ALLEMAGNE
Pièce notamment mise en scène par Emmanuel Demarcy-Motat en 2001 au Théatre de la Commune à Aubervilliers
Voici une pièce de théâtre inspirée de l'Histoire révolutionnaire tout comme La mort de Danton de Büchner ou Le souper de Jean-Claude Brisville.
Peter Weiss(1913-1982) est l'un des plus célèbres dramaturges allemands du 20e siècle.Il a créé Marat-Sade en 1963.
Le dramaturge s'inspire du séjour de Sade à l'hospice de Charenton où il fut interné de 1801 jusqu'à sa mort en 1814 pour délits de moeurs. Lors de ce séjour, il a créé de nombreuses pièces en faisant jouer les malades. Ces pièces étaient un divertissement pour le tout Paris et attiraient la bonne société.
Le propos est ici de faire jouer les derniers jours et l'assassinat de Marat par des malades. On sait que Sade avait prononcé l'éloge funèbre de Marat mais les dialogues dans la pièce sont totalement imaginaires. La pièce consiste à opposer les deux conceptions ennemies de la Révolution: pour Sade, il s'agit de la révolution des libertés et des individus ; pour Marat, la révolution consiste à assurer l'égalité sociale et la fin de la pauvreté.
En 1808, Sade est le grand organisateur de cette journée : il fait jouer Marat par un paranoïaque, retenu dans sa baignoire par un traitement hydrothérapique. Charlotte Corday est une hypotonique souffrant d'insomnie et se comportant en somnambule. Le girondin Duperret est un érotomane. La pièce est surveillée par le directeur de l'hospice, Coulmier, napoléonien convaincu, qui veille à éviter tout débordement, aussi bien chez les malades, que dans les propos de Sade.
Cette pièce trouve sa force dans le fait que les pauvres sont incarnés par un choeur de malades mentaux manipulés, fouettés par les religieuses infirmières. Le directeur de l'hospice ainsi que Sade veillent à empêcher tout soulèvement.
Cette pièce, réflexion fine sur les aboutissants de la Révolution Française, est d'un profond pessimisme: à l'époque napoléoniène, le rêve d'égalité prôné par Marat n'est plus qu'un rêve. Le petit peuple est symbolisé par des malades dépendants, enfermés dans un hospice...