Afrique du Sud
DAPPER Editions, 1999
C'est l'un des romans les plus beaux et les plus émouvants que j'ai lu cette année ! Quelle découverte ! Roman d'amour, roman social et roman historique au coeur de l'apartheid.
Toloki est un sans-abri qui possède pour toute richesse un chariot de supermarché sur les quais de Johannesburg. C'est un pleureur professionnel: à chaque enterrement, il entame quelques plaintes pour quelques aumônes. Il fait cela par vocation de façon sincère: il a toujours eu un visage empli de tristresse...Une belle occasion pour l'écrivain de nous faire découvrir les coutumes funéraires des africains....
Il faut dire qu'il y a énormément de morts dans la grande ville où l'apartheid fait rage. Les noirs sont relégués dans les bidonvilles des ZAUN, zones d'urbanisation pour les noirs. La révolte a commencé mais le mouvement pour l'indépendance n'est pas uni: un chef traditionnel veut prendre le pouvoir et se livre à des massacres ethniques sans merci. Les premiers visés sont les migrants de l'exode rural pour qui la ville semble être un eldorado...
Toloki n'a donc pas de quoi chômé. Un jour, , il retrouve Noria qui enterre son fils de cinq ans, assassiné par des bandes rivales. Noria qu'il a connue enfant dans leur village d'origine. Il va réapprendre à vivre à cette femme meurtrie. Le récit fait alterner le présent et le passé lorsque Noria était encore la peinbêche du village et qu'elle donnait du plaisir aux hommes.. Mais aujourd'hui, Noria a bien changé.
L'auteur greffe une histoire d'amitié et d'amour au coeur de la jungle urbaine. Toloki incarne la compassion et l'empathie dans une Afrique violentée. L'auteur analyse avec brio les luttes au coeur du mouvement d'indépendance (faits largement méconnus).
A ce réalisme tragique, il mêle des éléments fantastiques ( Noria est enceine pendant quinze mois. De par son chant, elle fait naître l'esprit créateur de Toloki. Les morts viennent visiter les vivants dans leurs rêves...).
La relation entre Toloki et Noria est emplie de poésie: le jeune homme colle dan le bidonville des magazines montrant de belles maisons; chaque soir, il fait visiter à Noria le jardin, la cuisine....
Zakes Mda nous livre un vrai chef d'oeuvre:: en parlant de la mort du début à la fin, il réussit à écrire un roman empli d’espoir et de magie. Les dernières pages sont exquises !