LITTERATURE FRANCAISE -1969
Gallimard, collection "L'imaginaire"
Voici l’une des œuvres les plus inventives de la littérature française du XXe siècle. George Perec était membre de l’Oulipo (ouvroir de littérature potentiel), groupe d’écrivains (Jacques Roubaud, Raymond Queneau) qui a toujours mis la forme du texte, les jeux de langage au centre de leurs préoccupations. Donc, en 1969, Perec décide d’écrire un roman sans aucun E , la voyelle la plus répandue de la langue française ! (Sachez que cela s’appelle un lipogramme !). Et bien sûr il a décidé de ne pas avertir son lectorat !
Ce qui est génial, c’est que presque 40 ans plus tard, alors que ce livre a fait couler beaucoup d’encre, on croit lire une œuvre tout à fait normale ! C’est en cela que réside le génie de Pérec…L’intrigue, bien que fantaisiste, est tout à fait compréhensible. On remarque l’amour des mots avec les énumérations de légumes, de pays, de prénoms sans e. Deux ou trois fois, on remarque une soustraction de deux chiffres , genre cinq –trois pour dire deux, mais c’est la seule anomalie.
Ce qui est génial aussi, c’est que la disparition est à la fois dans la forme et aussi dans le thème ; pour vous résumer brièvement l’intrigue, La disparition met en scène le personnage Anton Voyl (Eh oui, bien sûr, il faut comprendre Antoine Voyelle !!!) qui disparaît de la circulation après avoir subit des nuits et des nuits d’insomnie. Ses amis partent alors à sa recherche. Mais peu à peu, ils disparaissent à leur tour… Quelle est l’étrange malédiction qui pèse sur ses personnages ? Sur 300 pages, vous rencontrerez une étrange pierre précieuse, une cantatrice et un prince albanais bien sanglant…Et vous aurez à la fin la solution de l’énigme à pas piquer des hannetons !
Cela nous fait penser une intrigue policière : enquête, énigme, mystère. George Perec nous donne certains indices :
L’intrigue et les personnages sont complètement déjantés, il y a de quoi y perdre son latin ! Parfois, on se sent un peu déconcertés, on n’y comprend pas grand-chose mais on y éprouve quand même beaucoup de plaisir. L’histoire est avant tout très ludique et c’est cela qui compte…
A noter à la fin des très belles citations de Jean Tardieu et Gérard de Nerval sur la vénération de la langue.