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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 22:16

ANGLETERRE

 

http://www.editionsphebus.fr/data/img_couv/9782752909824.jpg

 

Editions Phébus, 2014

 

Voici un petit roman de 160 pages, un bijou d'originalité, première traduction française d'une auteure anglaise.

 

Avant d'en parler, je vous laisse déguster la première page :

 

" ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main

nous sommes en l'an de grâce mille huit cent trente et un, j'ai quinze ans et je suis assise à ma fenêtre. Je vois beaucoup de choses. je vois les oiseaux qui piaillent dans le ciel. je vois les arbres je vois les feuilles

et chaque feuille a ses veines

chaque tronc a ses fissures

je suis pas très grande et mes cheveux ont la couleur du lait

je m'appelle mary et j'ai appris à écrire mon nom m.a.r.y ce sont les lettres de mon nom

je vais vous raconter les choses telles qu'elles sont arrivées.....

 

Voici donc Mary, jeune fermière, cadette d'une famille de 4 filles.  Elle n'a jamais quitté la ferme ce qui ne l'empèche pas d'avoir une langue bien pendue et une belle acuité du regard....même avec sa jambe boiteuse. Son père, paysan violent, la place chez le pasteur du village, trouvant ainsi une nouvelle source de revenus....

 

Dans la maison du pasteur, elle va alors découvrir un monde inconnu ; alors que la maîtresse de maison ne tarde pas à mourir, le pasteur Graham, suspectant une curiosité énorme chez la petite, va lui apprendre à lire. Tous les soirs, il lui donne rendez-vous....

 

Mary raconte un an de sa vie, un an de son apprentissage. Avec son langage bien à elle, tout en spontanéité, sans majuscules, sans fioritures.

 

L'analyse fine des choses et des êtres pourrait finalement lui porter préjudice...

 

Le roman prend alors un tournant inattendu auquel le lecteur ne s'attend pas...

 

Saluons la prouesse de l'écriture de ce court récit qui va à l'essentiel. Le lecteur mesure aussi bien la lucidité de la narratrice que sa sincérité.

 

Le découpage des chapitres en saison donne un caractère poétique au récit, passant de l'espoir au tragique.

Une belle histoire d'un "coeur simple".

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 21:11

ETATS-UNIS

 

http://www.froggydelight.com/images/aout2014/joyce_maynard.jpg

 

EDITIONS PHILIPPE REY, 2014

 

J'ai eu l'occasion de rencontrer Joyce Maynard au Festival America de Vincennes fin septembre ; elle m'a dédicacé son dernier ouvrage avec un grand sourire, une bonne dose d'énergie, dans une langue française parfaite...qu'elle me déclara avoir appris en lisant les traductions françaises de ses romans !

 

http://micmelo-litteraire.com/wp-content/uploads/2014/07/Joyce-MAYNARD.jpg

 

Derrière ce joli visage blond de 60 ans qui en paraît 10 ou 15 de moins, se cache un écrivain très sensible qui fait de magnifiques portraits d'adolescents.

 

L'homme de la montagne, sa dernière publication, est à la fois une enquête policière et un thriller psychologique...raconté par la fille aînée de l'inspecteur chargé de l'enquête, 30 ans après les événements. 

 

Cet été là, à San Francisco, Rachel, 13 ans et Pattie, sa petite soeur, s'ennuient. Leur mère, neurasthénique depuis la sépration d'avec son mari, n'a même plus les moyens de se payer une télé. Alors les deux adolescentes se promènent dans le village, regardent la télé des voisins cachées dans les jardins ou font jouer leur imagination...faire les mortes par exemple.

 

Jusqu'au jour où elles vont êtres bien occupées par une série de meurtres de jeunes femmes, étranglées et violées par le mystérieux "homme des montagnes".

 

L'inspecteur Torricelli, le père des deux fillettes, est chargé de l'enquête. Ce dernier est le héros de la localité ; très bel homme, homme à femmes, c'est aussi un policier hors pair. Pour ses filles, cette enquête va être pour leur père l'occasion de montrer tous ses talents. Sauf que l'enquête piétine...le père devient de plus en plus stressé, accaparé par ces meurtres à répétition. Les jeunes filles, profitant d'abord du contexte (elles sont les filles du grand inspecteur, elles savent presque tout de l'enquête, et puis tout d'un coup, elles n'ont plus de copains...), vont être ensuite mises au ban puisque rien n'est résolu.

 

Alors, voulant à tous prix sauver leur père, l'aider, elles vont s'aventurer sur un terrain dangereux en menant leur propre enquête...

 

Joyce Maynard nous livre un récit riche en rebondissemets. Elle sait parfaitement éveiller les soupçons de ses lecteurs en les entrenant sur de fausses pistes.

 

Suspense mais aussi et surtout une très belle déclaration d'amour, une ode aux liens filiaux et fraternels. Un cri d'amour pour un père, une soeur. Chaque ligne, chaque paragraphe magnifie les relations de ce trio. L'auteur excelle en décrivant les états d'âme des deux jeunes filles aux prises avec une imagination qui peut se développer à leurs dépens. Jalousie, fantasmagorie, corps qui muent...Un magnifique portrait d'une famille déboussolée.


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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 19:22

ETATS-UNIS

 

http://www.lesechos.fr/medias/2014/09/04/1035664_le-wild-west-show-de-philipp-meyer-prix-lucien-barriere-a-deauville-web-0203721708082.jpg

 

Editions Albin Michel, Collection "Terres d'Amérique", 2014

 

C'est l'un des grands romans américains de cette rentrée littéraire (Avec le James Salter et le Tim Gautreaux)...que dis-je, plutôt une grande fresque, une épopée de 700 pages, qui se dévore très facilement.

 

On y voit déjà un grand film, je crois même que c'est déjà en cours...

 

Philipp Meyer, qui n'en est qu'à son 2e roman (finaliste du Prix Pulitzer) , retrace l'Histoire du Texas de 1830 à nos jours, de sa fondation à septembre 2011. Et quelle histoire ! Une terre sauvage qui a été conquise succesivement par les Indiens (Apaches, Commanches), par les Espagnols, par les Mexicains et..par les Américains. C'est en 1845 que le Texas devient américain mais le "Frontière" est disputée par les Mexicains. S'en suit une guerre Mexique/Etats-Unis où les Américains seront victorieux. Mais pendant des dizaines d'années, les Indiens, Mexicains et Américains se sont disputés la Terre, la Frontière et ses richesses...en s'entretuant.Une guerre de possessions.  C'est ce que raconte Meyer avec brio dans ce brillant western où l'on est loin des méchants cow boys et des gentils indiens. Les différentes communautés se ressemblent un peu finalement....

 

Trois ou quatre générations où se joue toute l'histoire du Texas et la naissance de ses richesses : la conquête de l'Ouest avec les conflits dans des terres encore giboyeuses où gambadent bisons et cerfs, la création des grands ranchs des éleveurs, les débuts du forage pétrolier, puis une terre dévastée par une surexploitation des ressources...les riches Texans n'ont alors plus qu'à investir au Vietman et dans le Golfe...

 

Mais revenons plutôt à nos trois principaux personnages. Meyer a choisi une forme polyphonique à la Faulkner pour évoquer ce vieux Sud : les trois personnages se succèdent à chaque fois dans 3 ou 4 chapitres : 1830, 1915, 1943, 2011....puis on revient aux années 1830. Cela donne un rythme particulier au récit, fait d'actions clés et de ralentissements. On s'attache d'autant plus aux personnages.

 

Il y a donc Elie McCullough, pionnier enlevé par les Indiens Commanches vers 7 ou 8 ans. Il vivra parmi eux pendant des années, gardant toujours la nostalgie de cette vie sauvage. Ne pouvant se faire à la vie urbaine, il s'enrolera chez les mythiques Texas Rangers, qui défendent la frontière contre les Mexicains et les Indiens. Puis viendra le Guerre de Sécession où il s'illustrera et l'édification de son Empire, celui de l'élevage. Un succès gagné par le vol de terres, par le sang...

 

Les années 1915/1917, la parole est donnée au Fils, Peter, qui incarne la mauvaise conscience face aux exactions de son père. Marqué à tout jamais par la disparition programmée d'une famille de pionniers hispanomexicains, il tombera amoureux d'une cousine de cette famille à ses riques et périls...

 

Enfin, 3e personnage, l'arrière-petite fille, Jennie, l'héritière de son grand-père, qui bâtira de ses propres mains un vaste empire pétrolier.

 

Des vies d'une richesse incroyable où une épée de Démoclès menaçante plane au dessus de leurs têtes..On pense à une tragédie antique comme la famille des Atrides où le sang appelle le sang. Meurtres, vengeances...de générations en générations ; les descendants n'en sont que plus exposés.

 

Meyer prend son temps pour planter le décor ; le lecteur s'attache d'autant plus aux personnages. Il évite soigneusement tout misérabilisme ; indiens, mexicains, américains ont chacun leurs idéaux, leur soif de possession, leur violence.

 

L'écriture est très fluide tout en faisant la part belle à l'intériorité des personnages (discours omniscient, 1ère personne, journal intime..). Ce style très cinématographique nous fait déjà penser à un beau western moderne...

 

Cette grande fresque est à rapprocher d'une autre très grand titre de cette année : Dans le grand cercle du monde de Joseph Boyden, l'histoire de la conqête du Canada. Autre époque, autres peuples mais rêves similaires...


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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 22:03

RENTREE LITTERAIRE 2014

 

ETATS-UNIS

 

http://www.babelio.com/couv/CVT_Retour-a-Little-Wing_6337.jpeg

 

Editions Autrement

 

Voici en avant-première une petite pépite américaine qui paraîtra fin août. Premier roman d'un auteur né en 1979, ses droits d'adaptation viennent d'être achetés par la Fox.

 

A travers une très belle histoire d'amitié entre 4 gars trentenaires du Middle West, l'auteur fait l'éloge des valeurs américaines de partage et d'entraide qui soudent ces petites communautés.

 

"Pour moi, c'est ça, l'Amérique : des pauvres gens qui jouent de la musique, partagent un repas et dansent, alors que leur vie entière a sombré dans le désespoir et dans la détresse telle qu'on ne penserait jamais qu'elle tolère la musique, la nourriture ou l'énergie de danser. On peut bien dire que je me trompe, que nous sommes un peuple puritain, évangélique et égoïste, mais je n'y crois pas. Je refuse d'y croire"

 

Ainsi parle Lee, la rock star adulée qui revient à Little Wing, petite bourgade paumée du Wisconsin, près des Grands Lacs. Des champs de maïs à perte de vue, des commerces qui ferment les uns après les autres à part un bar miteux, un vieux silo à grains où l'on monte le soir pour admirer le soleil couchant...et surtout 4 amis inséparables qui se retrouvent au mariage de l'un d'eux dans leur village d'origine.


Hank, le fermier chef de famille et amoureux fou de sa femme Beth. Ronny, champion de rodéo qui est à moitié handicapé depuis une nuit de saoulerie. Keep, le courtier qui a décidé de transformer l'ancienne coopérative en lieu de divertissement. Et enfin, Lee, la rock star qui a parcouru le monde mais qui aime se ressourcer dans son village d'origine.

 

Chacun va s'exprimer à tour de rôle avec une sincérité à toute épreuve en parlant de ses bonheurs, de ses doutes, de la force de cette petite communauté rurale. Malgré leurs parcours et leur personnalité si différente, ils sauront faire perdurer le lien qui les unit malgré les mauvaises surprises...

 

L'auteur retranscrit à merveille l'atmosphère du Middle West où la pauvreté des moyens est contrecarrée par une solide communauté. Il y a aussi la description si réaliste de cette génération de trentenaires qui se cherche : échec des mariages, besoin ou non d'une descendance, hésitation entre matérialisme et spiritualité....

 

La langue employée est vive et simple, les dialogues regorgent de tendresse et d'humour.

 

Un roman très frais à déguster cet été pour un grand bol d'humanité.

 


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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 14:18

ETATS-UNIS -PREMIER ROMAN

http://cache.20minutes.fr/illustrations/2014/01/10/douze-tribus-hattie-1471091-616x0.jpg

 

Editions Gallmeister, 2014

 

Ce premier roman afroaméricain est un chef d'oeuvre ! Considérée comme l'héritière de Toni Morrison, Ayana Mathis signe une saga très émouvante sur une famille afroaméricaine de 1925 aux années 80. Gros succès aux Etats-Unis et traduction en seize langues...

 

En 1925, Hattie est une toute jeune femme de 17 ans lorsqu'elle quitte sa Géorgie natale et le régime ségrégationniste pour une vie meilleure dans le Nord des Etats-Unis. A Philadelphie, elle rencontre August avec qui elle se marie. Le roman s'ouvre sur un espoir, une promesse : la naissance de jumeaux, Philadelphia et Jubilee. Mais les espoirs ne seront bientôt qu'un lointain souvenir...Suivront 10 autres enfants et petits enfants....12 tribus, 12 destins chamboulés qui incarneront les déceptions de toute une génération.

 

Ce roman est l'histoire d'une mère qui se "cadenasse" de l'intérieur, qu'on dit revèche et mal aimante, mais qui s'est sacrifiée toute sa vie pour élever ses enfants malgré le manque de moyens, malgré la pauvreté; des enfants qu'il fallait sauver de la maladie, des influences extérieures néfastes. Alors pourquoi être tendre, dit-elle puisque le monde n'est pas tendre avec vous.

 

10 chapitres, 12 enfants. 1948, 1950, 1951,1954, 1968, 1969, 1975, 1980. A chaque période, un enfant, homme ou femme. Retour aux sources avec le jazz ou les missions évangélistes, guerre du Vietnam.....Femmes s'élevant dans la société mais ne gagnant pas le bonheur pour autant, ou sombrant dans la déchéance la plus totale.

 

Tels sont ces itinéraires poignants de cette descendance maudite. Hattie apparaît souvent en second plan, comme un personnage haï, jalousé. Mal aimante parce qu' âme forte. Roc indestructible, cachant ses sentiments pour ne pas montrer sa détresse. Un grand personnage romanesque, l'un des plus marquants qu'il m'ait été donné de découvrir ces dernières années.

 

Le tout raconté avec une belle dignité, sans misérabilisme. Refusant le lyrisme d'un gospel larmoyant,  l'auteur conte traditionnelement à la troisième personne, simplement, alternant avec les dialogues des différents personnages. La souffrance est là, bien réelle, mais comme apprivoisée par une langue sans fioriture. Cette simplicité n'en fait que ressortir des scènes poignantes magistrales. Un roman universel sur le destin d'une vie exemplaire. Magique !

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 19:17

CANADA

 

http://lettresexpres.files.wordpress.com/2014/04/danslegrandcercle.jpg

 

Editions Albin Michel, 2014

 

De Joseph Boyden, je n'ai lu que très récemment son chef d'oeuvre Le chemin des âmes, premier roman datant de 2006 sur l'enrôlement de 2 indiens tireurs d'élite dans la Première Guerre Mondiale.

 

Son troisième opus m'a laissée quasiment "insensible" au début (630 pages...) puis on se familiarise finalement avec les personnages, avant d'assister à un final poignant dont on se souviens longtemps, je pense...

 

Ce roman allie le lyrisme traditionnel de Boyden et un souci naturaliste proche du documentaire. Boyden nous plonge dans le Canada du XVIIe siècle lorsque les français sous l'égide de Samuel de Champlain, commencent à évangéliser les territoires indiens...territoires que se disputent deux tribus ennemies, les Hurons et les Iroquois. Et le grand mérite de l'auteur est d'éviter tout manichéisme en opposant les gentils indiens et les méchants colons. Il s'attache plutôt à chacune de leur spiritualité, animisme et christianisme, à ce qu'elle provoque comme courage, comme violene...et comme curiosité mutuelle. Du côté français, ce n'est pas une possession du territoire que l'on veut, mais bien une possession des âmes. 

 

Le roman est choral et fait alterner trois voix : Oiseau, un chef huron ivre de vengeance depuis que sa femme et sa fille ont été tuées par les Iroquois ; Chutes-de-Neige, jeune fille iroquoise enlevée à son peuple par le même Oiseau pour se venger. Et enfin, Christophe "Corbeau", missionnaire jésuite venu évangéliser le peuple indien.

 

Les Hurons vont s'allier aux français pour lutter contre leurs iroquois ennemis mais personne n'en sortira indemne...

 

Boyden peint de magnifiques personnages que nous suivons pendant plusieurs années ; ces derniers, d'abord ennemis, finiront par se respecter tout en gardant leurs prérogatives. Cette grande fresque s'appuyant bien sûr sur des faits réels, mêle brillament l'intime et l'épique en analysant les conséquences de désastres collectifs (guerres, maladies, famines) sur un petit nombre de personnes.

 

A la beauté de la nature, répond la violence souvent insoutenable des hommes. Le tout transcendé par la spiritualité de chacun. Cette spiritualité qui anoblit chaque personnage pour en faire un héros généreux ou un martyre.

Au début, chaque voix est "ensablée" dans sa solitude, dans ses certitudes. Petit à petit, face aux désastres des guerres, les trois ennemis vont abandonner leurs préjugés.

 

C'est long, les personnages ne sont pas de suite attachants. Mais la lecture se mérite et les dernières phrases vous poursuivent bien après le dernier mot.

 

Pour aller plus loin sur les conflits hurons/iroquois, je vous conseille l'excellent article http://www.republiquelibre.org/cousture/IND.HTM

 

Roman indispensable pour comprendre l'origine de la nation canadienne.

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 22:07

ROYAUME-UNI

 

http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/0/7/0/1/9782070140725FS.gif

 

Editions Gallimard, "Du monde entier", 2014

 

Première lecture d'une parution 2014....et sans doute déjà l'un de mes gros coups de coeur de l'année ! De ce grand écrivain anglais, je n'avais lu que Sur la plage de Chesil ;Un très bon livre assurément mais ce dernier opus est un chef d'oeuvre...Un roman protéiforme comme j'aime qui ensorcelle et manipule le lecteur. Roman d'amour, roman d'époque, d'espionnage, mise en abîme de la littérature, roman d'apprentissage...Bref, un roman total.

 

Ian McEwan nous plonge dans l'atmosphère des années 70 en Angleterre. Années de crise de l'ex grande puissance : crise énergétique, crises budgétaires, terrorisme de l'IRA...et la guerre froide encore très présente.

 

Serena Frome (pronnoncée Frume comme plume nous dit l'auteur) nous raconte son histoire. Jeune fille de l'East Anglia dont le père est évèque anglican, elle est promise à un brillant avenir. Sa mère souhaite qu'elle étudie les mathématiques. C'est ce qu'elle fera mais pas pour longtemps car la passion de la littérature l'anime...qu'elle soit classique ou à l'eau de rose. A Cambridge, elle tombe amoureuse d'un professeur de littérature qui l'initie aux beaux textes et l'introduit au M15, les services secrets britanniques. Aux vues de sa passion pour la littérature, on lui propose d'espionner Tom Haley, un jeune écrivain prometteur, pour le compte de la CIA qui subventionne les écrivains susceptibles d'être anticommunistes (ce programme a réellement existé). 

Mais tout ne se déroule pas comme prévu car l'espionne et l'espionné vont tomber follement amoureux...

 

Racontée ainsi, cette histoire a l'air complètement fleur bleue ! Pique-Nique bucoliques dans la prairie anglaise, promenades et restaurants à Brighton en bord de la mer...Mais c'est sans compter le talent de McEwan qui manie l'ironie avec brio.

 

Entre le roman d'apprentissage et le roman d'espionnage type John Le Carré, l'auteur distille une bonne dose de mystification : mensonges, trahisons, manipulations ; des jeux divers  et pervers auxquels s'adonnent auteur et personnages les uns envers les autres.

 

Ce roman de 500 pages se lit d'une traite tant on s'attache aux personnages et le suspense est à son comble. Et il y a aussi cette écriture très fluide qui livre une intrigue diaboliquement intelligence.

Simplicité et subtilité...deux ingrédients qui font un réel chef d'oeuvre !

 

Saluons enfin la couverture imaginée par les éditions Gallimard, une belle métaphore de l'intrigue !

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 18:57

ROYAUME-UNI

 

http://4.bp.blogspot.com/-4xiSTtugrCM/UaNyGV7GU3I/AAAAAAAAKYY/z4fjanwqfrU/s1600/un+verger.jpg

 

Editions Christian Bourgois, 2013

 

Voici un petit bijou anglais qui fait davantage penser à un conte persan...

 

Une jeune homme rongé par l'épuisement, sortant de prison, est recueilli par un vieil homme à la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan.

Alors qu'il récupère petit à petit, aidé par les livres de poème du vieil homme et ses peintures, il va se rendre chaque matin dans le "verger" où il va se remémorer son amour de jeunesse...une jolie demoiselle fille du hobereau local qui l'a jeté en prison...

 

Le récit alterne les scènes de violence inouïes dans la prison et les poèmes en prose d'un beauté et d'un lyrisme absolu où l'homme se souvient de son amour perdu dans le verger de l'abondance.

 

A l'espace clos de la prison, lieu de douleurs et d'humiliation, s'oppose le jardin clos, celui du paradis (en référence à la Bible) ou peut s'éclore l'amour défendu...

 

Ce court récit est intemporel ; il pourrait se passer à n'importe quelle période. C'est une histoire d'amour universelle.

 

Magique

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 14:34

ETATS-UNIS / COREE

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/61NudgP5xfL._SL1500_.jpg

Editions de l'Olivier, 2013

 

L'écrivain américain d'origine coréenne signe l'un des plus beaux romans de cette année 2013, en examinant plus de 50 ans des l'Histoire de la Corée et des Etats-Unis. Le thème central abordé est celui de la Guerre de Corée (1950-1953) et de ses conséquences.

 

L'auteur va retracer l'itinéraire tragique de June, petite fille coéenne orpheline, recueillie par le GI Hector Brennan. A la fin de la guerre, June sera placée dans un orphelinat où Hector deviendra "l'homme de maison" chez le couple responsable de la gestion de l'orphelinat.

 

C'est alors que la "trinité" dramatique de ce roman apparaît : la responsable de l'établissement, Sylvie Tanner, elle-même marquée par les ravages de la guerre sino-japonaise en Mandchourie, va littéralement aimanter les âmes brisées de June et Hector. L'une y verra une mère de subtitution, l'autre l'amour de sa vie......

Passions, solitudes, jalousies...les 3 âmes ravagées par les guerres vont jouer aux dangereux dés de la séduction....

 

Ce roman à la fois intime et historique est magnifiquement construit, faisant alterner les chapitres présent et passé pour chacun des trois principaux personnages. La longueur du roman (près de 600 pages) peut parfois nous décourager mais cette longueur ne fait que renforcer l'épaisseur psychologique des protagonistes.

 

Les différentes époques décrites (la guerre sino japonaise dans les années 30, la bataille de Solférino au XIXe siècle et la guerre de Corée dans les années 50) forment un fil conducteur qui sera relié par un mystérieux livre que vont se transmettre différents personnages à différentes époques.

 

Au début du roman, le premier chapitre fait découvrir June au coeur des batailles en 1950. Puis nous sommes vite plongés plus de 30 ans plus tard à New-York. June est malade, son fils est parti en Europe. Elle demande à Hector, véritable épave rongée par l'alccol, de l'accompagner en Italie pour rejoindre son fils....

 

C'est le point de départ qui va permettre au fur et à mesure de découvrir les multiples secrets de June, Hector et Sylvie.

Certains pourront regretter l'omniprésence de la mort...les effets dramatiques sont en effet nombreux. Mais cette histoire est d'abord celle des survivants, ceux qui sont certes vulnérables mais en qui il reste à chaque fois une étincelle de vie qui permet de continuer. Ces derniers sont à la fois des rocs et des perles fragiles. Et la souffrance peut  faire commettre des actes irréparables : la jalousie d'un orphelin peut parfois être pire que celle d'un amant....

Mais chut, n'en disons pas plus. Lisez ce gros roman, vous découvrirez une très belle histoire d'amour et de mort....

 


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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 10:55

ETATS-UNIS

 

Editions Albin Michel, collection "Terres d'Amérique", 2006

 

Je continue mon exploration de la littérature américaine d'auteurs d'origine amérindienne ; Louise Erdrich, Sherman Alexie mais aussi Joseh Boyden qui publia en 2006 ce premier roman époustouflant.

 

Avec une maitrise hors du commun, il mêle la tradition du récit amérindien à un "classique" du récit européen  du 20e siècle : la guerre des tranchées.

 

Nous sommes en 1919 dans l'Etat de l'Ontario au Canada,  près de la Baie d'Hudson, sur le territoire des Cree, indiens autochtones. Xavier Bird, revient des tranchées avec un bras et ne jambe en moins. Sur l quai de la gare, il retrouve Niska, sa vieille tante guérisseuse chamane. Ensemble, ils vont parcourir une rivière en canoë pendant trois jours, chemin qui les ramenera chez eux au coeur des forêts du Grand Nord;

 

L'occasion pour chacun de se souvenir d'un côté de la vie tradtionnelle indienne  et de l'autre de l'horreur dans les tranchées. Au centre des récits, Niska et Xavier, son neveu qu'elle a recueilli tout petit pour l'initier à la vie sauvage et un troisième personnage, Elijah, l'ami d'enfance de Xavier, avec qui il a été initié à la chasse à l'orignal sous l'égide de Niska...

 

De la chasse à l'animal à la chasse à l'homme, il n'y a qu'un pas... Boyden met alors en parallèle le savoir-faire et l'habileté des indiens à chasser dans les bois et le talent qui en découle pour tirer sur une cible en temps de guerre. Ellijah devient un tireur d'élite reconnu et sombre peu à peu dans une folie meurtrière.....

 

S'inspirant de la légende canadienne des windigos, ces créatures fantastiques cannibales assoiffées de sang, il transplante ces croyances dans le Nord de la France en 14-18 pour nous livrer un récit apocalyptique d'une très grande beauté lyrique.

 

Les scènes sont si bien décrites que le lecteur fait de suite corps avec les personnages. Nous nous retrouvons aussi bien à l'intérieur d'une loge à sudation qu'on coeur des tranchées, ou bien à l'intérieur d'une cerveau drogué de morphine.

 

Boyden renouvelle avec brio le récit des horreurs de la Première Guerre Mondiale en analysant ces événements à la lumière de la culture indienne; les loges de sudation, la chasse à l'orignal, la peur des windigos...une plongée passionnante dans une culture indienne méconnue.

 

Ce rooman est d'abord une magnifique éloge de la transmission des valeurs : le récit oral de la vieille dame remplit cette fonction en incitant l'âme malade de Xavier à se souvenir des jours anciens et de la fusion avec la nature.

 

Une ode à la nature qui fait cheminer les âmes vers  la guérison. Un chef d'oeuvre.

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