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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 16:07

Editions Viviane Hamy, 2001

 

Madame Angeloso

 

Prix France Télévisions, 2001

 

Je continue à explorer l'oeuvre si particulière et si talentueuse de François Vallejo.

Il s'agit là de l'un de ses premiers romans, et sûrement celui qui l'a fait connaître du grand public, ce avant Ouest.

 

Imaginez une vieille femme, Constance Angeloso, sans domicile fixe depuis des années, autre que sa vieille R5 jaune. Et bien, cette dernière vient d'être écrasée dans sa voiture à un passage à niveau, par le train Paris-Varsovie.....dans lequel se trouvait le Dalaï-Lama ! Admirez déjà toute l'originalité de ce fait divers !

 

La loufoque Madame Angeloso, donc, n'est plus. Elle qui pesait plus de cents kilos et qui réchauffaient les coeurs esseulés dans son petit hôtel de Dunkerque.

 

Qu'à cela ne tienne ! Trois personnages vont nous la faire revivre à travers leur parole, qu'ils prennent à tour de rôle.

Le fils, tout d'abord, indigne cela va s'en dire : Angelino Angeloso. Lorsqu'un policier presque nain lui annonce la nouvelle, il éclate de rire et boit son whisky. Lui, le fainéant, la grande gueule, plus intéressé par les putes que par l'avenir de l'hôtel.

 

Il y a aussi Coquemar, le petit vieux dépressif, sauvé du suicide par Madame Angeloso. Passionnés tous les deux par la grande Histoire (ils se sont rencontrés le jour de l'avènement de Mitterrand !), ils discutent sans fin sur les cataclysmes que peuvent engendrer les grands événements sur les petits événements...

 

Enfin, il y a Danuta, la petite cousine polonaise éloignée, que Madame Angeloso a recueilli, se jurant qu'elle lui ferait apprendre le français.

 

Tout ce petit monde va évoquer "son" Angeloso : la mère indigne envahissante, l'hôtelière au grand coeur, la mère adoptive.

 

Et au milieu de tous ces souvenirs, il va falloir régler la question des obsèques ....

 

Que retenir de cette histoire truculente ? De la fantaisie, un amour immodéré de l'auteur pour ses personnages et surtout une verve, un goût des mots qui met en scène le récit sur les planches d'un théâtre ; nous avons l'impression de chacun s'avance vers nous pour vider tout ce qu'il a sur le coeur, en s'adressant directement à nous.

Et Madame Angeloso, matrone fantasque et truculente, vient à notre rencontre.

 

Comme à son habitude, Vallejo excelle dans les rapports de force, dans les huis-clos où les tensions sont exacerbées. C'est une comédie de boulevard, c'est un drame, oscillant toujours entre le burlesque et la tragédie.

 

C'est divertissant, bien rythmé et on s'attache définitivement aux personnages. Du grand art !

 

"Un baroufe du tonnerre, oui, ça a dû faire un barouf du tonnerre, a pensé Angelino, le dimanche soir, juste après le départ du jeune et petit brigadier de gendarmerie.

C'est vraiment con, un gendarme débarque chez toi, un dimanche, pour t'annoncer que ta mère a été écrabouillée sous un train, le seul truc qui te passe par la tête, c'est : il est vraiment minus, ce cogne, je croyais qu'on les recalait en dessous d'une certaine taille, ils doivent en manquer...."

 

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 18:50

La surprise culinaire de la rentrée littéraire....

 

Bifteck

 

Editions Phébus, 2010

Rappelez-vous le succès du film Séraphine en 2008, le film au 7 césars faisant le portrait magnifique de la peintre méconnue, Séraphine de Senlis, domestique et artiste peintre.

Ce succès inattendu a pu faire oublier que le réalisateur Martin Provost est aussi un romancier de talent…Voici son troisième opus.

 

Imaginez, à la veille de la Première guerre mondiale, un boucher de Quimper, roi de la bidoche, ayant appris l’alphabet avec le champ lexical professionnel du boucher. André Plomeur est non seulement le roi de la viande…mais aussi de la bonne chair féminine. Lorsque les soldats s’en vont en guerre, le boucher appâte la cliente avec ses meilleurs morceaux. L’heureuse élue reçoit le meilleur, l’araignée. Et tout se conclut derrière l’église. Ces rendez-vous illicites donnent naissance à sept magnifiques bambins. Le festin se termine à l’armistice. André Plomeur, qui se découvre une fibre paternelle inattendue, fuit la fureur des maris cocus…et décide de partir en Amérique. Tel Noé, André embarque avec sa progéniture sur un voilier breton…

 

Les végétariens seront sans aucun doute rebutés par le titre et la teneur de ce court roman (120 pages…) . Bien sûr, l’ouvrage regorge de termes carnassiers ; jarret, épaule, onglet, hure, rouelle..Il y en a pour tous les goûts…

 

Mais ce récit gargantuesque fantasque et sensuel se transforme tout d’un coup en une épopée digne de Robinson Crusoé...Et lorsqu’André débarque sur la terre promise, le lecteur a l’impression d’être immergé dans un tableau de Gauguin. Le récit devient alors un conte fantastique hallucinatoire. 

Mais chut ! Dégustez sans modération ce bifteck, il vous réservera bien des surprises !

 

Martin Provost est un artiste très éclectique qui gagne à être reconnu ; laissez-vous séduire par ce drôle de romans qui varie avec brio les styles, les pays ...et les aliments. et je vous laisse découvrir la dernière pirouette !

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 14:14

Editions Viviane Hamy, 2008

 

L'incendie du chiado

 

Voici l'avant-dernier opus de François Vallejo avant Les soeurs Brelan. L'auteur s'inspire de l'incendie qui ravagea en 1988 une partie du centre historique de Lisbonne (Le Chiado est le quartier littéraire de la capitale lusitanienne, cher entre autre à Pessoa et le quartier des boutiques de luxe).

 

Vallejo imagine que quatre personnages refusent d'être évacués du quartier par les secours ; il y a Carneiro, un vieil habitant du quartier, gardien du cinéma, qui refuse catégoriquement de quitter son immeuble, le "Français", venu à Lisbonne pour des raisons obscures (il recherche une personne du nom de Suares).

Puis vient Eduardo, photographe, qui souhaite photographier pour son compte une atmosphère de fin du monde. Enfin, Augustina, une femme qui avait rendez-vous avec sa fille dans un grand magasin.

 

Ces quatre personnages, pour des raisons diverses, choisissent de quitter le monde réel pour gagner celui de l'apocalypse. Dans les rues pleines de fumées et de cendres, à l'atmosphère irrespirable, il vont devoir cohabiter, dans le secret.

 

Jusqu'à ce qu'un cinquième personnage vienne perturber l'équilibre déjà bien précaire, et tente de prendre l'ascendant sur eux ; tel un missionnaire, un prophète, ou un membre d'une secte, il leur annonce qu'il faut brûler le monde ancien pour faire du nouveau....

 

Il y a du Balzac et plus particulièrement du Vautrin dans ce personnage. Comme à son habitude, Vallejo aime faire le portrait d'âmes damnées qui tentent de prendre l'ascendant sur les autres, dans un rapport de force maître/esclave. Juvénal Ferreira gratte la surface lisse des personnages pour y desceller leur secret, leurs blessures, et le véritable motif de leur action insensée. Jusqu'à ce que les nerfs cèdent et que le vernis lisse s'effrite...Ce prophète démiurge prend sous son aile damnée les âmes en peine pour les faire accoucher de leur vérité.

 

Nous retrouvons cette prose si particulière de Vallejo, haletante et syncopée, intégrant directement dans la narration les différentes paroles des personnages. Ce style rend admirablement bien cette atmosphère de huis-clos irrespirable où aucune issue n'est possible.

 

Du grand art comme toujours chez cet écrivain si original, au beau style, à la fois classique et moderne, qui explore avec plaisir les eaux troubles de l'âme humaine. A l'issue de la joute verbale, les masques tomberont...

 

A lire avant d'aller à Lisbonne ! C'est ce que j'ai fait et j'ai pris plaisir à découvrir ces vieilles ruelles où l'on peut s'y perdre sans modération. Certes, Vallejo ne nous convie pas à une promenade touristique, mais il détaille tout de même le nom des rues ; on y retrouve vraiment la structure du quartier duChiado. A préciser cependant une erreur sur la quatrième de couverture ; le Chiado n'est pas le plus vieux quartier de' Lisbonne ! Il s'agi de l'Alfama, quartier de vieilles rues aux maisons blanches et oranges, décorées d'azuleros, complètement délabrées, où est né le fado ...Voilà, c'est le seul bémol !

 

 

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 15:06

RENTREE LITTERAIRE 2010

 

De lait et de miel

 

Editions Sabine Wespieser

 

En cette rentrée, les romans historiques tournant autour du thème de l'exil ont le vent en poupe. Les réfugiés espagnols du régime franquiste dans  Antoine et Isabelle de Vincent Borel, les exilés chinois internés dans l'Italie fasciste dans Cente-seize chinois et quelques de Thomas Haims-Ogus...et les exilés roumains d'origine française du roman de Jean Mattern.

 

J'avais découvert Jean Mattern et son premier roman, Les bains de Kiraly, ce fut un réel coup de coeur. Ecriture très sobre évoquant les sentiments humains avec beaucoup de subtilité.

Son deuxième roman nous plonge également dans un récit des origines ; il donne voix à son père, originaire du Banat, province roumaine reconquise sur les turcs et peuplée au XVIIIe siècle d'Allemands, d'Alsaciens et de Slovènes. En 1944, lorsque la Roumanie est libérée du joug allemand par les russes, le jeune homme suit les allemands dans leur retraite et rejoint la France. Il laisse en Allemagne son meilleur ami, Stefan, le violoncelliste virtuose, qui lui préfère partir pour l'Allemagne.

 

Soixante ans plus tard, au seuil de sa mort, il raconte à son fils son exil, son installation en France, son mariage avec une exilée hongroise ...et lui demande de retrouver Stefan.

 

Un récit racontant l'exil et le déracinement, d'une très grande sobriété ; le titre très poétique évoque ce que comptait offrir le narrateur à sa femme hongroise, une vie "de lait et de miel". Malheureusement, le destin en décidera autrement puisqu'ils perdront un enfant. Mais l'écriture s'en tient à la chronologie des faits ; il s'agit de dire ce qui a été longtemps tu, sans recourir à un quelconque lyrisme.

 

Une belle plongée dans un pan ignoré de l'Histoire de l'Europe de l'Est et surtout de ces Français de Roumanie, rapatriés par le Général de Gaulle. Moins marquant que Les bains de Kiralymais Jean Mattern confirme tout de même un talent tout en épure.

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 14:29

RENTREE LITTERAIRE, 2010

 

L'amour est une île

 

Editions Actes Sud

 

Moi qui ne suit pas une fan de Claudie Gallay (je n'ai pas cru à l'histoire de L'or du temps, je n'est pas lu les déferlantes, j'ai apprécié Seule Venise), j'ai été intriguée par son dernier roman ; le cadre, le Festival d'Avignon, le théâtre, m'ont intéressée.

 

Après avoir été très critique (mon dieu, son écriture sujet, verbe, complément !), je me suis finalement laisser prendre au jeu. Si, à mon avis, l'histoire est lente à démarrer, un certain suspence s'installe et on y prend du plaisir.

 

Amour, trahison, théâtre, écrivain maudit, texte posthume....voici les ingrédients d'une intrigue romanesque à souhait.

 

2003, le Festival d'Avignon est menacé par la grève des intermittents. Odon, metteur en scène, programme Nuit rouge, le texte d'un jeune poète maudit mort avant d'avoir connu le succès.

Marie, sa jeune soeur, qui l'aidait à taper ses textes, est en Avignon, venue voir la pièce de son frère défunt.

Troisième personnage, la Jogar, actrice célèbre, revenue dans sa ville natale, qui a vécu une passion brûlante avec Odon.

 

Un texte maudit et autour, 2 personnages qui vont peu à peu révéler leurs secrets.

 

Le personnage le plus attachant, le plus tragique est sans aucun doute Marie; Elle fait d'ailleurs penser à Lisbeth, l'héroïne de Millenium, avec ses piercings (voir la couverture du roman).

Obsédée par la mort de son frère, c'est une personnalité ravagée qui porte à sa ceinture les cendres de l'écrivain maudit et s'automutile. Elle rêve de venger la mort de son frère dont est responsable Odon. Elle pense que ce dernier ne lui a pas répondu favorablement assez tôt pour la publication de son manuscrit...

 

Marie va peu à peu apprivoiser Odon et découvrir les coulisses du théâtre ....ainsi que le secret de la Jogar...

 

Les secrets se révéleront jusqu'à la fin...

Des personnages secondaires très réussis (Isabelle, l'amie des artistes entre autres), une oeuvre qui échappe à son auteur, les rapports entre les masques et la réalité, le théâtre et la vraie vie, des personnages qui cachent leurs blessures...

 

Tous les ingrédients sont là pour faire de ce livre une histoire attachante au pays des artistes et des passions.

 

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 19:23

RENTREE LITTERAIRE 2010

 

Cronos

 

Editions Christian Bourgois

Linda Lê, d'origine vietnamienne, est assurément l'une des plus belles plumes françaises du moment.

Je l'avais découverte avec Les aubes , monologue d'un homme aveugle rescapé du suicide par trois femmes initiatrices. Une révélation.

 

Une écriture très élégante, ciselée, utilisant des mots très rares, surannés. Trois thèmes principaux : Eros, Thanatos et la création.

En général, Linda Lê propose surtout des huit-clos tout en clair-obscur, des duos ou des triades.

Nous sommes ici toujours dans le huit-clos familial mais l'espace s'élargit puisque l'auteur analyse toute une société en déliquescence, meurtrie par la violence sans nom d'une dictature dans la ville imaginaire de Zaropolis. Le pouvoir appartient au Grand guide, guignol fantoche et à son ministre de l'intérieur, Karachi, qui s'en prend indifféremment aux opposants, aux pauvres, aux femmes, aux vieillards.

  Une voix s'élève. Celle d'Una, mariée de force au sanguinaire Karachi. Elle s'est mariée pour sauver son père, un vieil astronome sénile. Cette voix s'exprime par l'intermédiaire de lettres envoyées à son frère adoptif, Andréas, comédien exilé, auteur de pièces subversives critiquant le régime. 

 

Una raconte son quotidien à son frère ; son refus de se donner à son monstre d'époux, son assistance quotidienne à son père sénile...et sa passion naissante pour un poète bien décidé à secouer le joug de la dictature. Lorsqu'elle tombe enceinte de lui, elle se décide à passer de l'autre côté, celui des opposants.

 

Deux atouts majeurs font le talent incontestable de Linda Lê : une écriture haletante mêlant mots rares, précieux et vulgaires ; la parole s'écoule sans fin, l'intrigue n'existe que par la voix des personnages.

 

Une atmosphère à nulle autre pareille, oscillant cette fois-ci entre (c'est mon avis personnel) un milieu futuriste digne d'une fin du monde horrible et une tragédie antique peuplée d'artistes.

 

Il est vrai que j'ai eu l'impression à plusieurs reprises de me promener dans un roman de SF, une ville proche de la fin du monde, avec ses habitants faméliques, horde sous le joug d'un dictateur éradiquant la race humaine.

 

Il y a bien sûr beaucoup de références aux tragédies antiques : Una est une nouvelle Antigone sacrifiée, sauvant son père invalide (Oedipe) et luttant en vain pour un ordre plus juste. Enfin, il y a toute une atmosphère magique peuplée de vieux scientifiques, de comédiens, de marionnettistes, d'arcomme dans les contes pour enfants.

 

Lecture assez ardue mais magique...

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 21:46

Editions de l'Olivier, 2010

 

La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique

 

Martin Page est connu pour ses personnages d'anti-héros fantasques, un peu paumés, à qui il arrive des aventures qui sortent de l'ordinaire.

Dans son dernier roman paru en janvier, il récidive en mêlant à la fois l'intime et le politique dans un récit conté toujours avec brio.

 

Tout commence comme un conte burlesque : un soir d'hiver avant Noël, "une matraque a rencontré un crâne" ! Traduction : un policier de Paris a commis une bavure en frappant Fata Okoumi dans le quartier de Belleville, une femme d'affaire africaine qui refusait de présenter ses papiers.

 

Mathias voit sa vie chamboulée par ce fait divers : petit fonctionnaire embauché à la mairie de Paris, chargé de préparer les discours du maire et de faire les enquêtes préliminaires nécessaires, il reçoit la charge de se rendre au chevet de la vieille dame pour écouter ses doléances et réparer l'outrage qui lui a été fait. On parle d'ailleurs de faire un grand discours sur la place de l'hôtel de ville et d'inaugurer une plaque...

 

Mathias est le héros type de Martin Page ; la quarantaine, aucune ambition, de l'embompoint (il fait retailler tous ses pantalons ce fameux jour et le tailleur est fermé ! Il se retrouve donc à quémander le pantalon du voisin et arrive en retard à son boulot !) et pourtant...il lui arrive des choses abracadabrantes...

 

Il se prend d'amitié pour cette milliardaire africaine qui va lui demander de faire disparaître Paris. Une requête terroriste ? Non, plutôt une demande d'une amoureuse de Paris. Mathias va donc se creuser les méninges pour réaliser le souhait de la malade et va voir son quotidien bouleversé.

 

Je vous laisse découvrir la suite. Sous ses allures décalées, ce roman propose un récit d'apprentissage doublé d'une analyse caustique de notre société médiatique et sécuritaire.

 

Une façon très décalée de redécouvrir Paris !

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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 20:31

RENTREE LITTERAIRE 2010

 

Retour aux mots sauvages

 

Editions Fayard, 2010

 

Avis unanime cette année : la rentrée littéraire est française (quasiment 500 titres sur 700) et marquée par les questions économiques et sociales ; on note un intérêt pour le monde de l'entreprise en crise.

Philippe Claudel,  dans L'enquête, aborde la question du suicide ; Nathalie Kuperman, dans Nous étions des êtres vivants met en scène un coeur de travailleurs qui doivent faire face à des licenciements massifs suite à une restructuration. Un  premier roman, Le front russe de Jean-Caude Lalumière qui présente avec humour une mise au placard...au ministère des affaires étrangères !

 

Thierry Beinstingel s'est fait un spécialiste de la mise en scène du monde du travail (CV Roman, Central) ; il s'attaque ici au scandale des suicides de la célèbre entreprise de télécommunication, jamais nommée, bien sûr.

Mais l''auteur va au delà d'un simple fait divers ; il s'agit d'analyser les répercussions psychologiques d'un changement de travail dans le milieu des seniors ; il est question du mental, mais aussi du corps et du langage.

 

Le "héros" n'est bien sûr jamais nommé ; c'est juste "le nouveau" et Eric, son nouveau prénom de téléopérateur. Car l'entreprise donne chaque année un nom d'emprunt à ses salariés commençant par la même lettre...

Le personnage est un senior en reconversion ; ancien électricien, plus à l'aise avec ses mains qu'avec sa langue, l'éternel taiseux doit désormais "faire manoeuvrer sa bouche" de façon automatique : "Bonjour, ici, Eric, que puis-je faire pour vous ?" ; il doit apprendre toute la logorrhée de l'entreprise, du marketing  ; il doit convaincre chaque client de prendre le contrat Optimum, Optimum plus....

 

Dans ce milieu, aucune place pour l'improvisation, la conversation...Jusqu'au jour où, n'en pouvant plus de cette dépersonnalisation, il se décide à rappeler un client, alors que c'est formellement interdit. Pendant ce temps, surgissent les premiers cas de suicides...

 

On est loin du reportage journalistique ou même de la grande épopée des luttes sociales, tel Les vivants et les morts de Gérard Mordillat.

Il s'agit avant tout d'analyser de l'intérieur les répercussions psychologiques et corporelles de la reconversion professionnelle tardive et obligée.

Eric est obsédé par le fait d'avoir ses mains ramollies, lui, l'artisan, qui a toujours connu ses mains noires et calleuses. Beinstingel expose toute une réflexion sur l'évolution de l'espèce humaine qui, passée de l'état sauvage à l'état civilisé, est passée de l'usage intensif des pieds (la chasse, la cueillette) à celui des cerveaux.

Eric, lui, se propose de retourner à l'état sauvage en pratiquant la course à pieds. Regrettant d'avoir les mains molles et la bouche sèche à force de parler, il se défoule sur les routes départementales.

 

Quant aux mots sauvages, il s'agit de la langue maternelle qu'il faut réapprendre pour communiquer avec les autres et s'accepter tel que l'on est devenu.

 

Un beau roman d'apprentissage chez le monde des seniors et bien plus qu'un récit sur les mutations et la crise du travail. Intéressant.

 

 

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 19:56

AVANT-PREMIERE RENTREE LITTERAIRE

 

 

Editions Albin Michel, 2010

 

Ce roman, qui m'a été présenté à la journée Rentrée littéraire de la revue Page des libraires en juin, concourt justement pour le Prix Page remporté en 2009 par L'annonce de Marie-Hélène Lafont.

 

Huit-clos, un homme animant des ateliers d'écriture...tout pour me plaire. Sauf que j'ai eu une grosse déception !

 

Tout concourt pourtant à en faire un très bon livre : un train est bloqué dans un no man's land, au milieu de la Sarthe ; un "incident de personne" a eu lieu, autrement dit, un homme ou une femme s'est jeté sur la voie.

 

Un homme monologue ; a côté de lui, une femme qui tape ses SMS.

Cette femme, nous ne saurons rien d'elle, à part qu'elle est consultante en développement personnel en entreprise.

Mais elle reste silencieuse...

 

Pour une fois, l'homme qui a tout perdu, l'éternel confident de sa famille, de ses amis et surtout des personnes en désérrance qu'il accueille lors d'ateliers d'écriture, va parler, va ouvrir la grande armoire, le coffre-fort, comme il le dit. Dans un espace-temps complètement flou, il livre à la femme tout son désespoir de vivre, la relation avec ses parents et le trop plein de malheurs qu'il côtoie lors des ateliers.

 

C'est plutôt bien écrit, il y a tentative de créer une atmosphère, à la limite du fantastique (les bruits que l'on entend contre le toit du train, les lueurs à l'extérieur...)...

 

Mais quelle désespérance !

 

Moi qui pratique un atelier d'écriture depuis 2 ans, je trouve dommage que l'auteur les ai vus uniquement sous l'angle "thérapeutique" : comment libérer toute sa souffrance, tous ses traumatismes.

 

Le narrateur lui-même devient malade de toutes ces confidences et devient à son tour un désespéré !

 

Eric Pessan reprend la marque d'une certaine littérature française de notre époque, comme par exemple Laurent Mauvigné dans Seuls

 

Mais je pense qu'il y manque quelque chose, un souffle. Je n'ai pas du tout adhéré au personnage à l'intérieur duquel il n'existe aucun "sursaut". Pas de compassion, pas d'identification...

 

J'attends de partager votre avis....

 

 

 

 

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 22:07

UN AVANT-GOUT DE LA RENTREE LITTERAIRE

 

 

Editions Sabine Wespieser, 2010

 

Comme j'ai pu bénéficier de la lecture sur épreuves cet été, je vous convie à une autre découverte d'un auteur assez confidentiel qui nous raconte sur une bonne partie du XXe siècle, l'histoire de ses grands-parents, Antonio et Isabel, issu du petit peuple espagnol républicain, ayant pris la fuite sous le régime franquiste et trouvant refuge en France.

 

Tout commence très loin, sur l'île de la Jamaïque : l'auteur est confronté à "un jeune de la radio" qui tient des propos négationnistes sur les camps de concentration. Choqué par cette attitude, il va décider de raconter l'histoire de ses grands parents espagnols...

 

Tout commence en 1917 ; Isabel part avec sa famille de son Andalousie natale, rongée par la pauvreté. Ayant acheté un bateau de pêche, ils partent pour Barcelone. Quant à Antonio, il quitte la campagne de la vallée de l'Ebre pour découvrir les richesses de la grande ville catalane.

A travers l'itinéraire de ces deux personnages qui vont s'aimer, l'auteur nous fait découvrir l'Espagne du petit peuple de la première moitié du XXe siècle, sa soif de connaissances, d'émancipation et de bonheur.

 

Dans cette description très réaliste, nous découvrons les vieux quartiers de Barcelone, les petits métiers et l'émergence d'une conscience politique.

Parallèlement, l'auteur nous raconte l'ascension de la famille Gillet, dans l'industrie de la soierie lyonnaise puis dans la chimie.

 

D'un côté, la lutte pour la République et un monde meilleur. De l'autre, le paternalisme conservateur et collaborationniste des grandes industries françaises.

Une belle évocation des luttes du XXe siècle et de son histoire politique, industrielle et sociale.

 

Cela aurait pu donner lieu à une vaste épopée. Au contraire, Vincent Borel évite le lyrisme en choisissant le ton du témoignage journalistique : nous apprenons des tas de choses sur l'histoire méconnue des réfugiés espagnols en France : installation dans des camps, déportations à Mathausen, attitude contradictoire du Front Populaire. Idem de la France industrielle.

 

L'écriture s'en ressent donc naturellement : phrases assez simples, évitant les métaphores.

 

Un beau roman tout de même, avec des personnages attachants et une foule de détails historiques.

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