Contient : La harpe irlandaise - Les clefs - Agnès de rien
Editions Omnibus, 2006
On doit à l'éditeur Omnibus d'avoir redécouvert très récemment cet auteur génial (1890 - 1983), journaliste, romancière, juré du Prix Fémina et amie proche de Colette. Elle a également présenté à la radio l'émission mythique Les maîtres du mystère.
Je remercie beaucoup Florinette de m'avoir donné envie de lire ce recueil de trois romans géniaux !( http://www.leslecturesdeflorinette.com/article-4731042-6.html#anchorComment )
Germaine Beaumont est en effet la maître du mystère sans pour autant écrire de romans policiers. Pas de détective, ni de policiers et encore moins de meurtres. Ce sont des femmes solitaires qui enquêtent à la recherche d'un secret enfoui depuis longtemps dans des familles enfermées dans des maisons ancestrales.
Car ce sont bien les maisons délabrées, abandonnées qui sont au centre des trois intrigues. Dans La harpe irlandaise, deux vieilles femmes, l'une rêveuse, l'autre très rationnelle, découvrent une vieille bâtisse délabrée à vendre. Laura, la rêveuse, est hypnotisée par ce bâtiment en ruine et découvre peu après que son mari avait voulu l'acquérir des années auparavant mais en vain, après le refus de la propriétaire...Que cache ce secret familial ? Dans Les clefs, Frédérique Marshall achète une vieille maison alors qu'elle ne connaît pas le village ni même la bâtisse. Enfin, dans Agnès de rien, l'héroïne découvre sa belle-famille tapie dans une maison à côté d'un ancienne forge. La belle-mère semble être victime d'une étrange folie...
Voici donc pour les personnages : des êtres solitaires, souvent frustrés par la vie, cachant des blessures secrètes, reviennent sur leur passé en enquêtant au sein de familles souvent avares, rustres. On retient surtout de mémorables portraits de femmes aux amours malheureuses, condamnées au veuvage ou au célibat, parfois tentées par la vengeance.
Quant à l'atmosphère, c'est là que réside le magnifique talent de Germaine Beaumont. Elle s'inspire fortement des auteurs anglais tels que les soeurs Brontë pour créer des ambiances lugubres et poétiques. On pense notamment à Rebecca de Daphnée du Maurier. Les étangs, le brouillard, l'humidité, les vieilles boiseries, les moisissures sont le cadre de ces romans. Tout est fait pour envelopper les mystères, les secrets des familles.
Ces secrets révèlent souvent la noirceur de l'âme. Mais le mal n'est que la conséquence du malheur et de la frustration.
Je me suis vraiment régalée. Germaine Beaumont a une plume sans nulle autre pareille. J'ai hâte de lire le deuxième volume, Des familles, des secrets.