Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
Rentrée Littéraire 2016
Editions Grasset
Voici le premier roman d'un chanteur slameur qui a déjà rencontré le succès avec son album Pili Pili sur un croissant au beurre.
Il nous conte ici la fin de son enfance dans le petit pays du Burundi, dans sa capitale Bujumbura, où il vivait dans une jolie impasse plantée de bougainvilliers en compagnie de son père français, de sa mère rwandaise et de sa petite sœur Anna.
En 1992, Gaby a 10 ans. Dans ce petit pays de la région des grands lacs africains, il adore jouer avec sa bande de copains : attraper les mangues des voisins à la perche, pécher sur le lac Tanganyuka, partir à l'aventure avec la vieille Mercedes dans une nature luxuriante...mais les conflits ethniques commencent à éclater entre les Hutus et les Tutsis...dans le Rwanda voisin.
Rappelons que le Rwanda Urindi, dépendant de l'Empire colonial allemand a été ensuite donné à la Belgique par la SDN qui elle-même l'a rattaché au Congo Belge...jusqu'à l'indépendance du Rwanda et du Burundi en 1962.
Une occupation coloniale qui attise la haine entre les ethnies, le génocide qui commence au Rwanda.... et des réfugiés tutsis qui affluent au Burundi. La guerre civile éclate également au Burundi.
En quelques jours, le petit Gabriel voit son quotidien bouleversé. Métis, français et Tutsi par sa mère, il ne peut être que l'ennemi.
Sa bande de copains avec qui il faisait les 400 coups lui demande soudain d'entrer dans un gang. Et sa mère, partie au Rwanda pour célébrer le mariage de son frère, en revient à jamais meurtrie...
Gaël Faye signe un roman de la fracture, de l'avant et de l'après. Bien sûr, les massacres sont évoqués mais n'occupent jamais la première place.
C'est le retour au paradis perdu qui compte, l'évocation des amitiés enfantines qui donne toute la saveur au récit. Tout ce que le gamin en exil a perdu au moment du départ.
Ce n'est pas un hasard si l'auteur insiste sur la description de la nature exubérante et généreuse en eau, fleurs et fruits. Tout est vu avec le regard de l'enfant qui sait déjà ce qui va lui arriver.
Gaël Faye s'appesantit très peu sur son mal être d'adulte si ce n'est dans les premières pages du récit.Par la plume, il retourne au pays et la nostalgie magnifie l'impasse de l'enfance.
Un retour qui lui réserve une surprise poignante, inoubliable. Un roman très abouti, qui tient ses promesses jusqu'au dénouement.