IRAN-1945
Editions Phébus
Sadegh Hedayat (1904-1951) est le plus grand écrivain iranien du siècle. C'est lui qui a introduit le roman, la prose dans la littérature iranienne composée jusqu'alors de poésie. Son récit le plus connu est La chouette aveuglepublié en France chez José Corti en 1963. A sa parution, il a été salué par André Breton et Henry Miller comme étant l'héritier de Poe et de Kafka. Il a bien sûr subi la censure dans son pays et se réfugia plusieurs fois en France où il se donna la mort en 1951.
La majopité de son oeuvre est marquée par un pessimisme profond ; il nous livre un portrait très noir de la société perse de l'entre-deux-guerres, écartelée entre bigoterie et trafics politiques de tout genre.
Hadji Aghâ est toujours interdit en Iran. Et pour cause ! Considéré comme le Tartuffe de l'Iran, il dépeint une personnalité de la classe dirigeante très caricaturale qui apparaît comme une personne pieuse au dehors et qui en fait est un monstre de luxure, d'égoïsme et d'opportunisme.
Cela nous fait penser à une comédie bouffonne qui sert à pointer du doigt tous les méfaits de cette société. Un tas de personnages frappent à la porte du despote pour obtenir des faveurs. Ils ont tous des noms évoquant de manière ironique leur fonction : Monsieur Soutien de l'Empire, Stabilité du ministère, Ducaniveau ...
Quant au Héraut-de-la-Vérité, c'est la voix d'Hedayat, le poète, qui n'a pas de mots assez durs pour décrire la pourriture de la société. Et quand la révolution guette, Hädji invente un stratagème pour rendre le peuple plus docile : diffuser la religion...
Un livre très sarcastique qui rompt avec la tradition lyrique persane.
"Sans doute la vérité est amère, mais il faut bien reconnaître que notre race est dégénérée. Nous n'avons ni science ni art. un peuple dont la plus savoureuse nourriture est la tripaille, que peut-on en attendre ? Notre air, notre terre, notre eau sont pleins de saletés et de microbes. Nous vivons, soyez-en sûr, dans la fosse d'aisances du monde, nous y grouillons comme des vers. "