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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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18 janvier 2006 3 18 /01 /janvier /2006 22:41

Grasset , 2003

Comme Le tableau du maître flamand, le livre que je vous propose ce soir n'est pas une nouveauté. C'est un très bon souvenir de lecture dont je me suis rappelée lorsque j'ai vu que Fernandez avait sorti un nouveau roman, Jérémie, Jérémie !.

Dominique Fernandez est un grand érudit, spécialiste de plusieurs villes d'Europe comme Naples. Vous pouvez consulter sa biographie sur le site :

http://perso.wanadoo.fr/calounet/biographies/fernandez_biographie.htm

Son oeuvre est à la frontière du roman et de l'essai puisque ce roman évoque la vie tumultueuse du grand peintre, Le Caravage, inventeur au 16e siècle du clair-obscur.

Garçon avec un panier de fruit

Fernandez met en scène avec brio et de manière très baroque le destin hors du commun de ce grand peintre courtisé dès son plus jeune âge par la Curie Romaine. Il devient l'un des protégés d'un célèbre cardinal. Mais il est impliqué dans une rixe et doit quitter Rome. Il prend alors la route de Milan puis de Malte où il parvient à entrer dans l'Ordre des Chevaliers de cette même ville. Mais au moment de son adoubement, il séduit un jeune page ce qui suscite un scandale. Il doit fuir à nouveau. Sa vie n'est alors plus qu'une succession de succès et de déréliction.

Insolence, violence, sexe caractérisent la vie du Caravage. Alors qu'il aurait pu mener la carrière d'un peintre officiel d'un pape ou d'un roi comme le ferons plus tard Rubens ou Velasquez, il n'a cessé de fréquenter les bas fonds. Fernandez analyse avec brio la psychologie tourmentée du génie tout en décrivant magnifiquement les différents chefs d'oeuvre du peintre.

Que les lecteurs sceptiques qui auraient peur de lire davantage un essai qu'un roman ne passent pas leur chemin: l'écriture est très belle et la vie du Caravage est un véritable roman plein de fureur! Sa vie s'adapte tout à fait au genre romanesque...

Amateurs d'Art, régalez-vous...

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17 janvier 2006 2 17 /01 /janvier /2006 22:55

L'Arche Editeur, 2005

Voici la pièce qui a fait scandale au dernier Festival d'Avignon: une pièce de l'un des plus grands metteurs en scène-chorégraphe-plasticien du monde. Il part du postulat suivant: l'homme est constitué à 75 % de liquide: larmes, sang, urine, sueur.. Mais la Raison occidentale a renié ses sécrétions en les rejetant du côté de l'animalité.

Le chevalier du désespoir, le personnage central, héros du Moyen Age est le Don Quichotte des sécrétions : Il est fier de ses larmes, de sa sueur et de son urine. Mais ses larmes ne sont pas comprises; avec le chevalier, deux autres personnages jouent un rôle: un chien, le philosophe grec Diogène qui cherche un homme; il n'en rencontre que de pâles copies, des êtres qui ont renié leur nature première. Puis il y a le rocher, figure féminine, Niobé, qui vit périr ses enfants et qui fut condamnée à devenir une roche aride.

Je ne me prononcerai pas sur la mise en scène que je n'ai pas vu à Avignon mais je trouve que le texte est d'une grande poésie incantatoire. Jan Fabre mélange le mythe et l'Histoire et nous fait prendre conscience que nous ne sommes pas un esprit désincarné comme voudrait nous faire croire la science.

Je vous laisse découvrir quelques extraits:

"Et on nous enseigne

ce qu'interdisent la loi et la coutume

que notre sueur

notre pisse

nos larmes

sont dangereuses

et ne doivent pas être vues

L'oeil de la Renaissance

ne peut-il concevoir cela...

"la sueur peut refroidir l'extase et transmettre l'amour

la pisse peut étouffer la mèche et éteindre le feu

Les larmes ont du pouvoir et le pouvoir de persuasion

Le corps qui pleure peut entraîner une transformation magique du monde....

Que notre fluide glacial

jaillisse de notre corps

que nos corps en pleurs comme des énergies pulsatiles, comme de sublimes oeuvres d'art

suscitent l'admiration, donnent du plaisir, apportent l'extase et transmettent la sagesse

sublimes oeuvres d'art qui sont inconsolables et impossibles à étancher..."

Un belle hommage rendu à nos sécrétions....

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17 janvier 2006 2 17 /01 /janvier /2006 21:52

Pendant de nombreuses années, j'ai acheté, acheté, acheté mes livres jusqu'à entasser et ne plus avoir de place.

Aujourd'hui, mes livres sont chez mes parents et moi, dans un studio !

Donc, j'ai trouvé la solution : je suis devenue bibliothécaire et j'emprunte, j'emprunte ....

Bon, d'accord, c'est pas pareil mais comme je suis toujours entourée de livres...

Aujourd'hui, en France, les emprunts représentent environ 1/3 des achats.

Et vous, achetez-vous ou empruntez-vous? Selon quelle proportion?

Prêtez-vous facilement vos livres à des amis? Inversement, en empruntez-vous à vos amis?

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16 janvier 2006 1 16 /01 /janvier /2006 22:50

Gallimard, 2000

Je continue à vous faire découvrir Sylvie Germain, mon écrivain favorite, avec Tobie des Marais, inspiré de la légende biblique du Livre de Tobie dans l'Ancien Testament :

"Tobie, Tobias, personnage de la Bible célèbre par sa piété. Emmené captif à Ninive après la destruction du royaume d'Israël par Salmanasar, il resta fidèle à la loi, et n'en acquit pas moins la confiance du roi, qui le fit son pourvoyeur; mais il déplut au successeur de ce prince, Sennachérib, par les bons offices qu'il rendait à ses concitoyens malheureux, et fut obligé de fuir pour sauver sa vie. Rétabli dans ses biens à la mort de Sennachérib, il continua ses bonnes œuvres; mais il eut le malheur de devenir aveugle, malheur qu'il supporta avec résignation. 

Quatre ans après, son fils, chargé par lui d'aller à Ragés redemander à Gabelus une somme de 10 talents qu'il lui avait prêtés, fit rencontre de l'archange Raphaël, qui s'offrit à lui sous un déguisement pour compagnon de voyage. Par ses conseils, le jeune Tobie tira de l'eau un énorme poisson dont il mit à part le fiel, et, de retour à la maison, il frotta les yeux de son père avec le fiel de cet animal, et lui rendit ainsi la vue.  " (http://www.cosmovisions.com/$Tobie.htm) "

Sylvie Germain va s'inspirer de ces deux personnages pour peindre une magnifique histoire de deuil et de rédemption. Comme toujours, la mort , le destin et la malédiction sont les maîtres mots du roman. On ajoute une dose de mysticisme et de rédemption et on retrouve le style inimitable de Sylvie Germain.

Tout commence un soir où le jeune Tobie s'enfuit de chez lui après que son père l'en ait chassé. Une tragédie a bouleversé à tout jamais la raison du père. Anna, la mère, a été décapitée alors qu'elle était sur son cheval. On ne retrouvera jamais la tête... La malédiction qui pèse sur cette famille continue à jouer des tours: Deborah, l'arrière grand-mère de 90 ans, se rappelle les morts de la famille condamnés à rester sans sépulture: son mari mort dans les tranchées, sa fille morte dans les camps et enfin Anna au cadavre incomplet.

Théodore, le père,  deviendra impotent suite à une attaque.C'est Deborah, la centenaire, qui élèvera son arrière petit fils au bord du Marais Poitevin et l'initiera au dialogue avec les morts. Des années plus tard, Tobie devra faire ses preuves en quittant le pays des marais pour récupérer une somme prêtée par son père à un ami. Il va rencontrer sur son chemin l'archange Raphaël qui le guidera sur les chemins de la rédemption... Sur le chemin l'attend Sarra, une autre créature poursuivie par une autre malédiction : celle de faire mourir les jeunes hommes amoureux....

Les deux êtres de malédiction uniront leur destinée et renaîtront à la vie....

Comme toujours avec cet auteur, nous avons l'impression de lire une légende ou un conte: l'apparition de la mère décapitée sur son cheval nous plonge dans un univers fantastique, les contes yiddish d'Europe Centrale nous familiarisent avec le folklore juif. Tout cela accompagné de citations de la Bible et des descriptions magiques de l'univers des marais et de l'estuaire de la Loire. L'envoûtement est certain...

On dit souvent que l'oeuvre de Sylvie Germain est très noire: il est vrai que la base de tous ses romans est le deuil, le mal, la guerre ou la malédiction. Mais c'est une oeuvre de clair-obscur car la rédemption, l'éclat de lumière ne sont jamais loin. Ici, c'est Raphaël et Sarra qui éclairent le noir destin de Tobie...On retrouve ce jeu d'ombre et de lumière dans la légende de Tobie: alors que dans l'Ancien Testament, Tobie fait recouvrir la vue à son père grâce à un coeur de poisson, dans le roman, la recouvrance de la vue devient celle de la vie; au retour du fils prodige, tout s'illumine..

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16 janvier 2006 1 16 /01 /janvier /2006 19:52

Une fois n'est pas coutume, à la rentrée littéraire de septembre, s'ajoute celle de janvier : 552 nouveautés dont 365 romans français, 187 romans étrangers et 77 premiers romans.

Parmi les premières critiques, j'ai remarqué quelques petits bijoux qui m'attirent...

LITTERATURE FRANCAISE

Tout d'abord, l'incontournable Jean Echenoz avec son Ravel (Editions de Minuit) : la biographie romancée des dix dernières années de la vie du célèbre compositeur du Boléro. Biographie que l'on attend bien sûr iconoclaste en connaissant Echenoz. ...Tout commence dans le bain du compositeur...

Viennent ensuite d'autres talents confirmés comme par exemple Dominique Fernandez avec Jérémie, Jérémie ! (Grasset)du nom de la bourgade d'Haïti où est née la grand-mère d'Alexandre Dumas. Un étudiant passionné par Dumas part pour Haïti en mission humanitaire...Il découvre l'univers de la grand mère du grand écrivain et les manigances commerciales des ONG. Un roman qui paraît passionnant et très riche ( vie de Dumas, mondialisation, découverte d'Haïti)

Enfin, en Littérature Française, un écrivain moins connu, Patrick Roegiers qui signe Le cousin de Fragonard ( Le Seuil), celui du célèbre peintre, passionné d'anatomie: il s'est voué toute sa vie à l'exploration des chairs, des peaux et des dépouilles en cotoyant vétérinaires, tanneurs et grands érudits. Il peindra de fameux écorchés. Cotoyant Chardin, Diderot, David et Watteau, il est l'homme des ténèbres à l'heure du siècle des Lumières; il côtoie cimetières, morgues et charniers au service de la science....

LITTERATURE ETRANGERE

Un talent confirmé, celui du japonais Haruki Murakami et signe un roman freudien, Kafka sur le rivage (Belfond): le jeune Kafka quitte son village car on lui a prédit qu'il tuerait son père et coucherait avec sa mère et sa soeur. Il se réfugie dans une bibliothèque où il trouve un emploi. Un jour, il se réveille le tee-shirt ensanglanté. Au même moment, son père est assassiné. Qu'est-il arrivé pendant son rêve ? Un vieil homme simple d'esprit va le rejoindre pour tenter de l'initier à certains mystères...

Enfin, une découverte de l'éditrice Sabine Wespieser , Terre des oublis de la Vietnamienne Duong Thu Huong , sur l'après guerre du Vietnam ; cet écrivain est une dissidente qui a connu la prison pour avoir dénoncé la misère du peuple et la condition des femmes.

L'héroïne Mien a vu son mari partir très jeune à la guerre. Il est porté disparu mais son corps n'a jamais été retrouvé. Après des années de veuvage, elle se remarie avec un riche commerçant ; ensemble, ils ont un fils. Mais un jour, le vétéran martyr réapparaît; son la pression de la communauté, Mien est obligée de retourner vivre avec son ancien mari meurtri par la guerre. L'écrivain met en lumière les interrogations et le désespoir des trois protagonistes....

Voici mon programme de lecture... Et vous, qu'avez-vous découvert comme nouveautés ?

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15 janvier 2006 7 15 /01 /janvier /2006 23:32

Grand prix de littérature policière 1993

Non, non, ce n'est pas une nouvelle lecture, juste un grand souvenir datant d'il y a quatre ou cinq ans !

Perez Reverte, d'origine colombienne, m'enchante avec ses intrigues mêlant suspense et érudition. Roman Polanski a adapté l'un de ses romans Club Dumas sous le titre La neuvième porte. Je vous en parlerai dans un prochain article. ..

J'ai découvert le talent de Perez Reverte avec Le tableau du maître flamand : Julia, restauratrice de tableaux, se voit confier par un homme uue oeuvre peinte au XVIe siècle sous le titre de La partie d'échecs; un seigneur et un chevalier jouent aux échecs sous le regard d'une femme mystérieuse toute habillée de noir.

Au dos du tableau, Julia découvre une phrase en latin signifiant "Qui a tué le cavalier? " En faisant des recherches, elle s'aperçoit que l'un des joueurs est mort mystérieusement deux ans avant que le peintre peigne la scène. Et la voila décidée à résoudre l'énigme à trois siècles d'intervalle. Et si la solution était dans la partie d'échecs du tableau. Julia va continuer la partie...

C'est alors que des meurtres mystérieux touchent les proches de la restauratrice. Passé et présent s'entremêlent pour notre plus grand plaisir ! Qui a intérêt à ce que le meurtrier du chevalier ne soit pas découvert? Est-ce un jeun ou l'oeuvre d'un psychopate?

Un être mystérieux lui envoie des schémas de jeux d'échec. A elle d'avancer pas à pas jusqu'à la solution.Moi qui ne connais rien aux échecs, je n'ai à aucun moment été déconcertée par les schémas qui reviennent. J'ai d'abord été séduite par l'érudition, le suspense et surtout l'analyse psychologique fine des personnages. La fin réserve de multiples surprises et bluffe vraiment le lecteur !

C'est la couverture du livre qui m'a attirée en premier lieu; l'un des personnages est le chancelier du célèbre tableau de Van Eyck, La Vierge et le chancelier Rolin.

Plus qu'un roman policier, sans doute le meilleur roman à suspens que j'ai jamais lu !

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12 janvier 2006 4 12 /01 /janvier /2006 22:39

Taifu Comics, 2005 (paru au Japon en 1949)

Voici l'un des grands classiques du plus grands des mangakas japonais. Cette oeuvre a été écrite entre 1947 et 1949, soit trois ans après Hiroshima. On y retrouve ainsi la peur des progrès techniques qui pourraient entraîner la fin de l'humanité.

Vingt ans après le film de Fritz Lang (1929), Tezuka reprend très peu d'éléments du film même si l'histoire est centrée sur la vie d'un petit robot : Mitchii, le fabuleux androïde créé par le professeur Lawton, est convoité à des fins criminelles par l’infâme Duc Rouge. Celui-ci se livre également à de diaboliques expériences qui donnent vie à des rats monstrueux, et il est responsable du développement de taches noires à la surface du soleil qui menacent la Terre de disparition. Il a construit une cité souterraine où il exploite une armée de robots au travail. Des animaux deviennent immenses et menacent les humains.

A la mort de son père-créateur, Mitchii va être activement recherché par le Duc Rouge. Mitchii, le petit robot, ne sait rien de sa nature; pour ses camarades, il n'est qu'un petit garçon aux pouvoirs superpuissants.  Son désir le plus cher est de connaître son vrai père. Mais lorsqu'il découvrira sa véritable nature, sa vengeance sera terrible...

Le grand talent de Tezuka réside dans le fait qu'il a humanisé profondément le robot; ce n'est qu'un petit garçon victime du destin qui nous touche profondément.

On retrouve fortement l'influence américaine de Tezuka: des rats énormes ressemblent à et s'appellent Micheytus Disneytus !!!! Les dessins sont très naïfs: des petits bonhommes joufflus aux gros ventres s'affrontent avec humour ! Même Sherlock Holmes est de la partie ! L'humour succède brillamment à l'émotion...

Mais l'intrigue se fait de plus en plus noire: le petit robot prend la tête de l'armée de ses semblables pour se venger des humains ...en vain

On retrouve l'humanisme profond du grand maître: réflexion sur les risques technologiques pour l'homme et refus de toute soumission, y compris celle des robots aux humains.

A noter que ce manga a été adapté en dessin animé en 2003 par Otomo, l'auteur d'Akira.

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12 janvier 2006 4 12 /01 /janvier /2006 20:49

Julliard, 1952

 

Salué comme une révélation en 1952, Le Requiem des innocents est le premier roman de cette auteur d’origine italienne , né à Turin en 1928 et mort en France en 1994. Son œuvre encore largement méconnue par le grand public est considérée comme l’une des plus importantes du 20e siècle.

Sur cette œuvre, souffle un parfum de scandale. Dans La mécanique des femmes, il met en scène plusieurs figures féminines qui évoquent sans pudeur leur sexualité. Son autobiographie Septentrion censurée pendant plusieurs années pour avoir mis en avant la sexualité et la violence est considérée comme un chef d’œuvre.

 e vous propose de découvrir Requiem des innocents, le récit autobiographique de son enfance d’immigré italien dans la « zone » de Lyon, lieu du nom droit et de la violence. Y règne sans partage la violence, la sexualité, l’alcoolisme et la saleté.

 Tout commence par une insulte à la bonne conscience bourgeoise : Calaferte, le seul élève à obtenir son certif, le déchire avec fierté devant le directeur de l’école !!!

 Oubliez les récits de l’enfance fondés sur les beaux souvenirs nostalgiques ! Ce livre est plutôt l’héritier de Vallès avec la misère en plus. L’enfant n’est pas un être innocent mais au contraire une créature vile qui n’hésite pas à violer les petites filles et maltraiter les handicapés….Ce livre a dû faire un drôle de scandale dans les années 50….

Calaferte n’hésite pas à traiter sa mère rétrospectivement. Deux sentiments dominent le livre : la révolte d’appartenir à un milieu déchu, réduit à l’animalité mais aussi la fierté à apprendre la vérité de l’homme au cœur de la misère.

 La langue violente et argotique respire l’authenticité et la révolte. Ce livre peut faire penser à un titre plus actuel, Le gône du Chaaba de Azouz Begag , récit d’une enfance dans un bidonville de Lyon. Mais Calaferte refuse tout système scolaire alors que le petit Azouz s’intégrait grâce à l’école.

 Un livre primordial, la voix du peuple déchu érigée en chef d’œuvre….

 Voici quelques extraits :

 « Pour toucher, pour voler un peu de vérité humaine, il faut approcher la rue. L’homme se fait par l’homme. Il faut plonger avec les hommes de la peine, dans la peine, dans la boue fétide de leur condition pour émerger ensuite bien vivant ;, bien lourd de détresse, de dégoût, de misère et de joie. Avec les hommes de la peine, il faut vivre dans le coude à coude. Mélanger aux leurs sa sueur…Toucher leurs plaies des cinq doigts, boire à leurs verres, pleurer leurs larmes, faire gémir leurs femmes , partager leurs pauvres espoirs et leurs petits bonheurs »

 «  Vous pouvez m’appeler, je n’aime bien que la misère des hommes. C’est un bout de notre vérité, la misère. Ca vous fait tenir les yeux écarquillés. Ca vous détruit. Ca vous réforme. C’est mâle la misère. C’est exigeant. »

 «  Alors moi, aujourd’hui, je vous crie salauds à vous deux. Toi, ma mère, garce, je ne sais où tu es passée. Si tu vis quelque part, sache que tu peux m’offrir une joie. Celle de ta mort. Garce ! Il fallait recouvrir à l’hygiène. Il fallait me tuer. Il fallait ne pas subir cette petite mort de mon enfance, garce ! Si tu n’es pas morte, je te retrouverai un jour et tu paieras cher, ma mère. « 

 

«  C’était plein de chuchotements, de petits cris du ventre, de sons mats, de souffles rapides. C’était l’amour des bêtes. L’amour primitif enveloppé de nuit, de pauvreté, de saleté. Son aspects brutal, possesseur, égoïste, largement mis en évidence par cet obscur besoin que nous avions tous de nous avilir, de nous déprécier »

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11 janvier 2006 3 11 /01 /janvier /2006 11:03

THEATRE JEUNESSE

Arche Editeur, "Théâtre Jeunesse", 2001

Après Le gardeur de silences, j'ai choisi de vous présenter une autre pièce jeune public de Fabrice Melquiot, auteur prolifique aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes.

L'histoire se passe à Naples et raconte la vie de deux amis d'enfance: Mimmo, devenu policier, incarne la raison alors que Perlino Comment est un personnage hurluberlu, vendeur de parasols. Nous les suivons des bancs de l'école à la vieillesse et à la mort en passant par les conquêtes amoureuses.

Quelle originalité, quelle poésie ! Nous avons l'impression d'assister à la représentation d'un conte plutôt qu'à une pièce de théâtre.

Le personnage de Perlino est une pure merveille de sensibilité et de fantaisie. Alors qu'il perd la mémoire suite à une maladie, il décide de partir à la recherche des émotions pures " : "On ne vit bien qu'avec elles, avec leur souvenir au moins. Le souvenir des émotions pures de quand on est petit. Sinon être grand est une chose trop dure, c'est de l'escalade et on tombe, on se brise les jambes." Quelle merveilleuse description de l'enfance....Il va donc observer les visages de la colère, de la tristesse et de la joie... grâce au visage d'Alba, une petite fille pour qui il va construire une machine volante:

"Alors, la joie pure, c'est de pouvoir s'envoler très près du ciel, ouvrir la bouche et gober les nuages nains, les oiseaux qui fredonnent à l'oreille des chansons de tous les pays où ils ont migré et je comprends toutes les paroles ...et je vole sans me poser , je vole comme si je n'avais pas de pattes..."

Alba s'envole dans le ciel et redescend lorsqu'elle est en âge de se marier avec Perlino...Pendant ce temps, il écrit des poème à une statue qui lui ressemble.

Une fois mariés, Perlino utilisera de milles stratagèmes pour préserver son amour: il repeint toutes les
pièces, fait déménager les voisins...A l'heure de la mort, Perlino part faire une croisière sur les Iles Eoliennes. Et si la mort était une croisière, et le paradis une plage?

Melquiot nous embarque dans un monde enchanteur où chaque période de la vie est une véritable voyage. Ce jeune auteur né en 1972 n'a pas fini de nous étonner. Sa pièce Bouli Miro est déjà au répertoire de la Comédie Française...

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9 janvier 2006 1 09 /01 /janvier /2006 20:23

Editions Phase deux, 2005

Voici un curieux roman paru aux Editions Phase deux, anciennement Verticales après leur rachat par Gallimard. On sait que Bernard Wallet, le directeur de cette édition, privilégie les oeuvres originales en refusant la facilité et les coups éditoriaux.

Avec Camille de Toledo, nous ne sommes pas déçus ! L'auteur nous fait pénétrer dans un univers baroque et kitch, dominé par Léopold William Kacew, directeur d'une entreprise créant des "désirs sucrés" à savoir des confiseries aphrodisiaques.

A Paris-Texas, réplique de Paris dans l'Amérique profonde, tout n'est qu'orgasme et volupté. Mais la réaction guette, incarnée par la figure du moine, prônant l'abstinence. Celui-ci déchaîne des catastrophes naturelles...

Ce récit fantastique n'est bien sûr pas daté: on peut évoquer un récit d'anticipation ou au contraire une métaphore de notre société actuelle: la société de consommation est arrivée à son summum et  le terrorisme fait son apparition pour instaurer un ordre chaste. Mais ce monde décrit peut aussi évoquer les grands conflits religieux du Moyen-Age...

La fin évoque l'apocalypse ou le déluge. Camille de Toledo crée un univers déjanté avec des personnages burlesques afin de dénoncer les dérives actuelles.

Un bon cru même si l'on peut être énervé par cet excès d'esprit baroque !

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