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  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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21 octobre 2006 6 21 /10 /octobre /2006 11:20

ANGLETERRE- 1928

Editions Stock, Bibliothèque Cosmopolite

C'est la première oeuvre de Virginia Woolf que je lis et j'ai été vraiment enthousiasmée ! Cet auteur qui a révolutionné le roman au début du siècle (éclatement de la narration, utilisation systématique  du monologue intérieur dans Mrs Dalloway et Les vagues) a la réputation d'être un auteur difficile à aborder.

Un conseil, si vous n'avez jamais lu Virginia Woolf, commencez par Orlando ! C'est un délice ! Ce roman est en même temps un chef d'oeuvre d'originalité et de classicisme . L'histoire se concentre sur un personnage et le narrateur est omniscient, intervient constamment, non sans un certain humour.

Et en même temps, le héros Orlando devient une femme au cours du roman , tout en traversant plusieurs siècles : on passe de la période élisabéthaine au XXIe siècle, où Orlando est un jeune aristocrate qui a la passion de la nature et de l'écriture, à la période victorienne où Orlando est une femme qui a toujours les mêmes passions.

Virginia Woolf écrit un roman sur l'androgynat inspiré de son aventure homosexuelle avec une certaine Vita Sackville ; elle rêve d'un monde fait de métempsycoses, où chacun pourrait changer de sexe et de siècle à sa guise.

Attention: il ne s'agit pas pour autant d'un roman fantastique : il s'agit plutôt sur réflexion sur la personne humaine et c'est ce qui fait justement l'extrême modernité du roman ; car, pour Virginia Woolf, le moi se constitue de multiples facettes, de multiples potentialités infinies ; et je pense que cette traversée dans plusieurs siècles est en fait une métaphore très poétique pour désigner la richesse et les potentialités de l'âme humaine :

"Car elle avait une grande variété de moi à qui faire appel, beaucoup plus que nous n'avons pu en trouver dans un espace limité, puisqu'une biographie est regardée comme complète lorsqu'elle rend compte simplement de cinq ou six moi, tandis qu'un être humain peut en avoir autant de mille"

Ce roman peut être vu comme un magnifique roman d'apprentissage où, à travers différentes périodes historiques, Orlando apprivoise l'amour, la nature et la création littéraire. Au cours de ces siècles, on passera de l'illusion, du rêve à la désillusion. Le (a) héros(ine) connaîtra la déception amoureuse mais découvrira aussi les vanités du monde littéraire. Parfois, son ultime refuge sera la communion avec la nature. En réalité, on retrouve une forte influence du mouvement romantique: il y a de magnifiques descriptions de la nature et le héros subit les désillusions du monde. Il est partagé entre la gloire et la conquête du monde et entre la solitude et le refuge dans la nature. On retrouve également le féminisme profond de l'écrivain à travers les digressions très humoristiques du narrateur lorsqu'il évoque que le lecteur est déçu lorsqu'il décrit une femme qui pense et qui écrit sans tomber amoureuse !

Orlando peut être considéré comme le double de Virginia Woolf puisqu'il est lui même écrivain ; on peut deviner que toutes les désillusions provoquées par le monde littéraire dans ce roman sont issues de la propre expérience de V. Woolf. Il y a un passage magnifique où le héros dépose son livre dans la nature : la société n'est que vanité et seule la nature est fidèle.

On retiendra une écriture absolument magnifique, très lyrique, décrivant des paysages magnifiques : l'eau, la neige, la ville de Londres sont éblouissantes sous la plume de Virginia Woolf.

Je ne peux pas retranscrire par écrit toutes les impressions que ce roman a suscitées en moi. Il n'y a qu'un conseil à donner : lisez-le !

Cette histoire est vraiment un chef d'oeuvre romanesque. Cela m'a donné envie de lire les autres oeuvres de Virginia Woolf.

Et vous , avez-vous déjà lu cet auteur?

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16 octobre 2006 1 16 /10 /octobre /2006 19:19

ETATS-UNIS

Ouvrage écrit dans les années 60 et publié en 1980 - Prix Pulitzer

Ce titre m'avait été conseillé il y a plus d'un an par un camarade bloggeur. Je l'avais mis dans ma longue liste puis l'avais oublié puis un collègue m'en a reparlé dernièrement. J'ai donc plongé dedans !

Pour présenter le livre, il faut rappelé qu'il a été écrit dans les années 60 ; son auteur, John Kennedy Toole, ne parvint jamais à le publier et, se croyant un écrivain raté,  il se suicida en 1969 à l'âge de 32 ans. Après de multiples démarches, sa mère parvint enfin à faire publier l'oeuvre unique de son fils en 1980. Ce dernier obtint alors le Prix Pulitzer, un énorme succès critique et public et reste à ce jour un livre mythique !

Il faut dire que cet ovni ne ressemble à aucun autre roman ! Imaginez-vous un mélange de Don Quichotte et de Gargantua avec un style burlesque ressemblant un peu à celui de Lydie Salvayre...

La conjuration des imbéciles est l'épopée tragi-comique d'Ignatius Reilly, un jeune homme intellectuel complètement déjanté. Il vit tout seul avec sa mère Irène dans un quartier très pauvre de La Nouvelle Orléans. Il passe ses journées à noircir les pages d'une oeuvre en gestation, une diatribe féroce contre les méfaits du monde moderne. Car pour lui, depuis le Moyen-Age, le monde subit un inexorable déclin, en manquant de "géométrie et de théologie"...Il se refuse donc à travailler pour pactiser avec ce monde proche du chaos. Jusqu'au jour où sa mère un peu saoule gare sa voiture dans la maison du voisin. Pour payer les pots cassés, Ignatius va devoir travailler...Et c'est parti pour une épopée burlesque où Ignatius va avoir maille à partir avec une usine de jeans, un vendeur de saucisses, un policier pas très doué, des prostituées, un vagabond noir très intelligent et un papy fasciste qui drague sa mère !!!

Vous suivez toujours ? Nous voila plongés dans de multiples aventures rocambolesques d'un être inadapté. C'est pour cela que l'on peut évoquer Don Quichotte. Quant à l'influence rabelaisienne, Ignatius est un "gros porc" qui se goinfre toute la journée de "Docteur Nut" et de hot-dogs, ce qui n'est pas sans avoir de conséquences sur son système gastrique ; car notre Ignatius est un hypocondriaque qui souffre fort de "l'anneau pylorique" lorsqu'il est contrarié !!!

Je suis incapable de vous dire si ce livre m'a plu ou non : j'ai été enthousiasmé au début par la langue (chaque personnage a des tics de langage) , l'humour décalé et surtout par les personnages qui sont tous des pantins : la vieille secrétaire complètement gaga de l'usine, le patron incapable de gérer son entreprise, la mère alcoolique, le flic très maladroit...Mais sur 500 pages, je trouve que l'on frôle parfois l'indigestion et que l'on s'y perd un peu.

Mais ce livre à coup sûr vaut le détour. Le titre évoque une phrase de l'écrivain Jonathan Swift "quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui". On l'aura compris, John Kennedy Toole plaide en faveur de son héros. Alors, Ignatius, un génie ou un fou à lier ? A vous de juger...

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14 mai 2006 7 14 /05 /mai /2006 14:37

ETATS-UNIS

Editions Plon, "Feux croisés" de William Gaddis

William Gaddis (1922-1998) est l'un des auteurs américains majeurs de la deuxième moitié du 20e siècle. Il a écrit cinq romans en cinquante ans : Les Reconnaissances (1955), JR (1975) couronné par National Book Award, Gothique Charpentier (1985), Le Dernier Acte (1994) également distingué par le National Book Award et enfin Agonie d'Agapè , publié quatre ans après la mort de l'auteur. L'ensemble de ses romans fustige la société américaine.

Cette oeuvre est véritablement le chant du cygne de Gaddis : il s'agit du monologue, d'un pamphlet d'un homme rongé par la maladie, sur son lit d'hôpital, qui déverse toute sa haine sur nos sociétés modernes ; le vingtième siècle marquerait la mort de l'artiste à cause de la mécanisation et de la démocratisation des arts. Il prend pour point de départ l'invention du piano mécanique à la fin du XIXe siècle qui permet que chacun puisse jouer les oeuvres des grands musiciens. Le texte regorge d'allusions aux illustres prédécesseurs de Gaddis qui ont célébré ou fustigé l'artiste, de Platon à Nietzsche, en passant par Flaubert et Tolstoï. Le but du vieil homme est de publier un essai sur la mort de l'art mais il s'emmêle constamment dans ses dossiers posés sur son lit. A noter d'Agapè est le nom grec pour désigner l'amour désintéressé de tout bien terrestre. Nous sommes bien donc ici dans un discours conte tout matérialisme ....

Le texte vaut avant tout pour sa forme : le discours devient celui d'un fou furieux. Les phrases sont très longues, entrecoupées d'hésitations et de répétitions. D'incessantes digressions viennent perturber les propos du narrateur sur la mécanisation des arts : perte de sang, problèmes avec ses agrafes aux jambes, héritage de ses filles etc.... Le discours devient un flux continuel sans respiration.

Discours sensé d'un philosophe ? Monologue d'un pantin fou furieux? Oeuvre prétentieuse d'un dandy élitiste méprisant le peuple? Le lecteur est pris entre deux feux....

Certes, les propos de Gaddis ne sont pas révolutionnaires. Il prend pour point de départ le mépris de Platon pour les artistes qui, pour le grand philosophe grec, devaient être exclus de la cité pour exciter les désirs et les passions et éloigner le peuple de la raison. Il cite ensuite les célèbres propos de Nietzsche méprisant le "troupeau" et exaltant les vertus de l'artiste solitaire. On retrouve les propos moins connus de Flaubert à Georges Sand : " Je crois que la foule, le troupeau sera toujours haïssable. Il n'y a d'important qu'un petit groupe d'esprits, toujours les mêmes, et qui se repassent le flambeau".

On connaît moins les propos de Tolstoï traitant de l'éducation du peuple, fustigés par Gaddis :"Peut-être qu'ils ne comprennent pas et ne veulent pas comprendre notre langage littéraire parce qu'il ne leur convient pas et qu'ils sont en train d'inventer leur propre littérature".

On l'aura compris, Gaddis est contre la démocratisation des arts et plus encore contre la société américaine pour qui "Mona Lisa et La Cène sont devenus de l'art de calendrier à suspendre au-dessus de l'évier de la cuisine".

Le lecteur est partagé entre l'admiration et le mépris ou la moquerie. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne peut tomber qu'en admiration devant le style inimitable de Gaddis , cette prose incendiaire, démente, qui vous sert les tripes :

Voici les premières lignes :

"Non mais ce qui se passe c'est que je dois expliquer tout ça parce que je ne , nous ne savons pas combien de temps il reste et je dois travailler sur le, finir ce travail pendant que je, bon, j'ai apporté toute cette pile de livres ces notes ces pages ces coupures et Dieu sait quoi, tout trier et organiser pour le jour où je répartirai ces biens et les affaires et les soucis qui vont avec pendant qu'ils me gardent ici pour que je me fasse charcuter et écorcher et poser des agrafes et charcuter encore cette mauvaise jambe regardrez-moi ça, couverte d'agrafes comme la vieille armure japonaise dans la salle à manger comme si on me démontait morceau par morceau, maisons, cottages, étables, vergers et toutes les satanées décisions et distractions j'ai les documents les levés les actes et tout le reste ici quelque part dans cette masse, y mettre de l'ordre avant que tout s'effondre et que tout soit englouti par les avocats et les impôts comme tout le reste parce que c'est de ça qu'il s'agit , c'est là dessus que porte mon travail, l'effondrement de tout, du sens, du langage, des valeurs, de l'art, le désordre et la confusion partout où vous regardez, l'entropie qui submerge toutes choses visibles, le divertissement et la technologie et tous les mômes de quatre ans avec leur ordinateur, chacun son propre artiste d'où ça vient tout ça, le système binaire et l'ordinateur, d'où ça vient la technologie, vous comprenez ? "

Le tout en une seule phrase ! Chapeau ! Difficile à lire mais cela en vaut la chandelle ....

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19 mars 2006 7 19 /03 /mars /2006 12:07

ETATS-UNIS

Actes Sud, 2004

Percival Everett est l'un des principaux auteurs noirs américains. Dans ce roman, il critique fortement la condition de l'écrivain afro-américain aux Etats-Unis.

Le narrateur, Thelonious Ellison n'a rien de l'image stéréotypée du noir: c'est un universitaire brillant qui écrit sur Barthes et la tragédie grecque, il n'aime pas le basket  ! Mais voila le problème: il écrit des récits trop intellos qui ne se vendent pas ! On lui reproche constamment de ne pas faire assez "black" !

Un jour, il est attéré par les ventes phénoménales d'un roman afro-américain J'suis née dans un ghetto, témoignage sur la condition misérable des descendants d'esclaves. Il décide alors de prendre un pseudonyme et d'écrire un parodie de ce genre très prisé: accent noir, misérabilisme stéréotypé... Le roman devient un phénomène littéraire et remporte tous les prix !!!

L'universitaire brillant va ainsi être confronté à un dédoublement de personnalité : doit-il accepter les lois débiles du marché ou doit-il être fidèle à ses convictions ?

Everett aborde la question raciale avec beaucoup d'ironie et d'autodérision : il refuse le stéréotype d'"écrivain noir" qui écrit sur les noirs !

Il dénonce également le monde de l'édition et des médias : la séance de discussion sur les prix littéraires est un moment d'anthologie entre les écrivains écolos et les écrivains travaillant en prisons, apôtres du témoignage. De même, Everett nous plonge dans un talk show télévisé ridiculisant sa présentatrice aux goûts littéraires vraiment douteux !  

Un roman acerbe vraiment original qui pêche cependant par la surenchère des problèmes familiaux de Thelonious. Il en effet confronté à la mort de sa soeur, à la maladie d'Alzheimer de sa mère et à l'homosexualité de son frère !

Malgré ce bémol, il s'agit d'un roman fondamental pour comprendre la condition de la population noire aux Etats-Unis.

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9 mars 2006 4 09 /03 /mars /2006 22:57

A l'occasion de la sortie du film Truman Capote de Benett Miller avec Phillip Seymour Hoffman dans le rôle titre, revenons un peu sur l'oeuvre de ce grand écrivain américain (1924-1984)

Le film relate la genèse de son chef d'oeuvre De sang froid (1966) inspiré d'un fait divers de 1959: une famille de fermiers est massacrée par deux jeunes hommes pour 50 dollars... Voulant écrire un "Non fiction novel" (un roman-document) qui applique au journalisme d'enquête, avec son souci d'exactitude absolue, toutes les techniques de narration romanesque, Truman Capote se rend sur les lieux du crime et enquête.

Alors que le roman est marqué par l'absence du narrateur, le film relate la face cachée de la genèse du roman, lorsque Capote est entré directement en contact avec les deux meurtriers. L'un d'eux, Perry Smith le fascine tout particulièrement.

Capote était un être frivole, fréquentant la Jet Set et prêt à tout pour réussir. Il comptait utiliser cette affaire pour obtenir un succès international et renouveler le genre romanesque. Apparemment, le film fait un portrait admirable de Capote et de la genèse de l'oeuvre.

Moi qui n'ai pas lu De sang froid , je compte bien sûr lire le livre et voir le film !

Par contre, j'ai découvert il y a quelques mois un autre Truman Capote à travers un roman très poétique et lyrique. Une partie de son oeuvre est marquée par le thème de l'enfance et du paradis perdu.

La harpe d'herbe, Gallimard "L'imaginaire" (1951)

Il s'agit d'un magniifique récit inspiré de l'enfance de Capote, orphelin de mère et élevé par ses tantes. Colin Fenwick, 16 ans , vit avec ses deux tantes vieilles filles et Catherine,une domestique noire. L'une, Dolly, est rêveuse et extravertie. L'autre, Véréna, est très sévère et égoïste. Un jour, après une dispute avec sa soeur, Dolly s'enfuit avec l'enfant et Catherine pour se réfugier dan une cabane en haut d'un arbre !!!

La petite communauté est alors bouleversée : Verena a de son côté le shérif. Mais le juge est gagné par le charme de Dolly. Ce roman plein d'originalité nous fait découvrir des personnages très pittoresques. Truman exalte la nature dans un paysage très bucolique. La fin est triste mais Colin se souvient avec beaucoup de tendresse de sa vieille tante.

Ce roman peut faire penser au Baron perché d'Italo Calvino. Il est cependant moins philosophique et insiste surtout sur les charmes des différentes périodes de la vie : l'enfance insouciante, la vieillesse rêveuse ou au contraire acariâtre.

Un roman vraiment très émouvant...

Ces deux romans montrent le talent multiforme de ce grand écrivain américain...

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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 18:52

Grasset, 2006

Brokeback mountain

Livre adapté au cinéma par Ang Lee sous le titre "Le secret de Brokeback Montain"

Je viens d'aller voir le film d'Ang Lee que j'ai beaucoup aimé et je me pose beaucoup de questions sur le livre qui paraît-il est éblouissant. Il s'agit d'une nouvelle d'une centaine de pages. Comment peut-on réussir à décrire de magnifiques paysages, transcrire les rencontres cycliques des deux amants sur vingt ans en si peu de mots ! Je suis bien curieuse...

Avez-vous lu le livre? Le connaissiez-vous avant son adaptation cinématographique?

Je vous rappelle l'histoire pour ceux qui n'ont pas vu le film: Brokeback Mountain est un territoire sauvage, hors du temps, dans les plaines du Wyoming. Ennis del Mar et Jack Twist, cow-boys, nomades du désert américain, saisonniers des ranchs, s'y croiseront le temps d'un été.  La rencontre est fulgurante. Bientôt, à l'abri des regards, les deux hommes s'étreignent et succombent à une brûlante passion.  Chacun se mariera de son côté mais ils se retrouveront secrètement au bord du lac de Brokeback Montain. Jack Twist veut vivre pleinement sa passion alors qu'Ennis del Mar, le texan, lutte contre ses sentiments et refuse de voir la vérité en face.

Dans le film, j'ai adoré le lyrisme des personnages, la finesse des sentiments et l'opposition psychologique des deux amants. Pour moi, il s'agit d'une belle histoire d'amour avant d'être une histoire entre homosexuels.

Pour ceux qui l'ont lu et vu, faites-moi part de vos impressions !

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21 janvier 2006 6 21 /01 /janvier /2006 23:04

ETATS-UNIS

Stock "Bibliothèque Cosmopolite", parution en 1981

Raymond Carver, décédé d'un cancer du poumon prématurément en 1988 à l'âge de 50 est réputé pour être l'un des plus grands nouvellistes américains.

Il est à l'origine de ce que les critiques littéraires ont appelé l'écriture minimaliste: pas de fioritures stylistiques, la recherche du mot le plus juste pour décrire le quotidien banal des petites gens: couples au bord de la rupture, chômeurs ou alcooliques désoeuvrés sont mis en scène dans la plus pure simplicité.

Voici quelques histoires: un couple vient dîner chez un autre couple ayant un bébé hideux, un alcoolique ayant un bouchon dans l'oreille, un père de famille qui décide de revoir son fils après des années d'absence, un père divorcé qui se retrouve sans baby sitter.

Pour les amoureux de la belle écriture et du style comme c'est mon cas, il y a de quoi  être déconcertée. J'ai failli laisser tomber le livre puis il s'est passé quelque chose....Un charme mystérieux qui fait que l'on s'attache à ces personnages désoeuvrés.

Un coup de coeur pour ce couple qui sombre dans le désespoir après le décès accidentel de leur petit garçon; le boulanger qui avait préparé le gâteau d'anniversaire du gamin, lui aussi âme désespérée, leur offre le café et les croissants au petit matin...

Il y a aussi cet homme obtus dans Cathédrale, jaloux d'un ami aveugle de sa femme, et qui découvre le sens de l'humain lorsque l'aveugle lui demande de lui dessiner une cathédrale...

Enfin, il y a cette jeune femme qui veut vendre coûte que coûte ses vitamines...

Bref, c'est tout simplement l'humain qui nous touche chez Carver. Avec très peu de moyens, il crée un univers très sensible; on passe souvent de l'émotion au burlesque (l'alcoolique qui est terrorisé par le fait de ravoir un bouchon dans l'oreille remporte la palme !)

A signaler qu'une partie des jeunes écrivains français (Arnaud Cathrine, Olivier Adam) d'aujourd'hui se réclament de l'héritage de Carver en mêlant le souci de la description du quotidien à l'écriture minimaliste.

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11 décembre 2005 7 11 /12 /décembre /2005 23:00

ETATS-UNIS

Editions Actes Sud, 1994

Voici l'un des plus célèbres romans du grand écrivain américain, Russell Banks. L'intrigue se déroule dans un village reculé dans les montagnes du nord de l'Etat de New-York. Un bus de ramassage scolaire conduit par une femme expérimentée, Dolorès Driscoll, a dérapé dans une vallée et provoqué la mort de plusieurs enfants. La population du village est partagée entre le chagrin et la colère ainsi que le besoin de faire payer les responsables de l'accident: la mairie, la compagnie de bus, l'Etat pour l'entretien des routes...

Quatre personnages prennent la parole à tour de rôle pour relater les événements: Dolorès qui raconte l'accident, Billy Ansel, veuf, qui vient de perdre ses deux enfants dans l'accident, Mitchell Stephens, un avocat véreux qui cherche à tous prix à attiser la colère des parents pour trouver les responsables. Enfin, la jeune Nicole Burnell, qui a perdu l'usage de ses jambes, provoquera un dénouement inattendu...

Les quatre discours, multipliant les points de vue, révèlent également peu à peu les secrets scandaleux de la petite communauté. Dans cette bourgade, tout n'est que frustration.

Russell Banks dénonce la mentalité américaine qui cherche à tout prix à trouver une cause à des événements dus au destin ou au hasard. La chasse aux responsables envenime les rapports sociaux et déstabilise le village. Banks s'attaque à une pratique de plus en plus fréquente qui vise à intenter des procès à quiconque: les fabricants de tabacs, les médecins etc...

Russell Banks se met magnifiquement dans les peau des différents personnages: les différents monologues intérieurs miment magnifiquement la douleur, la résignation ou la colère.

Mais bien que je trouve que ce roman soit magnifiquement  construit, je n'arrive pas à être touchée. Quelle est l'origine de cette distance, je ne sais pas !! Et vous, avez-vous aimé ce roman?

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11 décembre 2005 7 11 /12 /décembre /2005 11:38

ETATS-UNIS

Editions Al Dante, 2003 (écrit en 1971)

Voici l'un des romans les plus désopilants que j'ai jamais lu !

Raymond Federman est né en France de parents juifs. Il n'a émigré aux Etats-Unis qu'au milieu des années 50. Là bas, il devient professeur de Littérature à l'université et spécialiste de Samuel Beckett. Il a fortement contribué à révolutionner le roman moderne. Si vous voulez lire un entretien de Federman, je vous conseille le Matricule des Anges du mois de novembre dont il fait la une.

Quitte ou double est une formidable mise en abîme du métier d'écrivain. Voici l'intrigue à dormir debout: un écrivain décide de relater l'histoire d'un autre écrivain qui a décidé de s'enfermer 365 jours dans une chambre pour écrire l'histoire d'un jeune homme de 19 ans qui quitte la France pour l'Amérique après la Seconde Guerre Mondiale.

Le récit relate les élucubrations de l'écrivain n°2  la veille de s'enfermer dans la chambre pour un an. Il se met à calculer sans cesse de nombre de paquets de nouilles, de rouleaux de papier toilette, de dentifrice et de cigarette qu'il va falloir acheter pour tenir un an sans sortir ! Ces pages sont remplies d'humour: il fait sans cesse des calculs, réfléchit sur la manière d'acheter tout cela sans passer pour un fou! Il devient peu à peu obséder par les nouilles ! Ces calculs interminables (il n'a que 1200 dollars gagnés à la roulette !) sont ponctués de projets des chapitres du roman: l'auteur se demande comment il va nommer son personnage, réécrit sans cesse la scène du paquebot qui le mène aux Etats-Unis.

Ce roman est à considérer comme une oeuvre expérimentale pour plusieurs raisons: il s'agit d'abord d'une réflexion très humoristique sur le métier d'écrivain qui se coupe du monde pour pouvoir écrire. On peut y voir également un renouvellement de l'autobiographie: l'écrivain se dédouble en faisant croire que le jeune homme de 19 ans n'est pas lui; mais les deux hommes (jeune émigrant et écrivain finissent par se confondre). Il s'agit de la véritable histoire de Federman qui a perdu l'ensemble de sa famille dans les camps et qui est venu se réfugier aux Etats-Unis. Federman utilise la distanciation et l'humour pour éviter toute dramatisation.

Enfin, l'originalité de ce roman réside dans ses recherches typographiques. Pour chaque page, Federman invente une structure nouvelle: les mots montent, descendent, deviennent des spirales. Lorsque l'écrivain décrit une scène de sexualité, la disposition des mots laisse apparaître le vagin d'une femme ! Pareil lorsqu'il monte les escaliers les bras chargés de paquets de nouilles: il dessine un escalier représenté par un triangle à angle droit et "up and down" écrit à plusieurs reprises le long de l'hypoténuse.

Enfin un roman vraiment artistique et original ! A découvrir de toute urgence !

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28 novembre 2005 1 28 /11 /novembre /2005 13:14

ETATS-UNIS

Actes Sud, 2005

Russell Banks, l'un des plus grands écrivains américains contemporains, signe ici un roman historique et politique très intéressant. L'histoire se déroule en effet du début des années soixante à nos jours (au matin du 11 septembre 2001) aux Etats-Unis et au Libéria.

Au moment de la guerre du Vietnam et du combat pour les droits civiques des noirs américains, Hannah Musgrave, jeune fille issue de la bourgeoisie de gauche, devient terroriste militante contre le gouvernement conservateur des Etats-Unis. Recherchée par le FBI, elle s'enfuie en Afrique, au Ghana puis au Libéria. Jeune fille éprise de justice, elle espère s'engager en Afrique pour instaurer un régime assurant l'égalité des droits.

Mais au Libéria, elle découvre une élite locale inféodée aux intérêts américains. Le lecteur découvre alors que le Libéria est un Etat-Colonie qui a été créé par le gouvernement américain en 1850 pour permettre aux esclaves affranchis des Etats du Nord de retourner dans leur pays d'origine. D'où le nom Liberia. Il faut dire que les esclaves affranchis commençaient à devenir dangereux en demandant le droit de vote dans les villes de New-York et de Boston.

Les ex-esclaves que l'on a appelé les "Afro-Américains" sont devenus alors l'élite locale exploitant les ethnies autochtones. Au milieu des années 70, Hannah découvre une pays soumis aux intérêts économiques américains: les élites corrompues ont favorisé l'installation des multinationales vendant à l'étranger les produits africains et entraînant la pauvreté chez les peuples locaux dépossédés de leurs terres.

Au lieu de s'engager dans la défense d'une société plus juste , Hannah travaille pour une industrie pharmaceutique qui décime la population des chimpanzés pour obtenir du plasma bon marché et finit par épouser un membre de l'élite afro-américaine. La révolutionnaire a fini par rentrer dans les rangs contre son gré.

Sur plus de trente ans, Banks examine la situation de guerre civile au Libéria où la querelle des chefs fait s'entretuer plusieurs tribus. Les enfants d'Hannah deviendront ces fameux enfants soldats qui manient la machette dès leur plus jeune âge (voir le très beau Allah n'est pas obligé d'Amadou Kourouma).

A la soixantaine passée, Hannah prend la plume pour examiner sa mauvaise conscience et faire son mea-culpa. Ce personnage est formidablement romanesque. Ayant plusieurs vies, il repart à zéro à chaque fois.

Ce roman examine avec brio l'histoire méconnue de ce pays et porte une nouvelle fois atteinte à la politique américaine. Un seul bémol: Banks est certes un formidable écrivain politique mais ce roman est extrèmement long et parfois très répétitif. Son intérêt littéraire s'en trouve donc amoindri. Mais il reste l'un des romans forts de cette rentrée.

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