec cette chose d'elle et de la transposer en mots avant qu'elle ne se dissimule derrière un organe un peu bordeaux qui ressemblerait à un foie ou à des ouïes et qu'elle devrait extirper parl 'arrière, comme si elle le sortait du bout des doigts d'une carcasse de dinde.

 

...elle imagina vomir cette chose hors d'elle, comme vomir un cygne -une créature au long coup entortillé nichant dans sa gorge à elle-, s'étrangler avec ses plumes et tous les calamus décharnés. Comme elle se sentirait soulagée ensuite, allongée sur le sol de la chambre près du cygne qu'elle aurait vomi, hors d'elle, dans le monde.

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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 15:18

IRLANDE

Editions Sabine Wespieser, 2011

 

La grande dame des lettres irlandaises, auteur des Filles de la campagne et de Crépuscule irlandais publie ici un recueil de nouvelles.

 

Une bonne entrée en matière pour entrer dans l'oeuvre de cette exilée londonienne dont l'oeuvre a été brûlée par l'eglise d'irlande dans les années 60 pour avoir oser évoquer la sexualité féminine dans ses récits....Edna O'Brien est entrée dans le monde littéraire en dépit du refus de sa famille (la figure maternelle est très présente dans son oeuvre) pour qui l'art n'était que frivolité.

 

Ces nouvelles se déroulent toutes en Irlande et décrivent des personnages blessés par la société ou par leur entourage, souvent solitaires. Sans aucun misérabilisme, l'auteur peint leur intimité avec beaucoup de pudeur dans un cadre traditionnel irrlandais qui sied si bien aux sentiments des personnages emplis de déceptions, de frustration : landes, tourbières, cimetières abandonnés, vieux cottages perdus.

 

Un sentiment commun à tous mais des personnages des deux sexes et de tous les âges : un vieil ouvrier irlandais alcoolique ayant construit les routes londoniennes à la pelle, une vieille femme tenancière d'un bed en breakfast épie la sexualité de ses locataires, des cousins d'une cinquantaine d'années,las des conflits famliaux, se rendent dans le cimetière familial perdu sur une île du Shannon. Mention spéciale à cette petite fille pauvre toute contente d'être invitée chez sa riche voisine et se mettant à imaginer des faits divers sordides qui viendraient égayer son morne quotidien et à cet adolescent, un peu simplet du village qui se retrouvera enterré dans une tourbière pour avoir voulu rendre service....Il y a aussi cette vieille fille bibliothécaire qui attend en vain dans un café de Dublin un poète timide dont ele s'est éprise...

 

Des destins souvent bien tristes pour ces héros du quotidien ; mais Edna O'Brien éloigne toute tragédie trop voyante pour s'appesantir sur les regrets et les désirs non réalisés.

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 15:30

ETATS-UNIS

Rentrée Littéraire 2013 -Editions Liana Levi-Sortie le 12 septembre

 

Voici la première traduction française d'une jeune auteur américaine, un roman remarqué par le grand Dennis Lehane.

 

Un roman qui nous plonge dans le Brooklyn d'aujourd'hui, précicément dans le quartier de Red Hock, où les anciens docks sont reconvertis en hôtels de luxe et restaurants pour touristes. Un quartier où se côtoient blancs et noirs, pavillons pour les blancs et cités pour les noirs.

 

L' histoire dramatique de deux adolescentes va servir de prétexte à faire le portrait de toutes une galerie de personnages très diversifiés. Leur point commn : la culpabilité, le deuil de l'être aimé qui les poursuit des années plus tard.

 

Tout commence le long de l'East River, une soirée pourrie pour deux adolescentes inséparables, Val et June. Val décide d'aller sur l'eau avec son canot pneumatique. la ballade tourne au drame. Le lendemain matin, Val est retrouvée inconsciente et le corps de June a disparu...

 

Plus que d'une intrigue policière, Dennis Lehane a parlé d'un grandiose "opéra urbain". L'enquête est juste une prétexte pour donner voix à plusieurs personnages perdus, comme un choeur tragique et coupable. Certains ont assisté à la dérive du canot, mais personne n'ose le dire...

Il y a Cree, cet adolescent noir qui n'attend qu'une étincelle pour partir avec le bâteau de son père, Marcus, policier tué par balles, il y a plusiurs années. Sa mère qui parle toujours avec Marcus, spécialiste en divination, reçoit chez elle des femmes cherchant à dialoguer avec les défunts. Monique, la cousine de June, chante dans une chorale mais, elle aussi, ne va pas tarder à entendre des voix.

 

Jonathan, l'ancien chanteur de Broadway, qui prend chaque jour des cuites au dockyard, le bar du coin, se bat lui aussi avec le fantôme de sa mère. Il y a aussi Fadi, l'épicier libanais du coin, qui cherche à profiter du raffut provoqué par l'accident pour faire connaître sa petite échoppe. Son épicerie sera le QJ où se rencontrront tous les protagonistes, Fadi étant un peu leur ange gardien.

 

 Et puis enfin, il y a Ren, l'homme mystérieux, une silhouette qui apparaît et disparaît tout aussi vite, qui fait de superbes graffitis sur les entrepôts désaffectés de Brooklyn. pourquoi tourne-t-il autour de Marcus ? Les secrets vont être dévoilés peu à peu...

 

Ivy Pochoda scrute à la loupe ce microcosme social qu'est le quartier en pleine retructuration des docks de Brooklyn. Red Hock devient le terminal de croisière de New-York et des envies d'ailleurs se réveillent. Mais pour cela, il faut en finir avec les fantômes du passé...Denis Lehane ne  parle pas de réalisme magique pour rien. L'auteur poétise chaque pierre du quartier en imaginant des voix et des silhouettes qui poursuivent les vivants de leur histoire. Les pavés, les anciens conteneurs, les grattitis...chaque élément semble contenir un secret. Aux habitants de le déchiffrer pour se réconcilier avec la vie....

 

Un roman magistral, des personnages marquants, des thèmes aussi riches que la culpabilité, la responsabilié, le deuil ou l'amitié. Sans doute l'un des grands romans de la rentrée.

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 19:39

LITTERATURE AMERICAINE

Lamb

Editions Fayard, Rentree litteraire 2013

 

 Voici en avant-première, sans doute le roman le plus original, le plus audacieux de cette rentrée. C'est le premier roman traduit en France d'une jeune américaine de la banlieue de Chicago.

 

Le thème "scabreux" : un homme un peu paumé de 50 ans, David Lamb, se prend d'amitié pour Tommie, une fillette de 11 ans. Tommie rôde un jour à coté du pavillon de Lamb. Pour faire peur à ses copines qui la bizutent, il fait mine de l'enlever dans sa voiture...

 

Puis il se revoient, lui vient de perdre son père et est en instance de divorce, et quant à elle, elle  se sent seule face à sa mère et à son nouvel amant.

 

Alors Lamb va proposer l'impensable : partir avec la fillette dans son chalet en pleine nature, lui offrir tout ce dont elle a besoin pour qu'elle grandisse, pour que ces jours soient les plus beaux de sa vie....

 

Et nous voici parti pour un road movie poétique et féérique qui va nous mener jusqu'aux montagnes du Middle West, dans le Wyoming.

 

Bien sûr, on pense à un thriller qui va tourner autour d'une affaire de pédophilie...et on se trompe.

 

Nôtre Lolita n'est qu'une fillette qui a envi de rêver et de s'évader un peu. Alors, on est davantage au pays d'Alice de Lewis Caroll.

Car David Lamb est un conteur hors pair. Le voyage est sublimé par ces récits de petites filles qui reconduisent les chevaux sur leurs terres d'origine ou de fillettes mortes qui hantent les vieux chalets.

 

Tel Robinson Crusoe, la jeune Tommie apprend à faire un feu, à cuire de la viande, à pêcher....Ensemble, loin de tout, ils vont apprendre à s'aimer, d'un autre amour que les autres ne peuvent pas connaître.

 

Il y a de rares baisers échangés, une caresse sur une joue. C'est déjà beaucoup mais si peu. Nous sommes dans un paysage edenique, loin de tout, où tout est permis, où tout est possible.

 

Le roman est constitué quasiment uniquement des dialogues entre l'homme et la fillette, comme dans un huis-clos. Tout est mots, tout est langage. Qu'est ce qui est vrai ? Qu'est ce qui est faux ? Peu importe, car nous sommes dans une autre dimension.

 

L'homme évoque bien sûr constamment le regard soupçonneux de l'autre mais c'est pour mieux rassurer la fillette. Peu à peu, on apprendra les secrets de l'homme, un enfance et une famille meurtrie. Un road movie comme un eden provisoire où se réfugie l'homme sans frères et soeurs ni enfants.

 

L'auteur, à aucun moment, ne prend la première place, dans un regard omniscient. Elle se garde de tout jugement. Elle ne fait que montrer, que faire entendre et sentir...

 

Un roman magnifique de complexité, empli de magie, celle de l'enfance, de la nature et des sentiments hors normes.

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 19:48

LITTERATURE AMERICAINE

 

http://img.over-blog.com/225x300/5/37/06/74/photos-blog/photos-3/20130601_171907.jpg

 

 

Editions Albin  Michel, collection Terres d'Amerique

 

Voici le deuxième roman d'un jeune auteur américain de père chinois qui nous plonge a coeur de ses racines puisqu'il s'agit de traiter de l'arrivée des coolies chinois dans les années 1880 dans l'Ouest américain, et plus précisément dans le Wyoming, territoire de landes infertiles où "seuls le cel et la terre" apparaissent. Mais là où il y a des mines de charbon à foison...

 

Au centre de l'histoire,le destin d'une femme, Addie, une belle rousse téméraire. Le roman fait alterner les chapitres où elle revient dans le Wyoming quarante ans plus tard, après avoir fui les révoltes sanguinaires contre les chinois, et les chapitres où, toute jeune fille, à 16 ans, elle débarque dans le Wyoming retrouver son frère Tommy, parti à la conquête de l'Ouest.

 

Quarante ans plus tard, elle veut comprendre qui lui a tiré dessus lors des émeutes raciales...Elle se souvient alors de sa rencontre avec le jeune Wing, un cuisinier chinois qui l'accompagnait à la chasse pour préparer le gibier...

 

Une histoire très classique et fluide mais qui montre avec intelligence le racisme ordinaire. Brian Leung construit un beau roman d'apprentissage où la jeune Addie écoute les préjugés des autres (au début, elle crois que les chinois sont des animaux à la longue queue qui leur descend jusqu'aux pieds et qui mangentnt les enfants). Puis, au fur et à mesure, elle découvre la subtilité des sentiments en tombant amoureuse de Wing.

 

Ce roman peut fairre écho à Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka qui aborde le problème de l'immigration japonaise de la première à la seconde guerre mondiale.

 

Malgré une hstoire un peu trop prévisible, on s'attache à ce beau personnage de femme forte partie de rien qui lutte seule et aux très belles descriptions romanesques du Wyoming : l'auteur décrit magnifiquement les champs de sauge à perte de vue, les horizons sans fin. A noter aussi le réalisme des scènes de "Far West" : la dureté des conditions de vie dans les mines, des personnages qui tentent le tout pour le tout, n'ayant plus aucune famille...

 

Une lecture instructive et très agréable.

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