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  • : Passion des livres
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 12:33

ALLEMAGNE -Arno Schmitt (1914-1979)

Editions Tristram

Arno Schmitt est l'un des plus grands écrivains allemands de la seconde moitié du XXe siècle. Encore largement méconnu en France, son oeuvre est vénérée en Allemagne et étudié dans beaucoup d'universités.

Il a profondément renouvelé la littérature allemande d'un point de vue formel ( on le compare souvent à Raymond Queneau pour ses inventions langagières et à Joyce, son modèle, pour la forme morcelée, fragmentaire de ses romans) et aussi d'un point de vie thématique : Arno Schmitt a été un écrivain profondément irrévérencieux, provocateur vis à vis de toutes les idéologies d'après-guerre. Son oeuvre la plus connue, Scènes de la vie d'un faune,raconte la vie d'un fonctionnaire dans L'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale ; plutôt que de s'engager, il choisit la solitude en s'intéressant à un déserteur de l'armée napoléonienne...

Pour découvrir cette oeuvre très originale, j'ai commencé par lire la nouvelle très humoristique Tina ou l'immortalité où Schmitt renverse le mythe de la gloire littéraire : il imagine un enfer des écrivains où ces derniers doivent vivre après leur mort tant que leur nom est cité et qu'ils sont lus dans le monde d'ici-bas ! Un écrivain, le double de Schmitt a la possibilité de visiter ce purgatoire littéraire; il y rencontre Tina, dont il tombe éperdument amoureux ; cette dernière lui demande de régler ses comptes au biographe qui l'a sortie de l'oubli ; en guise de récompense, il pourra alors la rencontrer tous les midis !!!

Cette nouvelle est vraiment très drôle :on découvre la rivalité des écrivains entre eux qui pour se venger de concurrents, font descendre des idées dans le monde sensible pour les remettre au goût du jour ! Gutenberg se terre dans les forêts obscures et a constamment la jambe dans le plâtre pour avoir inventé l'imprimerie ...On assite à des rixes entre écrivains et biographes...Des conseils sont donnés aux écrivains : ne pas laisser de mémoires, racheter ses livres. Pour embêter son pire ennemi : graver son nom sur une plaque d'argent, la mettre dans un tube de verre  et dans une cassette de plomb plongée dans la mer....

Schmitt pratique l'ironie mordante avec une énorme dose de provocation. La dernière phrase de la nouvelle est à inscrire dans la mémoire littéraire universelle :

" et par conséquent quelle est la meilleure recette pour une vie sur terre en général, en haut comme en bas : s'installer à la campagne. Etre bête. Baiser. Fermer sa gueule. Aller à l'église. Quand il grand homme pointe son nez, se planquer dans l'étable : il ne risque pas de t'y suivre ! Voter contre l'enseignement et de la lecture et de l'écriture; pour le réarmement : les bombes atomiques ! "

La forme littéraire peut à première vue déconcerter car Schmitt choisit d'écrire par fragments : tout comme Joyce, il commence chaque paragraphe, chaque fragment par un groupe de mots en italiques qui annonce le thème du paragraphe.

Vous ne serez pas déçus : cette lecture est vraiment un très bon divertissement plein d'inventivité !

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21 octobre 2006 6 21 /10 /octobre /2006 11:20

ANGLETERRE- 1928

Editions Stock, Bibliothèque Cosmopolite

C'est la première oeuvre de Virginia Woolf que je lis et j'ai été vraiment enthousiasmée ! Cet auteur qui a révolutionné le roman au début du siècle (éclatement de la narration, utilisation systématique  du monologue intérieur dans Mrs Dalloway et Les vagues) a la réputation d'être un auteur difficile à aborder.

Un conseil, si vous n'avez jamais lu Virginia Woolf, commencez par Orlando ! C'est un délice ! Ce roman est en même temps un chef d'oeuvre d'originalité et de classicisme . L'histoire se concentre sur un personnage et le narrateur est omniscient, intervient constamment, non sans un certain humour.

Et en même temps, le héros Orlando devient une femme au cours du roman , tout en traversant plusieurs siècles : on passe de la période élisabéthaine au XXIe siècle, où Orlando est un jeune aristocrate qui a la passion de la nature et de l'écriture, à la période victorienne où Orlando est une femme qui a toujours les mêmes passions.

Virginia Woolf écrit un roman sur l'androgynat inspiré de son aventure homosexuelle avec une certaine Vita Sackville ; elle rêve d'un monde fait de métempsycoses, où chacun pourrait changer de sexe et de siècle à sa guise.

Attention: il ne s'agit pas pour autant d'un roman fantastique : il s'agit plutôt sur réflexion sur la personne humaine et c'est ce qui fait justement l'extrême modernité du roman ; car, pour Virginia Woolf, le moi se constitue de multiples facettes, de multiples potentialités infinies ; et je pense que cette traversée dans plusieurs siècles est en fait une métaphore très poétique pour désigner la richesse et les potentialités de l'âme humaine :

"Car elle avait une grande variété de moi à qui faire appel, beaucoup plus que nous n'avons pu en trouver dans un espace limité, puisqu'une biographie est regardée comme complète lorsqu'elle rend compte simplement de cinq ou six moi, tandis qu'un être humain peut en avoir autant de mille"

Ce roman peut être vu comme un magnifique roman d'apprentissage où, à travers différentes périodes historiques, Orlando apprivoise l'amour, la nature et la création littéraire. Au cours de ces siècles, on passera de l'illusion, du rêve à la désillusion. Le (a) héros(ine) connaîtra la déception amoureuse mais découvrira aussi les vanités du monde littéraire. Parfois, son ultime refuge sera la communion avec la nature. En réalité, on retrouve une forte influence du mouvement romantique: il y a de magnifiques descriptions de la nature et le héros subit les désillusions du monde. Il est partagé entre la gloire et la conquête du monde et entre la solitude et le refuge dans la nature. On retrouve également le féminisme profond de l'écrivain à travers les digressions très humoristiques du narrateur lorsqu'il évoque que le lecteur est déçu lorsqu'il décrit une femme qui pense et qui écrit sans tomber amoureuse !

Orlando peut être considéré comme le double de Virginia Woolf puisqu'il est lui même écrivain ; on peut deviner que toutes les désillusions provoquées par le monde littéraire dans ce roman sont issues de la propre expérience de V. Woolf. Il y a un passage magnifique où le héros dépose son livre dans la nature : la société n'est que vanité et seule la nature est fidèle.

On retiendra une écriture absolument magnifique, très lyrique, décrivant des paysages magnifiques : l'eau, la neige, la ville de Londres sont éblouissantes sous la plume de Virginia Woolf.

Je ne peux pas retranscrire par écrit toutes les impressions que ce roman a suscitées en moi. Il n'y a qu'un conseil à donner : lisez-le !

Cette histoire est vraiment un chef d'oeuvre romanesque. Cela m'a donné envie de lire les autres oeuvres de Virginia Woolf.

Et vous , avez-vous déjà lu cet auteur?

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16 octobre 2006 1 16 /10 /octobre /2006 19:19

ETATS-UNIS

Ouvrage écrit dans les années 60 et publié en 1980 - Prix Pulitzer

Ce titre m'avait été conseillé il y a plus d'un an par un camarade bloggeur. Je l'avais mis dans ma longue liste puis l'avais oublié puis un collègue m'en a reparlé dernièrement. J'ai donc plongé dedans !

Pour présenter le livre, il faut rappelé qu'il a été écrit dans les années 60 ; son auteur, John Kennedy Toole, ne parvint jamais à le publier et, se croyant un écrivain raté,  il se suicida en 1969 à l'âge de 32 ans. Après de multiples démarches, sa mère parvint enfin à faire publier l'oeuvre unique de son fils en 1980. Ce dernier obtint alors le Prix Pulitzer, un énorme succès critique et public et reste à ce jour un livre mythique !

Il faut dire que cet ovni ne ressemble à aucun autre roman ! Imaginez-vous un mélange de Don Quichotte et de Gargantua avec un style burlesque ressemblant un peu à celui de Lydie Salvayre...

La conjuration des imbéciles est l'épopée tragi-comique d'Ignatius Reilly, un jeune homme intellectuel complètement déjanté. Il vit tout seul avec sa mère Irène dans un quartier très pauvre de La Nouvelle Orléans. Il passe ses journées à noircir les pages d'une oeuvre en gestation, une diatribe féroce contre les méfaits du monde moderne. Car pour lui, depuis le Moyen-Age, le monde subit un inexorable déclin, en manquant de "géométrie et de théologie"...Il se refuse donc à travailler pour pactiser avec ce monde proche du chaos. Jusqu'au jour où sa mère un peu saoule gare sa voiture dans la maison du voisin. Pour payer les pots cassés, Ignatius va devoir travailler...Et c'est parti pour une épopée burlesque où Ignatius va avoir maille à partir avec une usine de jeans, un vendeur de saucisses, un policier pas très doué, des prostituées, un vagabond noir très intelligent et un papy fasciste qui drague sa mère !!!

Vous suivez toujours ? Nous voila plongés dans de multiples aventures rocambolesques d'un être inadapté. C'est pour cela que l'on peut évoquer Don Quichotte. Quant à l'influence rabelaisienne, Ignatius est un "gros porc" qui se goinfre toute la journée de "Docteur Nut" et de hot-dogs, ce qui n'est pas sans avoir de conséquences sur son système gastrique ; car notre Ignatius est un hypocondriaque qui souffre fort de "l'anneau pylorique" lorsqu'il est contrarié !!!

Je suis incapable de vous dire si ce livre m'a plu ou non : j'ai été enthousiasmé au début par la langue (chaque personnage a des tics de langage) , l'humour décalé et surtout par les personnages qui sont tous des pantins : la vieille secrétaire complètement gaga de l'usine, le patron incapable de gérer son entreprise, la mère alcoolique, le flic très maladroit...Mais sur 500 pages, je trouve que l'on frôle parfois l'indigestion et que l'on s'y perd un peu.

Mais ce livre à coup sûr vaut le détour. Le titre évoque une phrase de l'écrivain Jonathan Swift "quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui". On l'aura compris, John Kennedy Toole plaide en faveur de son héros. Alors, Ignatius, un génie ou un fou à lier ? A vous de juger...

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15 octobre 2006 7 15 /10 /octobre /2006 12:38

Le retour d'une déportée...

Editions Maurice Nadeau

A propos de La douleur de Marguerite Duras, Douja nous a parlé d'un roman magnifique que j'ai lu il y a plusieurs années. Il s'agit en effet de l'un des rares romans à évoquer le retour des camps de concentration. Je vais essayer de me souvenir de l'intrigue ; Douja, si tu as des éléments à ajouter, n'hésites pas !

Nous sommes en 1945 à l'Hôtel Lutecia à Paris, là où sont accueillis tous les déportés. Je me souviens que la narratrice vient y retrouver sa belle-soeur , Klara. Avant sa déportation, cette dernière avait accouché d'une petite fille qui a éé recueillie par une famille pour échapper à l'holocauste.

A son retour, Klara doit donc réapprendre à vivre et affronter son destin de mère : peut-on encore éduquer un enfant lorsqu'on a vécu un génocide ?

C'est un roman bouleversant sur la transmission de la mémoire et le rapport mère/ fille. Ce récit nous émeut aux larmes tellement les sentiments et les hésitations de Klara sont bien rendues. Un beau roman intime et un beau portrait de femme.

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12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 21:43

Le grand écrivain turc, Orhan Pamuk, vient de recevoir le Prix Nobel de Littérature.

A l'heure des négociations de l'entrée de la Turquie en Europe, ce prix est évidemment très politique. Rappelons qu'Orhan Pamuk a été condamné en Turquie pour avoir reconnu publiquement le génocide arménien ainsi que le massacre du peuple kurde.

Le grand écrivain turc a toujours mis les liens entre l'Orient et l'Occident au centre de son oeuvre, du XVIe siècle à nos jours. Son oeuvre dénonce toute sorte d'intégrisme et est un appel à la tolérance et aux échanges culturels.

J'ai lu deux romans de lui, Mon nom est rouge et Neige qui valent autant pour leur message que pour leur qualité littéraire. Car, n'en doutons pas, Pamuk est un grand écrivain et il mérite amplement ce prix, indépendamment du contexte politique.

Je vous propose donc de relire mes deux critiques parues sur mon blog . Avez-vous lu les oeuvres de Pamuk? Lesquelles?

Neige

Gallimard 2005 -Prix Médicis du roman étranger

Orhan Pamuk, l'écrivain turc le plus lu aujourd'hui en Europe (avec Yachar Kemal) est un écrivain engagé poursuivi par le gouvernement turc pour avoir dit publiquement que son pays était responsable de la mort de plusieurs milliers de kurdes et de millions d'Arméniens. Il risque de six mois à trois ans de prison.

 L'ensemble de ses romans examine les liens entre l'Occident et l'Orient que ce soit au XVIe siècle (Mon non est rouge-voir article) ou de nos jours.

C'est le cas de Neige son dernier roman: Ka, un poète - journaliste turc exilé politique en Allemagne, part faire un article à Kars, un village reculé de l'Anatolie; il veut enquêter sur un fait divers sordide: le suicide de jeunes femmes voilées. Il arrive à la veille d'élections municipales où s'affrontent nationalistes, islamistes et laïcs. Mais Ka est aussi venu pour de plus humbles raisons: rejoindre une ancienne camarade de fac, Ipeck, dont il est secrètement amoureux.  

A peine arrivé à Kars, il est témoin de l'assassinat du directeur de l'Ecole Normale qui a interdit le port du voile et d'un putsch militaire à l'occasion d'un spectacle de propagande. A partir de ce moment, il va être sollicité par les membres des deux factions adverses: les étudiants islamistes avec leur chef, Lazuli, amant de la soeur d'Ipeck d'un côté et les ultralaïcs de l'autre: l'acteur Sunay, acteur de théâtre s'improvisant dictateur d'un jour soutenu par les militaires.

Au sein de ces luttes intestines, Ka veut d'abord assurer son bonheur (repartir en Allemagne sain et sauf avec Ipeck) et écrire ses poèmes inspirés de la neige qui paralyse les routes et isole le village tombant peu à peu dans l'anarchie...

Dans cette atmosphère très poétique, Pamuk se garde bien de signer un roman manichéen: en effet, la lutte contre les islamistes est menée par des militaires anti-démocrates ou des acteurs fantoches, dictateurs d'un jour. Pamuk critique également les ultralaïcs qui prônent la lutte contre les islamistes au mépris de la démocratie. Les Occidentaux en prennent aussi pour leur grade en soutenant les militaires qui mâtent les islamistes et en regrettant l'absence de démocratie en Turquie. Les  laïcs prônant la démocratie méprisent la culture et les idéaux des orientaux...Ka, lui -même, est un héros ambigu se démenant au sein de ses luttes pour assurer son bonheur. Il devient l'intermédiaire entre les deux factions rivales. L'écrivain mêle habilement la quête du bonheur et de l'amour aux contraintes de l'engagement politique.

Ce titre peut être aussi vu comme un roman à suspens où l'étau se resserre progressivement sur Ka. Le destin est en marche dès les premières pages. S'y mêle une réflexion philosophique sur le lien entre le flocon de neige et l'être humain...

Un livre à lire de toute urgence à l'heure du débat sur l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne. A noter que Pamuk milite pour l' intégration...

Mon nom est rouge

Gallimard, 2001

Orhan Pamuk , grand écrivain turc contemporain, nous plonge dans la ville d'Istanbul au XVIe siècle. L'Empire Ottoman commence à s'ouvrir à l'extérieur en commerçant avec la République de Venise. Admiratif devant les portraits de la Renaissance, le sultan demande à ses miniaturistes de faire un portrait de lui à l'italienne. C'est alors que l'un des peintres du roi est assassiné...

Ce polar historique est basé sur le fossé culturel existant entre un Occident marqué par l'individualisme et l'amour de soi et un Orient ou Dieu est encore très présent. Pamuk nous fait découvrir tous les secrets des peintres de la cour du sultan. Pour eux, leur talent excelle lorsqu'ils sont arrivés à copier un modèle existant depuis l'Antiquité. Il n'y a donc aucune place pour la création et l'originalité de l'artiste. La création de l'artiste est une notion typiquement occidentale née à l'époque de la Renaissance.

En Orient, à l'époque des sultans, le talent est d'abord basé sur la mémoire: un génie devra reproduire à l'identique les modèles codifiés. Devenir aveugle demeure ainsi la sublime récompense: le peintre, guidé uniquement par ses propres mains et ses souvenirs, doit arriver à se remémorer le modèle. Il existe d'ailleurs des peintres qui se sont volontairement crevé les yeux...

Dans la cour du sultan, les peintres sont prêts à tout pour obtenir la place de premier peintre du sultan; ce roman enquête sur ces luttes internes à la cour. Les lecteurs romantiques seront également ravis: l'enquêteur doit retrouver l'assassin s'il veut épouser la fille du directeur de l'école des peintres.

Ce roman foisonnant, polyphonique (les narrateurs sont les différents peintres suspects) ravira les lecteurs férus d'Art et d'Histoire et aussi de romans d'aventures !

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10 octobre 2006 2 10 /10 /octobre /2006 22:09

Editions POL, 1985

Textes écrits en 1945

Pour les lecteurs allergiques au style très elliptique de Duras, cet ensemble de textes autobiographiques écrits pendant la Seconde Guerre Mondiale peuvent être une bonne entrée en matière pour découvrir la vie de l'écrivain.

Ce sont des textes classiques qui ne soulèvent pas des problèmes de compréhension. Le premier texte qui donne son nom au recueil est le plus connu et le plus émouvant; il fut écrit en 1944-45, au retour du mari résistant de Duras, Robert Antelme, du camp de concentration de Buchenwald. Ce récit décrit l'attente terrible après la libération de Paris lorsque Marguerite se demande si "Robert L" est mort ou vif puis son retour tragique lorsqu'il n'est plus qu'une loque humaine, atteinte du typhus.

Rares sont les récits contant le retour des camps de la mort. Celui-ci, en évitant toute effusion lyrique, est pourtant rempli d'émotions. Même si elle choisit la sobriété, Duras nous apparaît en femme très fragile, éprouvée par l'attente interminable. Les phrases très courtes, hachées, ponctuées d'interrogations  épousent parfaitement l'état d'esprit très anxieux de Duras. Elle met l'accent sur la différence entre le calvaire des femmes qui attendent les déportés et la joie, la liesse qui accompagnent la fin de la guerre.

Les pages décrivant la lutte pour la vie de Robert Antelme sont magnifiques et très dures. A noter que ce dernier racontera son expérience concentrationnaire dans L'espèce humaine en 1948, bien avant la publication de La douleur. Chef d'oeuvre que je n'ai malheureusement pas lu.

Les autres récits nous font un portrait de Duras résistante très atypique : elle n'hésite pas à se faire invitée par un  membre de la Gestapo pour mieux le piéger. On la voit également assistant à la torture d'un collabo et séduite par un allemand arrêté à la libération.

Loin de l'hermétisme ou du scandale de certains écrits, La douleur nous rend plus proche cet immense écrivain.

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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 15:05

Grand Prix d'Angoulême 2006 -Prix Goscinny 2006

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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 12:35

RENTREE LITTERAIRE

Editions Verticales, 2006

Voici un livre que j'ai lu pour un comité de lecture de littérature contemporaine française. Je savais avant de le lire que Chloé Delaume faisait partie de l'élite bien-pensante parisienne. Elle fait partie de l'équipe de la célèbre émission de France 5, Arrêt sur image de Daniel Schneidermann, qui décrypte et critique les images télévisuelles.

Après avoir donc écrit Corpus simsi sur le jeu vidéo Les Sims,où elle s'imaginait devenir un personnage du jeu, Chloé Delaume a décidé de s'immerger dans la télévision. S'immerger 22 mois non stop devant "l'Ogre", comme elle l'appelle, pour mettre en pratique la célèbre citation de Patrick Le Lay, "vendre du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola". Ce livre est le résultat de son expérience qu'elle adresse sous forme de rapport au Ministère de la Culture et du Divertissement, au département de la fiction support papier.

A grand renfort de citations télévisuelles et philosophiques, elle va nous démontrer que la télé rend bête et qu'elle est dirigée par des grands capitalistes qui veulent nous assujettir.On l'aura compris, son propos n'a rien d'original. Elle découvre que lorsqu'elle regarde la télévision, elle a faim et qu'elle mange des chips ! Bon, d'accord, je caricature un peu mais quand même !

Elle s'appuie sur les recherches en neuromarketing, elle cite les expériences de téléréalité et le célèbre film de David Cronenberg, Vidéodrome .

Quelle est la nature de ce roman ? Un essai ? Une fiction? Chloé Delaume a-t-elle réellement fait cette expérience? L'effet de réel est créé par un montage de différentes citations, statistiques, émissions  de télé ...

Le côté fiction est assuré par une pseudo aventure fantastique où la narratrice disparaît du monde réel pour entrer dans la télévision...Mais on est loin de l'inventivité des films de Cronenberg qui semble le mentor de Delaume .

Certes, on peut reconnaître un talent stylistique et un certain humour à l'écrivain. Mais je trouve que ce "docu-fiction" sonne creux car Delaume ne fait que constater un état de fait déjà connu de tout le monde. On peut rigoler de certaines révélations faites sur la téléréalité. Mais je trouve que cet extrait est extrêmement pédant : vocabulaire très élitiste et autosatisfaction de l'écrivain : elle n'a plus de cerveau mais sait encore parler :

« Je n’ai pas su protéger mon cerveau, son temps est aboli, il n’est que disponible. Mais au moins, voyez-vous , j’ai ma narration propre. Sachez sauver la vôtre avant qu’il ne soit trop tard ».

A moins que Delaume pratique l'auto-dérision....

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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 23:08

RENTREE LITTERAIRE

 

Editions Gallimard, 2006

 

 

Des livres de la rentrée littéraire que j’ai lu, je crois que celui-ci est mon coup de cœur même si l’on ne retrouve pas l’originalité formelle du premier roman d’Audeguy, La théorie des nuages. (Voyages dans plusieurs espaces-temps, récits emboîtés, histoire des nuages…).

 

 

Audeguy a choisi cette fois-ci une belle facture classique : la belle langue du XVIIIe siècle, le récit linéaire d’une vie. Et quelle vie ! Il s’agit de redonner chair à François Rousseau, le frère aîné inconnu de Jean-Jacques Rousseau. Son illustre cadet ne l’a qu’évoqué dans Les confessions : « On n’a plus eu de ses nouvelles depuis ce temps-là et voila comment je suis demeuré fils unique ». On sait juste que François était un joyeux libertin qui a côtoyé le Marquis de Sade.

 

 

A partir de là, Audeguy imagine que François (âgé de 90 ans en 1795) assiste au transfert des cendres de son philosophe de frère au Panthéon. Rousseau, mort en 1778, a été récupéré par l’idéologie révolutionnaire. François décide de lui aussi écrire ses confessions en les adressant à son frère…

 

 

Le récit se divise en trois parties : Enfance, Paris et Révolutions. Nous découvrons un homme qui s’enflamme pour les innovations et les idées du XVIIIe siècle : découverte de la physiocratie et du libertinage, passion pour la connaissance et l’explication mécanique du monde. Eloge de l’athéisme : en découvrant l’antique Lucrèce, il prône l’explication logique de toute chose sans avoir recours à une quelconque transcendance. On découvre également la passion du XVIIIe siècle pour la reproduction de la nature : l’homme se fait démiurge et Audeguy cite le cas véridique d’un certain Vaucanson qui inventa un canard mécanique qui digérait et pétait !!! Et voici donc notre libertin de François Rousseau qui est chargé de créer pour un bordel un Hercule au sexe automate ….

 

 

Je ne vous en dévoile pas plus…Ensuite, François connaîtra l’emprisonnement à la Bastille où il connaîtra Sade, la libération le 14 juillet 1789, l’amour d’une féministe et enfin la désillusion…

 

 

Car le roman est une métaphore de tout ce siècle révolutionnaire : le progrès, la révolution puis les idées qui s’enlisent et se pervertissent.

 

 

Vous l’aurez compris, le lecteur est emporté dans cette histoire magnifique qui fourmille de détails méconnus sur cette période. Ce qui est vraiment original, c’est ce roman mêle imaginaire et détails historiques extrêmement précis. Audeguy a souhaité redonner vie à des personnages méconnus comme ce Palloy qui démantela la Bastille pour ensuite en  faire un marché bien juteux. L’écrivain combat également les images d’Epinal en nous présentant la Bastille telle qu’elle était réellement, une prison où l’on pouvait sortir bien facilement et où il n’y avait que 5 prisonniers le 14 juillet !

 

 

Il s’agit d’un roman historique qui, à partir d’une intrigue imaginaire, redonne vie avec beaucoup de réalisme à une époque mainte fois mise en scène en Littérature. La fiction donne naissance à un  réel vraiment vivant, loin de tous les stéréotypes ; c’est là que réside de coup de maître d’Audeguy.

 

 

Alors dévorez vite ce livre si ce n’est déjà fait !

 

 

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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 15:49

ISRAEL

Actes Sud BD, 2005

Actes Sud a inauguré sa collection de bandes dessinées avec cet auteur chef de file de la nouvelle bande dessinée israélienne.

On voit à travers cette BD que le choix éditorial d'Actes Sud extrêmement original d'Actes Sud : les planches tout en couleur au ton pastel  tiennent à la fois de l'art naïf et de l'art cubiste ; on sent également l'influence slave. Les personnages ne sont pas sans évoquer des marionnettes ou des poupées : les yeux ont souvent la forme de boutons, les visages ont la teinte du bois...

Un grand coup de coeur, donc, pour les illustrations vraiment magnifiques.

Quant à l'histoire, il s'agit en fait de nouvelles dont certaines sont tirées de récits d'écrivains. L'une est tirée de Crise d'asthme d'Etgar Keret, un livre génial dont je vous avais parlé récemment. On retrouve d'ailleurs un peu le même ton dans ces deux recueils : goût de l'insolite, une atmosphère assez surréaliste où la mort rôde dans la plupart des nouvelles... mais le tout est souvent teinté d'une bonne dose d'humour.

Deux veuves bien spéciales font empailler leur homme et leur chien; une secrétaire jusqu'à maintenant bien soumise à son chef de bureau décide de rétrécir son patron à la photocopieuse tandis qu'elle devient une géante.

Les morts côtoient souvent les vivants : il y a une nouvelle magnifique où une petite fille explique qu'elle vit avec ses six frères et soeurs; quatre sont morts ; elle vit à côté d'eux dans le cimetière ; dans un autre récit, un homme enterré attire les femmes qu'il a séduite grâce à une plante mystérieuse qui les enlace.

Voila pour le côté fantastique. Il y a d'autres récits où l'humour domine : une petite fille punie dans les toilettes y découvre les économies cachées de ses grands-parents; elle les dérobe pour s'acheter des bonbons. Dans une autre nouvelle, une petite fille fait pipi sur les épaules d'un soldat.

Voila ! J'espère que je vous ai donné envie de lire cette BD insolite sans pour autant tout vous raconter. C'est vrai que l'on est un peu déconcerté en la lisant une première fois; je vous conseille donc de lire plusieurs fois les récits pour en comprendre toute la subtilité...

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