1953
Il s'agit de l'un des premiers romans de Marguerite Duras après Un barrage contre le Pacifique. On remarque un passage marqué vers l'abstraction, le non-dit, les silences, qui font la "marque de fabrique" de Marguerite Duras.
Tout se passe, comme souvent chez Duras, au bord de la mer, un été torride en Italie. Des couples passent leurs vacances ensemble : Ludi et Gina, qui se querellent sans cesse mais n'arrivent pas à se quitter, et Jacques et Sara, leur jeune garçon et leur bonne. On sent bien que l'amour n'est pas au beau fixe : on passe ses vacances ici, mais cela aurait bien pu se passer ailleurs. On rêve souvent, mais finalement, on se contente de se que l'on a.
Tout se passe sur trois ou quatre jours : à chaque chapitre, on se réveille, on transpire, on se demande si l'on va aller à la plage ou si l'on va rester à la maison. Puis on s'endort en espérant qu'il pleuvra le lendemain...Duras peint avec brio le quotidien de l'amour, ses rancoeurs et ses rêves. Au cours de ces quatre jours, un homme passe et Sara est tentée par l'adultère.
Dans la brèche du quotidien, s'insinue la possibilité de l'ailleurs, la quête de l'inconnu. Mais le passage n'est pas facile. Toute la beauté du livre est dans ce chemin que l'on parcourt sans arriver au bout. Car seule compte l'envie, l'hésitation.
Duras conclut avec les paroles de l'un des protagonistes : "Il n'y a pas de vacances à l'amour, doit-il, ça n'existe pas. L'amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n'y a pas de vacances à ça".
On se chamaille, on rêve, on s'éloigne puis on revient finalement l'un vers l'autre car "l'amour est une prison". Finalement, il ne se passe pas grand chose dans ce livre, on suit les conversations des uns et des autres puis le lecteur devine peu à peu leurs différentes personnalités. Mais on est finalement happé par ce style si personnel: l'écriture est très fluide, quasiment constituée uniquement de dialogues.
Pas le meilleur Duras mais un bon moment tout de même...