Pour mes trois lecteurs favoris (et les autres), j'ai décidé de sortir un autre conte de mes placards !
Il ne s'agit plus de l'histoire d'un livre bien solitaire mais d'une larme qui désire devenir un ange-gardien pour les pleureurs...
Je vous livre la première partie...
LA PETITE LARME DU BONHEUR
Ce soir là, après une journée bien remplie, Théo rentra encore bien triste dans sa chambre. Le club de vacances, c’était le sport, la rigolade et les jeux! Mais lui, il préférait la solitude. Il rentrait seul le soir pour rêver dans sa chambre à une autre vie plus heureuse.
En le voyant toujours seul, les autres l’avaient affublé de multiples sobriquets comme « bouche fermée », « tristounet » ou pire encore « le tout nul ».
Ce soir, donc, Théo était particulièrement anxieux. Le lendemain, était organisée la fête générale dans le club. Chaque enfant devait préparer un petit spectacle qu’il présenterait devant le groupe : un poème à réciter, une chanson, une morceau de musique célèbre à jouer avec son instrument favori, un numéro de clown etc.…Mais voila le problème : Théo était tellement timide qu’il n’osait rien faire. De plus il ne savait jouer d’aucun instrument de musique. Quant à faire le clown, il était inutile d’y penser.
Le pauvre Théo allait donc encore une fois de plus être la risée de tout le monde ! De grosses larmes lui coulaient sur la joue si bien que son visage et ses mains posées sur ses genoux étaient tout mouillés. Soudain, il sentit un drôle de picotement sur sa main comme si une larme essayait de le chatouiller. Alerté par cette drôle de sensation, il regarda attentivement la paume de sa main et vit avec surprise qu’une larme essayait de remonter vers son bras et ses épaules. Quelle drôle de larme ! D’habitude elles descendent vers le sol. Maintenant, elles essaient de monter vers le ciel !
Théo regarda de plus près et vit que la larme ressemblait à une très grosse goutte de pluie. Il la pris délicatement dans le creux de sa main et découvrit qu’elle renfermait une minuscule petite créature ressemblant un peu à la fée Clochette du célèbre Peter Pan.
« Mais qui es-tu ? Je ne savais pas que les larmes étaient peuplées de si petites créatures ! »
« Qu’est-ce que tu crois ? On est vivante comme les fleurs, les arbres ou l’océan ! - s’écria la petite fée- seulement les humains ne le savent pas. En ce moment tu vois, j’essaie de me sauver d’une mort certaine ! »
« Mais pourquoi risques- tu de mourir ? »
« Tout simplement parce qu’en pleurant, tu m’as expulsée de mon milieu naturel qui est l’eau du regard. En tombant sur les joues des humains, les larmes s’écrasent sur le sol et sans eau, elles meurent »
« Comme les poissons qui sortent de l’eau ! »
« C’est exactement cela ! Et vous, les humains, vous ne prenez aucun soin de nous. Il est très rare que l’on tombe dans une piscine ou dans un verre d’au. On s’écorche sur un sol tout dur et on s’assèche progressivement avant de rendre l’âme. Moi, je suis une petite larme encore bien jeune qui a envie de vivre de belles années alors je tente de remonter dans l’océan de tes yeux ! »
« C’est une expression drôlement poétique ! Alors mon œil est comme un vaste océan ! »
« Bien sûr ! Si cela n’était pas le cas, où veux-tu que se forment tes larmes ? Nous sommes comme des poissons dans l’eau. Et parfois nous sommes péchées hors de notre milieu naturel et nous en mourrons ! »
« Mais n’y a-t-il pas un moyen de sauver de si charmantes créatures ? Il faudrait tout le temps pleurer au dessus d’un aquarium ou d’un verre d’eau ! »
« Pas seulement ! Je vais te révéler le secret du pays des larmes : on dit que lorsque qu’une larme est expulsée de l’océan du regard et qu’elle entre dans le monde des humains, elle a une possibilité de ne pas mourir et de rejoindre un océan bien plus grand que celui du regard »
« Cela doit être la mer ou l’océan. Mais que doit faire la larme ? »
« Je crois que cela va t’intéresser ! Il faut qu’elle réalise le vœu de celui ou celle qui l’a expulsée de l’océan du regard. En un mot, il faut qu’elle arrive à ne plus le faire pleurer ! »
« Cela veut dire que tu dois me rendre heureux ! Là, tu as un rôle très dur à jouer, ce n’est pas gagné ! »
« Ne t’inquiètes pas ! J’ai le moral ! Alors, quel est ton problème ? »
« Demain, il y a une fête ; tous les enfants doivent faire un petit spectacle et moi, comme d’habitude, je ne sais pas quoi faire puisque je n’ai aucun don : je suis nul en sport, je n’ai aucun humour et je ne sais pas jouer d’instruments de musique »
« Alors tu n’as qu’à te déguiser comme au carnaval ! » s’exclama la petite larme, toujours installée dans le creux de la main de l’enfant, comme une grosse bulle de savon transparente.
« En quoi veux-tu que je me déguise ? Je n’ai pas de costume et en plus, je n’aime pas faire la fête ! »
« Mais il y a bien quelque chose que tu aimes faire ! »
« Bien sûr, mais lorsque je suis seul : rêver devant ma fenêtre à la nuit tombée, regarder les étoiles filantes, lire des contes ou les enfants arrivent toujours à régler leurs problèmes »
« Dans les contes, les enfants arrivent à régler leurs problèmes parce qu’ils ont un ange gardien ou parce qu’ils rencontrent une jolie fée. Moi, je veux bien devenir la larme du bonheur ! Dis-moi, en parlant de conte, tu sais à quoi tu me fais penser : à un Pierrot au clair de lune qui est toujours mélancolique et qui rêve tout le temps. Je crois que j’ai trouvé ton déguisement! »