Editions Le Seuil, 2001
Avant les célèbres Ames grises et La petite fille de Monsieur Linh, Philippe Claudel a écrit des récits tout a fait différents. Ici, point de contes ni de poésie mais au contraire un récit témoignage sur le monde des prisons.
Avant de devenir célèbre avec Les âmes grises, Claudel a apparemment été professeur de français en univers carcéral. Il relate ainsi les moments forts de ces rencontres et l'atmosphère sinistre de ce milieu. Son récit non linéaire se constitue de petits paragraphes où il croque un portrait de prisonnier, de gardien, les visiteurs,un souvenir. L'écriture est très réaliste.
Au début, j'ai été assez surprise car lorsque que l'on est habitué au talent de conteur hors-pair de Claudel, on est assez surpris ! On reconnaît l'empathie, l'humanité de l'écrivain a travers des portraits tout en nuances, évitant tout manichéisme : il y a des bons gardiens et des bons prisonniers.
Ce livre témoignage nous permet aussi de connaître le passé de Claudel. Agrégé de Lettres, il a enseigné auprès des enfants handicapés moteurs et des prisonniers.
Il nous apporte également une réflexion intéressante sur la nature du témoignage. A la fin, Claudel nous déclare qu'il s'agit d'un faux témoignage sur le monde de la prison car il n'y a passé aucune nuit.