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  • : Passion des livres
  • : Les coups de coeur de mes lectures. Venez découvrir des classiques, des romans français ou étrangers, du policier, du fantastique, de la bande dessinée et des mangas...et bien des choses encore !
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Internautes lecteurs, bonjour !

J'ai découvert l'univers des blogs très récemment. Je suis bibliothécaire et mon métier est donc de faire partager ma passion. Voici donc mes coups de coeurs et n'hésitez pas à me faire partager les vôtres !

Je vous parlerai surtout de littérature française et étrangère contemporaine sans oublier bien sûr mes classiques préférés...

Une rubrique est également réservée aux lectures pour adolescents ainsi qu'à la BD et aux mangas.

Bonne lecture !

 

 

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 21:15

ETATS-UNIS

 

La famille et l'université américaine des années 50 au scalpel, un jeune homme s'indigne

 

Editions Gallimard, 2010

 

Voici le dernier opus du grand auteur américain nobélisable. Une intrigue taillée au cordeau, de moins de 200 pages, sur l'Amérique profonde au temps de la Guerre de Corée en 1951.

 

Plongée dans l'univers juif très strict de l'Est américain ; Marcus est le fils d'un boucher kasher. Après avoir fait son apprentissage dans la boutique de son père, il entame ses études universitaires ; brillant élève, son père le talonne pour qu'il ne fasse pas de faux pas. Lassé par cet autoritarisme, Marcus change d'université et va s'enterrer au fin fond de l'Ohio au coeur de l'Amérique puritaine. C'est là qu'il va découvrir toute l'hypocrisie des enseignants. Il y fait la rencontre d'une jeune fille qui ose lui faire une fellation (ciel, il n'y crois pas !), une jeune fille qui a fait une tentative de suicide...

 

Ce roman d'apprentissage trouve toute son originalité dans la mesure où  Marcus nous raconte son histoire dans une certaine situation .....que nous découvrons à la vingtième page. Au lecteur de le découvrir !

 

Indignation ou l'Ingénu en Amérique. Le jeune homme doué et bourré de principes va découvrir toute l'hypocrisie du système et va commencer à s'indigner...

 

Une pure tragédie puisque l'on sait dès le début que l'histoire se termine mal. Mais raconté avec le talent de conteur de Philip Roth, maniant avec brio le cynisme, cela donne lieu à des scènes mémorables tragicomiques.

 

On appréciera également le lien métaphorique entre la boucherie paternelle et la boucherie de la guerre...

 

Comme à son habitude, Roth dénonce les travers de la société américaine ; ici, ce sont les bons principes puritains qui en prennent un coup.

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 17:06

PRIX GONCOURT 2010

 

La carte et le territoire

 

Editions Flammarion

 

Et oui, je l'ai lu ! Ayant eu de bons échos de la part de mon entourage, je me suis enfin décidée à l'ouvrir...et à le dévorer !

 

Le dernier cru de Houellebecq se lit avec délectation ; certes comme toujours très pessimiste sur l'avenir de l'espèce humaine mais très drôle tout en n'étant pas dénué de mélancolie.

 

Est-il encore nécessaire de présenter l'intrigue ?

 

L'écrivain retrace sur plusieurs décennies, de sa jeunesse jusqu'à sa mort, du début des années 2000 jusqu'à sans doute 2040/2050, le parcours de Jed Martin, un artiste contemporain, qui rencontre tout  coup de succès grâce....aux cartes Michelin ! Se rendant en effet à l'enterrement de sa grand-mère, il est ébahi par la beauté d'une carte de la Creuse. Il se décide alors à photographier ces cartes très colorées qui sont beaucoup plus belles que le territoire réel...

Sponsorisé par Michelin (et par la sublime Olga du service com de la célèbre boîte), il va peindre les métiers oubliés ou ceux représentatifs de la production française. Et là, succès sans précédent, surfant sur la vague du "retour à la campagne" cher à Jean-Pierre Pernaud. Le catalogue d'expo va être chroniqué par un certain Houellebecq. Méditation et mise en abîme de la condition de l'artiste qui évolue tout d'un coup vers un roman policier.

 

Houellebecq nous réserve de multiples surprises. Les portes d'entrée de ce roman sont multiples : roman psychologique balzacien avec analyse conjointe de la société contemporaine, réflexion sur l'identité française, satire féroce des milieux d'art et des médias, roman policier, mise en abîme de la condition d'artiste, roman "d'anticipation". Ce roman éclectique peut être très bien savouré par les "bobos" qui se réjouiront de la caricature de Jean-Pierre Pernaud. Comme il peut très bien être apprécié par les inconditionnels de la télévision.

 

Humour décalé, réflexion d'anticipation sur le retour à la terre en temps de crise, mais aussi une réflexion touchante sur les rapports parents/enfants. En effet, l'écrivain brosse le portrait du père de Jed Martin, un architecte qui rêvait de changer la vie grâce à ses constructions et qui a fini par construire des stations balnéaires pour milliardaires. Méditations sur des vies râtées...Ce roman en regorge. Médaille spéciale pour le portrait du commissaire Jasselin, marié sans enfant, obnubilé par le bonheur de son chien Michou...né sans testicules ! Saluons le portraitiste hors pair de Houellebecq qui a un talent fou pour décrire la médiocrité de la vie et ses échecs de toutes sortes. On y retrouve à la fois l'influence d'Emmanuel Bove et de Simenon.

 

Quant à l'autoportrait de Houellebecq, géniale mise en abîme d'un homme solitaire, misanthrope, alcoolique, admettons qu'elle ne manque pas de piquant.

 

Sans doute pas un chef d'oeuvre mais vraiment un très bon moment de lecture qui allie détente à une analyse plus que pertinente de notre société industrielle, artistique, médiatique et touristique décidément très malade...

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 12:52

BANDE DESSINEE (exceptionnelle !)

 

Editions La boîte à bulles

 

Attention talent ! Venez découvrir l'oeuvre de ce jeune talent né en 1979, diplômée des arts appliqués. Vous aimez les belles illustrations ? Les jolis contes qui vous font rêver et voyager ? Ne chercher plus, l'univers de Nancy Pena est pour vous....

 

Pour découvrir son site :

http://theteaparty.canalblog.com/archives/chat_du_kimono/index.html

 

Dans un magnifique dessin noir et blanc, s'inspirant des estampes japonaises, Nancy Pena nous conte une histoire enchanteresse, s'inspirant à la fois d'un conte japonais, d'Alice au pays des merveilles et de Sherlok Holmes ! Le tout raconté par séquences courtes, des petits contes indépendants, mais qui s'interpénètrent.

 

Nous voici donc dans l'île de Kiushu, à la fin du 19e siècle ; un tisseur spécialisé dans la confection de kimonos en offre un à sa bien-aimée, décoré de chats. Mais celle-ci se refuse à lui. Fou de douleur, il se confectionne un kimono décoré de rats puis d'oiseaux. Les chats deviennent fous et tuent la belle. Un des chats s'enfuie du kimono pour capturer un des oiseaux et n'aura de cesse de retrouver sa "maison kimono".

 

 

Pour cela, il va traverser les mers, se retrouver en Inde puis en Angleterre...où il va rencontrer Sherlock Holmes..et une charmante petite fille Alice, dont le père va acheter le fameux kimono. Ce vêtement envoûtant va faire le bonheur des uns et le malheur des autres...

 

Mêlant les influences japonaises et victoriennes de la fin du XIX e siècle, Nancy Pena nous ravie avec ce conte fantastique à la fois poétique, cruel et humoristique.

 

Le scénario multiplie les rebondissements et les chassés-croisés entre les différents personnages, qui apparaissent au fur et à mesure. Pas toujours facile à suivre, mais on s'y perd avec plaisir.

 

 

ck03

  Les dessins font la part belle aux portraits des personnages tout en saisissant bien les mouvements du récit.

 

Tea party

Pour continuer ces aventures, je vous conseille de lire Tea Party, la suite de cet album (mais qui peut se lire indépendamment) qui relate les aventures d'Alice, 15 ans plus tard : vêtue du célèbre kimono, elle va aider Victor Neuville, conseiller culinaire d'un lord, à trouver le meilleur thé de l'Empire. Complice ou espionne ? Quant à Neuville, il est sujet à d'étranges hallucinations...Entre autres, un chat étrange qui sort du kimono de la belle.Alice a d'ailleurs décidé de partir sur l'île où a été créé le kimono...

 

 

 

 

 

 

 

 

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 12:32

PRIX MEDICIS 2010

 

Naissance d'un pont

 

Editions Verticale, 2010

  

Indéniablement, la grosse découverte critique et publique de cette rentrée littéraire. On a évoqué, pour ce roman, la puissance d'un récit américain.

Une écriture flamboyante, un goût des mots assuré, un récit épique, un souffle certain. Un petit bémol pour moi tout de même : une intrigue entre des personnages qui auraient pu être davantage esquissés ; un goût d'inachevé à la fin.

 

L'argument de cette intrigue, minime, mais qui va donner naissance à une gigantesque épopée : la construction d'un pont dans une ville imaginaire, Coca, quelque part en Amérique (j'aurais dit davantage en Amérique du Sud mais on parle de la Californie dans les critiques). Une ville endormie, paumée, au bord d'un fleuve, Repère des indiens venant de la forêt toute proche, des vieilles familles souches consanguines et de paumés de toutes sortes.

C'est sans compter le maire du village, dit "le Boa" qui va remuer tout ça en lançant un vaste concours d'architecte pour la construction de ce pont entre deux rives censé relier les populations entre elles et faire de Coca un nouvel Eldorado.

 

Et c'est donc parti pour une aventure sans précédent : Maylis de Kerangal saisit avec brio le mouvement, l'énergie que provoque cette construction par delà les frontières ; cette construction fait se mêler différents peuples ; des indiens aux immigrés chinois en passant par les chômeurs divers et variés, les ex taulards, les prostituées, les ingénieurs, les grutiers, les architectes, les femmes qui cherchent un travail sous qualifié....

Dans des phrases longues, amples, dynamiques qui rendent admirablement compte de l'effervescence produite et du melting pot créé, l'auteur réalise en effet un roman monde où différentes voix  se mêlent.

 

De là à crier au chef d'oeuvre, il y a sans doute un autre pas à franchir.

 

Si la première partie m'a ravie pour son ton épique, pour l'énergie qu'elle dégageait, j'ai un peu déchanté par la suite. En effet, pour moi, les personnages ne sont qu'esquissés, ils n'ont pas vraiment d'épaisseur psychologique (à part peut-être Rousse, l'ingénieur). Leur langage propre, leur langue n'est pas non plus individualisée, avec ses accents, ses tics, son rythme.

 

Tout cela me ravit juste un peu et me fait davantage penser à un exercice de style qu'à un roman monde. Il n'y a qu'à le comparer à La malédiction des colombes de Louise Erdrich et on voit tout de suite la différence (Louise Erdrich a le talent de construire des personnages très fouillés avec leur langage propre).

Et je m'interroge toujours à ce propos sur la capacité de cette littérature à passionner une majorité de  lecteurs. ...

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 19:43

PORTUGAL

 

 

Editions Viviane Hamy, 2010

 

Voici le dernier opus de l’écrivain portugais le plus adulé du moment. Ayant déjà obtenu le Prix Saramago (il est né en 1970), il a reçu notamment les éloges, entre autres, d’Alberto Manguel et de Enrique Vila-Matas.

Auteur au parcours éclectique ( il a étudié le sport, l’art et la physique !), il est aujourd’hui professeur d’épistémologie à l’Université de Lisbonne.

Il s’est fait connaître en France et dans le monde par sa série des Bairro, des petits romans où il fait déambuler dans un Lisbonne imaginaire, Brecht, Paul Valéry et Italo Calvino, entre autres…Une fantaisie littéraire, sous forme d’hommage, qui lie érudition, jeu littéraire et humour.

 

L’univers du « Bairro » est drôle, poétique, intelligent, lunaire, original, et accessible. Il fait penser aux mondes de Monsieur Teste de Paul Valéry, de Plume d’Henri Michaux, de Palomar d’Italo Calvino, du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, de Monsieur Hulot de Jacques Tati, et d’autres encore… (Site de Viviane Hamy)

Dans Apprendre à prier…, il abandonne (temporairement ?) les grands écrivains pour se concentrer sur un personnage fictif, Lenz Buchmann, personnage haut en couleur, incarnant à lui seul les dérives du pouvoir qu’a pu connaître le 20e siècle.

L’auteur retrace la vie d’un médecin des corps, devenu médecin des âmes, par le fait de la politique. Elevé par son père selon le principe de « la loi du plus fort », Lenz a pour passion l’énergie, le mouvement…qui mène tout droit au commandement et au sentiment de se sentir au-dessus des autres.

Le médecin déteste ses patients défaitistes, vaincus d’emblée par la maladie. Mais il adore que ces patients revigorés le mettent sur un piédestal. Alors, un beau jour, il décide de quitter cette relation entre individus (médecin/patient) pour étendre son emprise sur « la collectivité ».

Il va ainsi régner sur les âmes….à ses risques et périls.

Tavares brosse le portrait de Buchmann  dans de très courts chapitres, dont les titres sont des aphorismes. On pourrait croire qu’il s’agit d’une encyclopédie ou d’un manuel…de pouvoir. Les recettes du pouvoir sont énoncées telles des lois de physique ; il est question d’énergies contraires, de forces, de mouvements. Au temps des idéologies triomphantes, les relations humaines sont analysables et déchiffrables au même titre qu’une machine ou qu’un tableau de chiffre. Tout peut être dominé…à l’ère de la technique. Mais la nature n’a pas dit son dernier mot…

Sous des allures de conte moral froid et distancié, Tavares prend un malin plaisir à se jouer de son personnage qui se croit au dessus de la morale universelle…Il n’avait qu’à apprendre à prier…

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 18:54

Editions Actes Sud, 2010

 

Déluge

 

Henry Bauchau, auteur belge de 97 ans, écrivain, psychanalyste et peintre, s'est surtout fait connaître du grand public par Le boulevard périphérique qui remporta le Prix du livre Inter 2008.

 

En mars dernier, il fit paraître ce court récit de 170 pages. Court mais si dense ! A travers cette histoire prenant des allures de mythe universel, il nous fait revivre l'histoire de l'humanité, notre histoire, l'histoire de chacun d'entre nous.

 

Dans un port dans le sud de la France, Florian est un vieux peintre qui brûle ses oeuvres. Toute sa vie, il a été interné plusieurs fois, considéré comme un malade.

 

Un jour, il rencontre Florence, qui choisit de quitter son confort  parisien pour vivre une nouvelle vie ; malade, elle se sait condamnée.

Entre eux, pas de grands mots, par de grands gestes. Deux mains qui s'effleurent...Florence sait qu'elle a une grande aventure à vivre en compagnie de Florian...

 

Il va lui apprendre à tenir un pinceau...Ils vont bientôt être rejoints par Simon, un manutentionnaire du port qui va redécouvrir l'art de peindre et Jerry, un enfant caractériel.

 

Ensemble, ils vont former une petite communauté et réapprendre le langage d'avant le langage : celui du geste, de l'effleurement, le geste de l'artiste, le chuchotement.

 

Ensemble, ils vont, par la peinture, faire revivre l'arche de Noé au moment du Déluge. Ces créatures blessées dans leur corps et dans leur âme, vont renaître, s'offrir une nouvelle vie.

L'art est le catalyseur de leur renaissance, de leur guérison.

Le peintre, tel Noé, va les guider vers un ailleurs qui n'est autre que la profondeur révélée de leur être.

 

Henry Bauchau nous fait lire un conte intemporel pour rendre son histoire mythique et universelle. En effet, dans ce récit très court, au style très elliptique (l'auteur ne se regarde pas écrire, il va à l'essentiel), il n'y a pas d'indication temporelle. L'auteur cite, un jour, des mois, des années. Combien de temps a duré l'élaboration du grand tableau du Déluge ? Nul ne le sait. Mais les 170 pages pourraient bien être des années.

 

Concision signe d'un grand art qui retrace en un conte allégorique toute l'histoire de nos vies.

 

Une apologie magnifique de l'art, comme guérisseur et grande aventure collective.

 

 

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 18:08

PREMIER ROMAN

 

Moi comme les chiens

 

Editions Moisson rouge, 2010

 

Les éditions Moisson rouge, nées il y a presque trois ans, sont spécialisées dans la littérature  noire, au sens large : peinture des crises de notre époque, fresques urbaines, roman noir "transgenre" pouvant évoluer vers le fantastique.

 

Sophie de Ricci signe ici son premier roman coup de poing, une "histoire de mecs" comme elle le dit dans une banlieue urbaine qui pourrait être n'importe quelle grande ville de France ou d'ailleurs ; bretelles d'autoroutes, entrepôts, grands ensembles et no man's land.

 

C'est dans le décor apocalyptique qu'évolue Willy, vingt ans, qui vient de quitter le domicile parental, pour rouler sa bosse. Son rêve : monter une maison de disques au Canada.

Son seul moyen : tapiner dans le no man's land aux frontières de la grande ville ; mais attention : pas n'importe comment ; ses nouveaux copains vont jusqu'au bout ; lui n'y met "que les mains".

 

Un soir, alors qu'un homme, un "micheton" tente de le violer, le mystérieux Hiboux (ex braqueur de banque ? Ex tueur à gages ?) le sauve et le recueille chez lui. Entre eux, va naître une relation passionnelle entre amour fusionnel et haine.

 

Jusqu'au jour où Hiboux comprendra vraiment qu'il l'aime...

 

C'est hard, c'est noir, c'est sanglant....mais jamais vulgaire. Et c'est en ça que réside le talent de Sophie de Ricci. Alan, le "héros" est un ange déchu, un jeune qui ne rêve que de musique et de belles fringues. Son rêve l'habite et pour le réaliser, il est prêt à presque tout.

Il plane au dessus de toute cette clique de toxicos, de rabateurs et de tueurs ; en Hibou, il trouve un père et l'amour qu'il n'a pas eu. Il incarne le rêve  de pureté dans ce cloaque.

 

L'auteur évite misérabilisme. Ses phrases vont à l'essentiel, elle ne tourne pas au tour du pot. Dans un style très cinématographique, elle brosse très rapidement les lieux en laissant de suite la place aux dialogues entre les personnages.

 

On rêve déjà d'une adaptation cinématographique...

 

http://www.moisson-rouge.fr/moicommeleschiens/ 

 

Ne vous laissez pas décourager par le thème du livre, une histoire de protitution entre "tapettes". C'est beaucoup pl;us que ça. C'est un roman d'apprentissage dans nos cités qui laissent pourrir nos rêves.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 11:46

Les femmes du braconnier

 

Editions Actes Sud, 2010

 

A mi-chemin entre la fiction et la biographie, Claude Pujade-Renaud nous relate l'histoire du couple mythique de poètes américains et anglais, Sylvia Plath et Ted Hugues. Sylvia Plath, poétesse maudite (1932-1963), auteur entre autres de La cloche de détresse et de Ariel, se suicida au gaz, entre autres suite aux infidélités de son mari. Les féministes la considèrent comme une icône, victime de la société machiste.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvia_Plath

 

 

Mais le but de l'auteur n'est pas de prendre parti pour l'un ou pour l'autre. Il s'agit plutôt de relater l'itinéraire passionnant et passionné de la poétesse, d'autant plus que le roman ne s'arrête pas à la mort de Sylvia ; en effet, en 1930, surgit le deuxième amour de Ted, Assia, la poétesse et peintre juive, elle aussi rongée par la culpabilité. Ce sont ces chassés-croisés amoureux et follement romanesques auxquels nous convie Pujade-Renaud, à travers un récit polyphonique : bien sûr, les trois protagonistes s'expriment mais aussi, les membres des deux familles, les voisins, les médecins et psychiatre.

 

L'auteur parvient à nous rendre le couple de poètes très familier et en même temps, ils deviennent des figures éternelles, doubles des grands personnages de la mythologie ou de la littérature.

 

En effet, l'auteur rend son roman très poétique dans la mesure où les images et les métaphores abondent.

Ted et Sylvia sont deux figures animales ; lui, le poète, est passionné par le langage des animaux et , en apprenti chamane, passionné par les légendes, rêve de le comprendre. Il rêve de dompter la panthère Sylvia ; entre eux, c'est une chasse perpétuelle (lors de la première rencontre à Cambridge, Sylvia mord Ted !).

Les deux poètes sont les deux élues de Dame Nature ; la référence à L'amant de Lady Chatterley de DH Lawrence est manifeste : il y a une magnifique scène de fusion entre la nature et l'homme ; les deux poètes se promènent dans les bois, et entre les animaux et les oiseaux, scellent leur union païenne. Les paysages anglais du Devon et du Yorkshire, collines et forêts sous la pluie et le vent, de sont pas sans évoquer les oeuvres des soeurs Brontë.

Autre référence à la littérature, explicite cette fois-ci : Shakespeare, notamment à travers la pièce La tempête. (le roi Prospero, avec sa fille, contrôle des éléments et les esprits,notamment l'esprit Ariel).

Ted-Prospero tente de parvenir à apprivoiser Ariel, pour sauver Sylvia de la dépression.

 

Enfin, la référence au mythe Orphée-Eurydice est constante ; Ted-Orphée ne parviendra pas à ramener Eurydice-Sylvia de l'enfer.

 

Figures littéraires, figures mythologiques et aussi figures de la vie quotidienne. Sylvia Plath est avant tout une mère de deux enfants ; lorsqu'elle se suicide au gaz, elle prend bien soin de calfeutrer la chambre des enfants et de leur laisser du lait et des tartines. Le lait nourricier, liquide magique et sauveur, lutte contre le sang menstruel, qui entraîne la dépression et le retour des cauchemars. Sylvia, la maman, la cuisinière, la ménagère, la décoratrice et poète. La création, c'est la poésie mais aussi la maternité. Ces deux pans sont indissociables.

 

Mais dans la vie quotidienne, règne Moira, la figure du destin, qui encourage au suicide, de génération en génération....

 

Un petit chef d'oeuvre qui donne envie de lire Sylvia Plath, Shakespeare, et DH Lawrence. Que demander de mieux !

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 18:38

ETATS-UNIS

 

Trente ans et des poussières

 

1993 et 2006

 

Jay McInerney est avec, Bret Easton Ellis, le principal membre de la "Brat Pack", ce mouvement littéraire des "sales gosses" des années 80, fréquentant les nuits branchées de Manhattan et faisant le portrait de cette génération dans leurs romans : argent facile, sexe, drogue, soirées mondaines à n'en plus finir.

Cela donna le portrait désabusé des yupies, ces jeunes cadres dynamiques branchés de Manhattan qui pètent un cadre, le plus célèbre étant Patrick Bateman, le cadre tueur en série d'American Psycho.

 

Ces écrivains drogués des nuits folles de Manhattan ont poussé la médiatisation à outrance ; Jay McInerney, ayant vendu deux millions de titres de Journal d'un oiseau de nuitse déguise en tortue ninja sur les plateaux télés....

 

Mais ne voir que cet aspect foldingue de l'écrivain serait vraiment passer à côté d'un grand écrivain. Ce côté scandaleux (il s'est assagi depuis !) ne doit pas faire oublier que c'est un chroniqueur admirable, un portraitiste de talent et qu'il a sans aucun doute écrit la comédie humaine new-yorkaise des années 80/2000.

 

Cette comédie humaine est vue à travers le regard d'un couple de trentenaires romantiques, Corrinne et Russel Calloway, la princesse et le prince qui ont tout pour être heureux ; c'est le couple envié par tout le monde. Venant de "province", ils vont tout faire pour gravir les échelons. Elle est courtière, lui travaille dans une maison d'édition. Mû par une ambition folle, il a décidé de lancer une OPA pour racheter la boîte. C'est l'époque de Reagan, du fric facile, des spéculations boursières....

Mais la chute n'en sera que plus dure....

 

Splendeurs et misères d'un couple dans le vent. Chronique d'un échec annoncé...Il s'agit bien sûr d'une chronique satirique de cette époque. McInerney scrute à la loupe les soirées mondaines à n'en plus finir où se côtoient sexe, argent et drogue.

 

Mais si satire il y a, elle est profondément atténuée par la sympathie qu'éprouvel'auteur envers ses personnages. Ce couple, on le sent bien, est fragile, sensible, ils s'interrogent sur leur avenir et le bien-fondé de leurs actions. C'est Corrinne qui, la première, plutôt dépressive, a un regard très critique sur ce milieu.

 

On pense à l'influence de Scott Fitzgerald, dont McInerney est un fervent admirateur.

La belle vie - Jay Mc Inerney

 

Nous retrouvons ce couple 15 ans plus tard en ....2001. Ils ont eu des enfants, ils ont un loft à Tribeca, ils fréquentent le Manhattan de l'Upper East Side. Nous sommes le 10 septembre 2001 au soir

 

11 septembre : gros blanc. McInerney choisit de ne pas décrire l'attentat.

 

Ce qui l'intéresse, c'est l'après et les répercussions de l'événement sur une population hyper favorisée, blasée de tout, qui court de galas en galas. On se trompe, les filles se droguent...

 

Dans ce cataclysme, Corrinne va rencontrer Jim, un courtier qui a tout envoyé valdinguer quelques mois avant, qui cherche à refaire peau neuve. Ayant échappé de peu aux attentats, étant en retard à un rendez-vous au Windows of the world", il tombe sur Corrinne dans les ruines fumantes, alors qu'elle est venue faire du bénévolat pour nourrir les secouristes.

Et là, se profile l'horizon d'une nouvelle vie, loin de la vacuité des soirées mondaines.

 

Une éclaircie mais aussi la culpabilité qui est toujours là, qui vous hante. Evitant toute mièvrerie, l'auteur signe un chef d'oeuvre de mélancolie. On pense tout de suite au nouvelliste hors pair John Cheever qui lui, a chroniqué le malaise de la classe moyenne dans les banlieues américaines, la possibilité du bonheur entrevu et puis le renoncement final...

Inerney, c'est du Cheever dans le centre de Manhattan.

Il scrute, avec tendresse et délicatesse,  la blessure, le renoncement, les regrets. Magnifique oeuvre romanesque et très belle histoire d'amour impossible.

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 16:07

Editions Viviane Hamy, 2001

 

Madame Angeloso

 

Prix France Télévisions, 2001

 

Je continue à explorer l'oeuvre si particulière et si talentueuse de François Vallejo.

Il s'agit là de l'un de ses premiers romans, et sûrement celui qui l'a fait connaître du grand public, ce avant Ouest.

 

Imaginez une vieille femme, Constance Angeloso, sans domicile fixe depuis des années, autre que sa vieille R5 jaune. Et bien, cette dernière vient d'être écrasée dans sa voiture à un passage à niveau, par le train Paris-Varsovie.....dans lequel se trouvait le Dalaï-Lama ! Admirez déjà toute l'originalité de ce fait divers !

 

La loufoque Madame Angeloso, donc, n'est plus. Elle qui pesait plus de cents kilos et qui réchauffaient les coeurs esseulés dans son petit hôtel de Dunkerque.

 

Qu'à cela ne tienne ! Trois personnages vont nous la faire revivre à travers leur parole, qu'ils prennent à tour de rôle.

Le fils, tout d'abord, indigne cela va s'en dire : Angelino Angeloso. Lorsqu'un policier presque nain lui annonce la nouvelle, il éclate de rire et boit son whisky. Lui, le fainéant, la grande gueule, plus intéressé par les putes que par l'avenir de l'hôtel.

 

Il y a aussi Coquemar, le petit vieux dépressif, sauvé du suicide par Madame Angeloso. Passionnés tous les deux par la grande Histoire (ils se sont rencontrés le jour de l'avènement de Mitterrand !), ils discutent sans fin sur les cataclysmes que peuvent engendrer les grands événements sur les petits événements...

 

Enfin, il y a Danuta, la petite cousine polonaise éloignée, que Madame Angeloso a recueilli, se jurant qu'elle lui ferait apprendre le français.

 

Tout ce petit monde va évoquer "son" Angeloso : la mère indigne envahissante, l'hôtelière au grand coeur, la mère adoptive.

 

Et au milieu de tous ces souvenirs, il va falloir régler la question des obsèques ....

 

Que retenir de cette histoire truculente ? De la fantaisie, un amour immodéré de l'auteur pour ses personnages et surtout une verve, un goût des mots qui met en scène le récit sur les planches d'un théâtre ; nous avons l'impression de chacun s'avance vers nous pour vider tout ce qu'il a sur le coeur, en s'adressant directement à nous.

Et Madame Angeloso, matrone fantasque et truculente, vient à notre rencontre.

 

Comme à son habitude, Vallejo excelle dans les rapports de force, dans les huis-clos où les tensions sont exacerbées. C'est une comédie de boulevard, c'est un drame, oscillant toujours entre le burlesque et la tragédie.

 

C'est divertissant, bien rythmé et on s'attache définitivement aux personnages. Du grand art !

 

"Un baroufe du tonnerre, oui, ça a dû faire un barouf du tonnerre, a pensé Angelino, le dimanche soir, juste après le départ du jeune et petit brigadier de gendarmerie.

C'est vraiment con, un gendarme débarque chez toi, un dimanche, pour t'annoncer que ta mère a été écrabouillée sous un train, le seul truc qui te passe par la tête, c'est : il est vraiment minus, ce cogne, je croyais qu'on les recalait en dessous d'une certaine taille, ils doivent en manquer...."

 

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