Editions José Corti, 2007
Voici le deuxième roman d'un écrivain prodige dont j'ai adoré le premier titre, La robe, présenté sur mon blog il y a quelques semaines.
Dans ce deuxième opus, on retrouve la même transparence entre le rêve et la réalité et aussi la référence à l'Europe centrale du début du siècle. Par contre, j'ai trouvé ce livre plus hermétique et moins envoûtant que le premier. Ce qui ne retire rien de sa qualité....
Le narrateur est un esthète d'une cinquantaine d'années qui parcourt l'Europe Centrale de Vienne à Istambul, à bord de l'Orient Express.Ce riche héritier nomade a ainsi passé sa vie d’un lieu à un autre sans désirer se poser. Mais alors que le train traverse un lac autrichien, le héros est « happé » par une mystérieuse villa, ornée d’une véranda. Il ressent l’impression qu’il connaît ce lieu alors qu’il n’y est jamais allé. Il descend à la prochaine station et se renseigne sur cette maison qui est à vendre. Des légendes mystérieuses courent dans le village sur ses anciens habitants : un vieil homme y serait gardé par deux femmes fantomatiques….
Le héros va entreprendre des démarches pour acheter la maison et connaître les propriétaires…
A partir de ce moment, nous ne savons pas s’il s’agit de la réalité ou d’un rêve. Le narrateur semble avoir enfin trouvé le lieu où finir ses jours…Mais dans cette maison, il est aussi sujet à de mystérieuses hallucinations, dues à la prise d’une drogue, l’ayahuasca, utilisée lors des transes chamaniques. Le havre de paix est-il une hallucination de plus ?
Toujours est-il que le héros quittera momentanément ce refuge pour terminer sa quête vers la jouissance en direction des bordels d’Istanbul….
Ce livre ne donne pas de solution définitive ; l’auteur ouvre plusieurs chemins et c’est au lecteur de choisir sa propre interprétation. L’écrivain fait des références à l’inconscient, aux réminiscences, à la réincarnation…De multiples pistes pour se diriger…
Quant à l’amateur de voyages et d’Histoire, il y trouvera largement son compte. Bien qu’en ne donnant toujours pas d’indications temporelles, on devine que nous sommes dans La Mitteleuropa (l’Europe Centrale) du début du siècle. Nous découvrons les montagnes autrichiennes, les plaines rurales roumaines et enfin, l’effervescence des rues d’Istanbul. L’auteur évoque le déclin de l’Empire à travers ces dilettantes incarnés par le narrateur qui vont chercher leur plaisir dans les bouges de l’Empire Ottoman. Chaque pays, que ce soit l’Autriche, la Roumanie ou Istanbul sont décrits magnifiquement à l’aide de multiples sensations. Alors que les minorités s’éveillent au nationalisme, les riches occidentaux se pâment dans la drogue, les plaisirs de la chair et le rêve.
On retrouve ainsi le charme suranné de La robe et les mêmes références culturelles avec un peu plus de mystère en plus….Un auteur à suivre….