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SUISSE
Editions Grasset, 2007
Jacques Chessex, écrivain suisse francophone auteur de nombreux romans, m'était encore inconnu il y a quelques semaines lorsque j'ai lu plusieurs bonnes critiques de ce livre dans la presse. Un roman d'atmosphère, de superstitions qui faisait vraiment envie ! Et je n'ai pas été déçue....
L'auteur s'inspire d'un fait divers qui s'est passé dans le canton de Vaud en 1903. Imaginez des villages isolés au coeur des montagnes et des forêts. Un matin, alors que Rosa,l a fille du juge vient d'être enterrée, on retrouve le lendemain son cadavre déterré et affreusement mutilé. Son sexe a été arraché et mâché, son thorax a été ouvert et on retrouve sur son corps des traces de morsure. Quelques jours plus tard, les mêmes méfaits sont commis sur d'autres jeunes femmes cadavres....
La légende se crée : on recherche activement Le vampire de Ropraz. La presse étrangère en parle également...On soupçonne un boucher puis un amoureux éconduit. Enfin, on arrête Favez, un garçon de ferme orphelin, qui a été surpris le sexe dans une vache ....
A partir de l'arrestation, tout se complique. Doit-on le punir par la prison à vie? Ou Favez doit-il être interné dans un hôpital psychiatrique. Chessex replace ce fait divers dans le contexte du début de la psychiatrie (référence à Charcot). Favez apparaît finalement plus comme une victime : Chessex insiste sur les détails sociologiques (incestes, violences conjugales) qui expliquent la vampirisation de Favez.
Car tout l'intérêt de ce roman réside dans la brillante description de l'atmosphère du village perdu. On se réapproprie les crucifix et les gousses d'ail pour éloigner le dit vampire, on en appelle aux superstitions moyenâgeuses. Les habitants sont assimilés à des peuplades arriérées qui vivent dans la saleté, la délation, la mécréance. Le sexe et le sang ont véritablement investi les mentalités.
Certes, on peut reprocher à Chessex les détails morbides. Mais son dessein est bien de créer un véritable roman d'atmosphère et il y en a si peu dans la littérature française actuelle !!!
On peut parler de livre d'épouvante ou encore de réflexion sur le statut de la folie dans nos sociétés. Je pense pour ma part que ce court roman (une centaine de pages) se rapproche plus de la fable. Sans vous dévoiler la fin surprenante (un beau pied de nez à la société bien pensante), je vous avertis juste que Chessex joue avec notre bonne morale judéo-chrétienne ! Il s'agit donc avant tout d'une belle intrigue avec des rebondissements surprenants !