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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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9 février 2006 4 09 /02 /février /2006 21:26

Gallimard 1926

Jules Supervielle (1884-1960) est l'un des plus grands poètes de ce siècle. Né en Uruguay, il partagea sa vie entre ce pays et la France. On lui doit des recueils de poèmes, des contes, des romans et des pièces de théâtre.

Bien qu'il ait créé pendant la période d'éclosion du surréalisme, il ne fit jamais partie du mouvement. Je vous invite à découvrir sa biographie et sa bibliographie sur le site de notre ami Gentle:

http://poetique.over-blog.com/article-1716656.html

Je viens pour ma part de lire l'un de ses romans, Le voleur d'enfants qui fut aussi adapté au cinéma et en pièce de théâtre avec Marcello Mastroianni.

Voici l'histoire: Philémon Bigua,un colonel d'origine sud-américaine est en exil à Paris avec sa femme. Le couple étant stérile, il se porte au secours des enfants malheureux en les "volant" à leurs parents. Les enfants volés sont accueillis comme des rois. Un jour, il recueille sous la pression du père alcoolique une belle jeune fille qu'il adopte. Cette dernière va venir perturber la vie bien rangée de ce couple hors la loi....La jalousie va s'installer entre le père adoptif et les fils adoptés...

Le génie de Supervielle trouve son origine dans le fait que nous avons au début l'impression de lire une farce burlesque ou un conte : les parents donnent volontiers leurs enfants, la maison du colonel ressemble à une pouponnière. Cette partie n'est pas sans évoquer l'oeuvre de Queneau.

Puis l'élément perturbateur s'installe sans que l'auteur change de ton puis la tragédie finit par arriver. La prose est d'une simplicité exemplaire ce qui ne retire en rien le talent de conteur de Supervielle.

Nous retrouvons également la double culture de Supervielle puisque le colonel Bigua parle constamment de la pampa et des estancias sud-américaines.

Un petit roman à connaître, qui ne ressemble à aucun autre.

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6 février 2006 1 06 /02 /février /2006 16:11

Film d'animation de Frédéric Back adapté d'une nouvelle de Jean Giono

Oscar du Meilleur Film d'animation-1987

J'ai vu ce magnifique film franco-canadien cette semaine tiré d'une nouvelle de Jean Giono : tout se passe en Provence de 1912 à 1947. Un jeune homme découvre une colline déserte où toute vie à disparu. Il est reçu par un berger bien mystérieux qui lui offre le gîte et le couvert. Ce dernier plante inlassablement des milliers de glands dans la terre infertile. Au fur et à mesure des années, les glands font naître de jeunes pousses. Puis une forêt apparaît peu à peu...

Tout le monde se demande bien pourquoi une forêt apparaît comme par enchantement. Le vieux berger ne se fait pas connaître... Avec les arbres, revient la vie. Les maisons, les bals réapparaissent...

Cette formidable fable écologique exalte les pouvoirs d'un seul homme qui le fait ressembler à un démiurge.

Le dessin animé est une merveille: il s'agit véritablement de dessins qui s'animent (on peut voir le coup de crayon). On pense aux tableaux de Bruegel et aussi aux impressionnistes: Renoir, Monet, Sisley..Au fur et à mesure, la couleur apparaît...Ce récit est conté par la voix magnifique de Philippe Noiret.

L'homme qui plantait des arbres

Je vous laisse découvrir cette fable sur le site:

http://home.infomaniak.ch/arboretum/pla.htm

 

Bonne lecture !

 

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12 janvier 2006 4 12 /01 /janvier /2006 20:49

Julliard, 1952

 

Salué comme une révélation en 1952, Le Requiem des innocents est le premier roman de cette auteur d’origine italienne , né à Turin en 1928 et mort en France en 1994. Son œuvre encore largement méconnue par le grand public est considérée comme l’une des plus importantes du 20e siècle.

Sur cette œuvre, souffle un parfum de scandale. Dans La mécanique des femmes, il met en scène plusieurs figures féminines qui évoquent sans pudeur leur sexualité. Son autobiographie Septentrion censurée pendant plusieurs années pour avoir mis en avant la sexualité et la violence est considérée comme un chef d’œuvre.

 e vous propose de découvrir Requiem des innocents, le récit autobiographique de son enfance d’immigré italien dans la « zone » de Lyon, lieu du nom droit et de la violence. Y règne sans partage la violence, la sexualité, l’alcoolisme et la saleté.

 Tout commence par une insulte à la bonne conscience bourgeoise : Calaferte, le seul élève à obtenir son certif, le déchire avec fierté devant le directeur de l’école !!!

 Oubliez les récits de l’enfance fondés sur les beaux souvenirs nostalgiques ! Ce livre est plutôt l’héritier de Vallès avec la misère en plus. L’enfant n’est pas un être innocent mais au contraire une créature vile qui n’hésite pas à violer les petites filles et maltraiter les handicapés….Ce livre a dû faire un drôle de scandale dans les années 50….

Calaferte n’hésite pas à traiter sa mère rétrospectivement. Deux sentiments dominent le livre : la révolte d’appartenir à un milieu déchu, réduit à l’animalité mais aussi la fierté à apprendre la vérité de l’homme au cœur de la misère.

 La langue violente et argotique respire l’authenticité et la révolte. Ce livre peut faire penser à un titre plus actuel, Le gône du Chaaba de Azouz Begag , récit d’une enfance dans un bidonville de Lyon. Mais Calaferte refuse tout système scolaire alors que le petit Azouz s’intégrait grâce à l’école.

 Un livre primordial, la voix du peuple déchu érigée en chef d’œuvre….

 Voici quelques extraits :

 « Pour toucher, pour voler un peu de vérité humaine, il faut approcher la rue. L’homme se fait par l’homme. Il faut plonger avec les hommes de la peine, dans la peine, dans la boue fétide de leur condition pour émerger ensuite bien vivant ;, bien lourd de détresse, de dégoût, de misère et de joie. Avec les hommes de la peine, il faut vivre dans le coude à coude. Mélanger aux leurs sa sueur…Toucher leurs plaies des cinq doigts, boire à leurs verres, pleurer leurs larmes, faire gémir leurs femmes , partager leurs pauvres espoirs et leurs petits bonheurs »

 «  Vous pouvez m’appeler, je n’aime bien que la misère des hommes. C’est un bout de notre vérité, la misère. Ca vous fait tenir les yeux écarquillés. Ca vous détruit. Ca vous réforme. C’est mâle la misère. C’est exigeant. »

 «  Alors moi, aujourd’hui, je vous crie salauds à vous deux. Toi, ma mère, garce, je ne sais où tu es passée. Si tu vis quelque part, sache que tu peux m’offrir une joie. Celle de ta mort. Garce ! Il fallait recouvrir à l’hygiène. Il fallait me tuer. Il fallait ne pas subir cette petite mort de mon enfance, garce ! Si tu n’es pas morte, je te retrouverai un jour et tu paieras cher, ma mère. « 

 

«  C’était plein de chuchotements, de petits cris du ventre, de sons mats, de souffles rapides. C’était l’amour des bêtes. L’amour primitif enveloppé de nuit, de pauvreté, de saleté. Son aspects brutal, possesseur, égoïste, largement mis en évidence par cet obscur besoin que nous avions tous de nous avilir, de nous déprécier »

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9 novembre 2005 3 09 /11 /novembre /2005 00:00

Editions de Minuit, 1942

Le Silence de la mer et autres récits

 

 

 

 

 

Voici le livre fondateur des Editions de Minuit en 1942, écrit par le résistant Jean Bruller dont le nom de résistant était Vercors.

C'est en voyant hier le film adapté par Jean-Pierre Melville en 1949 que j'ai eu l'idée de faire cet article. C'est à mon sens le plus beau roman que l'on puisse écrire sur l'occupation. Il met en scène un vieil homme et sa nièce dont la maison est réquisitionnée pour accueillir un officier allemand.

"L'occupant" s'avère être un humaniste fin lettré, amoureux des grands auteurs français et fin mélomane. Chaque soir, au coin de la cheminée, il monologue sur son amour pour la France avant de leur dire d'une manière très courtoise "Je vous souhaite une bonne nuit". Il pense qu'il ressortira de la guerre un nouvel élan, une amitié entre l'Allemagne et la France. Le vieil homme et sa nièce lui opposent une résistance passive, incarnée par leur mutisme.

Le soldat allemand aura une permission à Paris qui lui permettra de découvrir le vrai visage de la guerre et de l'occupation allemande. Il reviendra désemparé dans le village du vieil homme et de sa nièce. Son idéalisme, sa foi en l'homme n'était qu'une illusion.

Le roman de Vercors donne toute sa gloire au rôle du silence: que ce soit dans le livre ou dans le film, nous ressentons toute la puissance du non-dit. C'est le monologue intérieur du vieil homme qui nous renseigne sur ses véritables pensées. Au delà de l'officier, il voit avant tout la figure de l'Homme. Mais le contexte lui interdit toute familiarité. Les relations entre la nièce et l'officier sont aussi très subtiles: l'officier rêve d'une "jeune femme digne et silencieuse". La nièce se terre dans son silence , la tête constamment penchée sur son tricot. A la fin, elle prononcera fébrilement un terrible "adieu".

La figure de l'officier allemand est inoubliable: nous ressentons son cruel dilemme: lorsqu'il découvre la barbarie de son pays, doit-il se révolter ou bien servir au mieux sa patrie malgré ses opinions? A la fin, une phrase d'Anatole France que je vous laisse découvrir, délivrée par le vieil homme français, le fera hésiter...

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30 octobre 2005 7 30 /10 /octobre /2005 00:00

ETATS-UNIS

Date de parution: 1949

Voici le roman le plus célèbre d'Ernest Hemingway avec Le vieil homme et la mer. L'action se déroule lors de la Première Guerre Mondiale sur le front italien. Le héros , Frédéric Henry (l'auteur lui-même) , jeune américain volontaire dans les ambulances, est grièvement blessé à la jambe. Lors de son hospitalisation, il fait la connaissance d'une jeune infirmière anglaise, Catherine Barkley. L'histoire d'amour commence ...

Après quelques semaines d'idylle clandestine, il repart sur le front. Lors de la retraite de l'armée italienne, il déserte. C'est l'adieu aux armes et le retour vers Catherine. Pour fuir les douaniers et l'armée, il traverse le lac de Côme et rejoigne la Suisse, pays neutre. Mais le destin finira par les rejoindre...

Ce roman est d'abord un magnifique récit d'apprentissage: au début de l'histoire, Frédéric croit uniquement à l'engagement envers la patrie. Il se refuse à aimer... A la fin, il a compris l'absurdité de la guerre et préfère déserter. L'adieu aux armes est le roman du désenchantement de la jeune génération américaine dans les années 20: tout comme John Dos Passos, Hemingway s'est engagé pour un idéal de justice. En Europe, il découvre la boucherie et le désarroi.

Ce roman intéressera également les lecteurs passionnés par l'Histoire de la Première Guerre Mondiale; rares sont les romans qui se déroulent sur le front italien et rendent compte de l'affrontement entre l'armée autrichienne et l'armée italienne.

Hemingway écrit dans un style très dépouillé: les descriptions vont à l'essentiel et l'essentiel du roman est constitué de dialogues. Nulle introspection, nul sentimentalisme. Sur un sujet ont ne peut plus romantique, Hemingway refuse toute dramatisation. On aime ou on aime pas. Pour moi, j'avoue que le style d'écriture est un peu léger...

Autre bémol: Catherine ne semble tout à fait dénoué de psychologie. Elle est béate devant Frédéric et n'a aucun recul critique. Je trouve que le roman aurait gagné en profondeur si Catherine n'était pas qu'une "gentille poupée". Pour ceux qui l'on lu, j'aimerai bien avoir votre avis...

Pour résumer, un bon roman mais quelques défauts tout de même...

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24 octobre 2005 1 24 /10 /octobre /2005 00:00

Date de publication: 1974

 

 Albert Cohen, l'auteur du célèbre Belle du seigneur signe ici un roman bouleversant en forme d'hommage à sa mère disparue.

 Le narrateur (Albert Cohen parle sans aucun doute de sa propre mère) exprime sa douleur insoutenable après le décès de sa mère: il fait de cette femme une sainte. La mère, juive émigrée de Corfou à Marseille, est l'image même du dévouement, de l'abnégation. Petite femme simple et boulotte, elle n'a aucune vie sociale puisque ses origines étrangères la retranche de la bonne société marseillaise. Elle n'a pas d'instruction et passe ses journées aux fourneaux et au ménage. Elle n'a qu'un unique amour: son fils pour lequel elle sacrifie tout.

 Par son écriture magique, le grand écrivain qu'est Albert Cohen sanctifie, déifie cette petite femme au coeur simple. Il nous conte son quotidien fait de petites choses bien anodines mais si précieuses pour un fils.

Son roman est un pardon adressé à cette mère dévouée qu'il a trop souvent délaissée. Car Cohen a quitté  Marseille à 15 ans pour faire carrière dans la diplomatie à Genève. Ambitieux, il a eu tendance à renier un jour ses origines en rabrouant sa mère qui avait téléphoné dans une soirée mondaine pour savoir s'il n'était pas arrivé quelque chose à son fils ...Cohen revient à plusieurs reprises sur cet événement fâcheux qui provoque sa culpabilité: sa mère avait imploré son pardon en larmes; il considère alors sa douleur comme un juste châtiment.

Ce roman s'adresse alors à tous les fils qui ont encore leur mère; pour qu'ils ne soient pas ingrats, pour qu'ils passent encore du temps avec elle...

Chacun peut se reconnaître en Albert Cohen: chacun a regretté de ne pas s'être davantage occupé d'un être cher. Le passage le plus émouvant relate la culpabilité du fils lorsqu'il commet un "péché de vie": rire, se promener ou simplement manger...

Un livre qui nous concerne au plus haut point...

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28 septembre 2005 3 28 /09 /septembre /2005 00:00

Ouvrage publié en 1937 (Etats-Unis)

Incontestablement l'un des chefs d'oeuvre , l'un des romans les plus touchants du XXe siècle ! La semaine dernière, je vous présentais ainsi La vie devant soi de Romain Gary ; Des souris et des hommes se place d'emblée dans la même lignée, celle des romans profondément humains. C'est un vibrant hommage rendu à l'Humanité des êtres et à l'amitié.

L'histoire est simple: il s'agit de deux amis journaliers, Lennie et George, qui parcourent les fermes des Etats-Unis pour trouver du travail. Mais les conditions de travail sont rendues d'autant plus difficiles que Lennie est un géant simple d'esprit à la force miraculeuse.

George l'a pris sous son aile (en fait, ils sont cousins) lorsque Tante Clara est morte. Depuis, malgré les difficultés quotidiennes, George prend en charge son ami au coeur simple. Car, de toutes façons, c'est mieux d'être deux pour affronter la vie. Le texte regorge de citations comme celles-ci, exaltant le pouvoir de l'amitié entre deux hommes.

Lennie n'a qu'un rêve: avoir une terre, une maison où l'on puisse se chauffer au coin du feu, un champ et surtout des lapins...car Lennie adore les animaux: les souris, les chiens et les lapins...Il se réfugie souvent dans l'écurie pour caresser la peau soyeuse des petits chiots qui viennent de naître...Mais parfois ne sentant pas sa force, il peut les étrangler avec ses grosses mains maladroites...

Mais les hommes sont souvent bien plus cruels que les animaux et Lennie, le "doux colosse innocent aux mains dévastatrices" (Joseph Kessel) en fera la cruelle expérience. Face au rêve,la réalité sera tout autre et prendra des airs de tragédie...Au nom de l'amitié, George commettra un acte désespéré....

Les plus belles pages du roman sont celles où le simple d'esprit demande à plusieurs reprises à George de lui matérialiser son rêve ("Raconte comment ça sera"): ils voient alors tous les deux mille petits détails qui décrivent le ranch de leur rêve. Car cette classe sociale de journaliers, constituée de noirs, d'handicapés et de vieux ouvriers, ne vit que par son imagination même si elle est futile. Les dialogues prépondérants nous rendent plus proches les personnages et nous plonge dans leur solitude et leurs espoirs. L'écriture est simple mais magnifie les personnages. Sur moins de 200 pages, Steinbeck atteint le sublime.... 

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21 septembre 2005 3 21 /09 /septembre /2005 00:00

ETATS-UNIS

Paru en 1850

Voici le premier chef d'oeuvre de la littérature américaine. Il a pour cadre la Nouvelle-Angleterre puritaine du XVIIe siècle lorsque les colons venus du vieux continent s'installèrent sur la côte est des futurs Etats-Unis.

Il s'agit de l'histoire d'un amour adultère condamné par une société puritaine et intolérante de Boston. Au début du roman, nous assistons à l'humiliation publique d'Hester Prynne sur le pilori de la place publique. Ayant donné naissance à un enfant alors que son mari est absent depuis plusieurs mois, elle est condamnée à porter brodée sur sa poitrine la lettre écarlate A, symbolisant l'adultère et la damnation. Elle refuse de donner le nom du père de l'enfant.

Le jour de sa condamnation, son mari revient incognito. Il fait jurer à sa femme de garder son identité secrète et se jure de découvrir l'identité de son rival. Il ne tarde pas à le découvrir en a personne du pasteur, écclésiastique considéré comme un saint par la bonne société; La santé de ce dernier déclinant, il va s'engager comme médecin auprès de lui afin de mieux torturer son âme...

Plutôt que de décrire la naissance de la passion, Hawthorne décide de s'appesantir sur ses conséquences néfastes. Le pasteur,n'osant dévoiler sa faute au grand jour, est rongé par le remords. Hawthorne est le maître incontesté de l'introspection, de l'examen de conscience. L'intrigue est purement psychologique mais racontée avec beaucoup de brio. Le roman est construit sur une série d'oppositions: le bien et le mal, l'ombre et la lumière,mais aussi le monde sauvage, le seul endroit ou le couple adultère peut revivre un semblant de passion et le monde de la ville, lieu de la loi humaine et de la faute. Au rouge de la passion et de la vie, s'oppose de gris de la loi puritaine. Le fruit de l'adultère, la petite Pearl, est souvent décrite comme un rubis, un diamant. C'est aussi pour les puritains, une figure du diable, puisque produit de la faute.

Hawthorne décrit magnifiquement les paysages forestiers et marécageux de l'Amérique des premiers colons. La forêt, inparfaitement défrichée, est un refuge pour les damnés. Elle est pour la ville le lieu de tous les dangers car elle abrite les indiens et les sorcières. Ce roman est l'héritier des oeuvres gothiques, teintées de fantastique: la raison de la ville ne semble qu'imparfaitement lutter contre le diable, la sorcellerie et la passion. Chaque personnage semble incarner une figure du mal.

Finalement, les pêcheurs respirent une odeur de sainteté: Hester, portant les stigmates de la lettre écarlate, est à plusieurs reprises considérée comme une sainte et le pasteur expirera sa faute dans la gloire et l'éclat.

En conclusion, une oeuvre majeure et très poétique pour découvrir l'Amérique puritaine du XVIIe siècle, thème très peu abordé en littérature.

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21 septembre 2005 3 21 /09 /septembre /2005 00:00

Prix Goncourt 1975

Voici mon coup de coeur de la semaine, que dis-je sans doute de l'année. Je n'avais jamais lu Romain Gary avant cette semaine. Quelle découverte ! C'est l'un des livres les plus émouvants que j'ai jamais lu.

Romain Gary a signé ce magnifique roman en 1975 sous le pseudonyme Emile Ajar. Il s'agit d'une belle histoire d'amitié et d'amour entre le jeune Momo et sa mère adoptive Madame Rosa, vieille femme juive, ex-prostituée, qui recueille maintenant les enfants des putes de Belleville et de Pigalle, qu'ils soient juifs ou musulmans, africains ou yougoslaves.

Mais il y a des moins en moins de prostituées venant la payer et Madame Rosa a de plus en plus de mal à monter ses six étages. Nous allons assister à la lente déchéance de la vieille prostituée solitaire, grande gueule mais au coeur grand comme ça. Momo, avec tout le petit peuple de Belleville, fera tout ce qui est en son pouvoir pour que Madame Rosa ne devienne pas un légume forcé de rester dans un hôpital. Car il faut lutter contre les lois injustes de la nature. Car, après tout, les vieux ont bien le droit d'être "avorté" selon l'expression de Momo car c'est indigne de l'homme de laisser des vieux vivre comme ça.

Ce roman vous fera pleurer: c'est un récit humain avec un grand H : Romain Gary rend un hommage vibrant au petit peuple marginal de Belleville: Madame Lola, la prostituée travestie, Monsieur Waloumba et ses chants sensés éloigner la mort, les cracheurs de feu, les déménageurs....Toute cette communauté bigarrée viendra aider Momo et Madame Rosa.

On passe du rire au larme, grâce au vocabulaire pittoresque de Momo: ainsi, une personne euthanasiée est avortée et l'euthanasie, c'est le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Les proxénètes deviennent les proxynètes.

Madame Rosa est grotesque (elle est énorme et se peinturlure le visage en mettant une perruque) et tragique (à chaque fois qu'elle entend la sonnette, elle croit que ce sont les allemands qui vont "l'emmener dans un foyer" selon l'expressiion de Momo.)

C'est l'un des plus beaux romans du XXe siècle sur l'enfance. A l'heure où la prise en charge des personnes âgées est devenu un problème national, ce beau récit sur les liens

intergénérationnels est à mettre dans toutes les mains.

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19 septembre 2005 1 19 /09 /septembre /2005 00:00

Etats- Unis, 1967-1972

Voici l’un des recueils phares d’un auteur américain maudit qui fit scandale. Son titre original, Erections, ejaculations , exibitions and general tales of ordinary  madness annonce la couleur !

 Ces nouvelles s’inspirent de la vie réelle de l’écrivain; il se met d’ailleurs en scène sous son vrai nom dans plusieurs récits. Né en Allemagne, il émigre très tôt à Los Angeles. Ayant subi une éducation très stricte, il mettra KO son père après une cuite mémorable. Il exercera plusieurs petits métiers (postier, magasinier, employé de bureau) dont il se fait virer très vite. Sa vie et son œuvre sont symbolisés par trois mots : sexe, alcool et littérature. Lorsqu’il n’écrit pas, il boit et court les filles.

 La critique le considère comme le successeur de Jack Kerouac ; il est vrai que la vie de Bukowski et faite d’errance et de déception mais sa prose est beaucoup plus crue.

 Les contes de la folie ordinaire font ainsi une large place à une sexualité débridée. Il en ressort beaucoup d’humour (l’histoire où Bukowski voudrait écrire en vain une histoire de singes qui baisent  ou lorsqu’il perturbe fortement un mariage zen !) mais il en émane également un sentiment tragique : une prostituée se tue car les hommes ne l’aiment que pour sa beauté, une femme préférant les animaux annonce la fin de l’humanité.

 Certaines nouvelles sont fantastiques : Le petit ramoneur met en scène une sorcière qui fait rétrécir les hommes jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer dans la forêt malodorante de son vagin tandis que La machine à baiser sous les traits d’une femme réelle se révolte contre son créateur fou et les hommes. Ma préférence va d’ailleurs à ces deux récits.

 La vulgarité apparente chez Bukowski ne choque jamais car elle émane avant tout d’une réflexion existentielle : l’auteur maudit nous livre son dégoût de l’humanité ; aucune présence d’épicurisme dans la prose de Bukowski (enfin, je pense). Le recueil se clôt d’ailleurs tragiquement sur fond d’apocalypse.

 Ce beau livre m’a été recommandé par Casaploum. Merci de son conseil !

 

 

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