Editions de l'Olivier , 2000
Christophe Honoré, jeune écrivain-cinéaste, trouve son inspiration dans l'oeuvre de Georges Bataille: il en ressort une littérature dont les thèmes tournent autour de la fascination du mal et des deux figures d'Eros et de Thanatos, le désir et la mort.
Si vous aimez la pudeur, les bons sentiments et la littérature bien-pensante, cette oueuvre n'est donc pas pour vous: Christophe Honoré mêle le meurtre d'enfants à l'homosexualité incestueuse. Mais comme l'a si souvent déclaré André Gide, "pas de bonne littérature avec de bons sentiments..."
Dans La douceur, deux jeunes adolescents tombent amoureux l'un de l'autre en colonie de vacances. Au nom de cet amour sacré et pour cause de jalousie, un jeune garçon sera sauvagement violé et assassiné non loin du camp de vacances. Le jeune Steven se dénonce et passera une partie de son adolescence en clinique psychiatrique. Baptiste , son grand-frère le libérera et ensemble, ils partiront pour l'Angleterre.
Le deuxième tome, Scarborough nous plonge encore davantage dans l'abjection: les deux frères, Baptiste et Steven, vivent leur homosexualité incestueuse au grand jour sur les rives du littoral anglais. Mais Steven va tomber amoureux d'une jeune mère anglaise, Suckie, dont la fille vient de se suicider. Ensemble, ils auront un fils, Anton. Mais Steven ne pourra venir à bout de ses désirs incestueux...
Dans une prose magnifique,Christophe Honoré nous livre une histoire d'amour et de mort digne d'une tragédie grecque (l'écrivain cite d'ailleurs à plusieurs reprises des vers de Sophocle): la narration fait alterner les monologues des personnages masculins qui sont des véritables incantations: au sein de la société anglaise puritaine qui les conspue; leur tirade sanctifie l'amour interdit et la souillure. L'écriture sacralise l'abjection.
Vous pouvez lire séparément les deux tomes: pour moi, Scarborough est vraiment un très beau roman et surpasse le premier opus du point de vue de l'écriture. Le lecteur est mis à rude épreuve; on ressent un véritable malaise à plusieurs reprises; mais Honoré a le talent de mêler le mal à la beauté ce qui fait naître une certaine fascination...
Hannibal 07/09/2007 15:00
Sylvie 07/09/2007 22:16