Je vous avais déjà parlé d'Ousmane Sembene dans un article consacré à la littérature africaine. Ce grand bonhomme sénégalais de plus de 80 ans est à la fois écrivain et cinéaste.
Autodidacte, tirailleur sénégalais pendant la Seconde Guerre Mondiale, docker à Marseille, il dénonce dans ses films et dans ses livres engagés les avatars de la colonisation mais aussi les rapports entre l'élite noire et le petit peuple.
Je vous avais présenté le 8 juillet le formidable roman Xala se moquant d'un homme d'affaire souffrant d'impuissance.
J'ai vu hier son plus célèbre film(l'un des plus connus du continent africain), Le Mandat réalisé en 1968. L'intrigue montre bien les nouveaux rapports de force existant au sein de la nouvelle société sénégalaise indépendante : un homme au chômage reçoit un mandat de son neveu parti travailler à Paris. Mais ce dernier s'affronte à l'administration kafkaïenne qui refuse de lui délivrer son mandat car il n'a pas de carte d'identité.
Il va donc déambuler dans Dakar à la recherche d'un extrait de naissance, ce qui est difficile lorsqu'on ne sait pas lire...Il va demander de l'aide aux notables locaux qui vont davantage cherchés à l'arnaquer qu'à l'aider...
Le pauvre va également devenir la "star" du village : les villageois vont lui demander de l'argent. Ce dernier n'ayant pas pu toucher le mandat, il devient la risée de la petite communauté.
Ousmane Sembene dénonce avec virulence les nouveaux rapports sociaux : l'exploitation n'est plus l'adage des blancs mais d'une nouvelle élite noire qui exploite le petit peuple. Egalement une fable acerbe sur l'image de l'argent.
A signaler aussi le film Mooladé paru sorti en salle en 2005 , vibrant réquisitoire contre l'excision.
Mon prochain flm: Le camp de Thiaroye qui conte la révolte des tirailleurs sénégalais démobilisés en 1946 sans obtenir de compensations financières ni de décorations....