Recueil de contes
Gallimard 1931
Je continue l'exploration de Jules Supervielle en vous présentant son recueil de contes le plus connu. Ces petites histoires regorgent de fantaisie, de magie et de sensibilité.
Certains sont des récits fantastiques, simplement magiques: une rue flottante est installée sur l'Océan; dans cette rue, une petite fille vit toute seule mais elle ne manque de rien. Qui est-elle vraiment? Nous ne le saurons qu'à la fin.
Dans L'inconnue de la Seine, une jeune noyée rejoint une ville mystérieuse au fond de l'Océan où vivent tous les noyés. Ces derniers communiquent par faisceaux fluorescents.
Les boiteux du ciel nous mènent au royaume du ciel où les ombres des morts se promènent; ces derniers méditent sur leur misérable condition puisqu'ils ne peuvent plus parler ni toucher les objets.
Une jeune fille a une voix de violon. Un cavalier se transforme en cheval...
Enfin, la scène de la Nativité nous est contée par le boeuf et l'âne de la crèche...
Je vous laisse découvrir les premières lignes de l'enfant de la haute mer à l'adresse suivante:
http://francite.net/education/lecture/page183.html
Supervielle convoque toutes les strates de la création (univers maritime et céleste, animaux et humains) pour célébrer la richesse du monde. Mais derrière cette féerie, le grand poète laisse entrevoir la fragilité de toute chose : la mort rôde dans chaque histoire; tout semble fragile; les choses n'ont que très peu d'épaisseur. De même, l'identité des êtres n'est pas fixe: on peut à tout moment se transformer en autre que soi. Chacun semble se lamenter sur son être propre : le boeuf, s'extasiant devant le miracle de l'enfant Jésus, regrette sa condition de bête frustre à corne.
Beaucoup de magie mais une réelle réflexion sur la condition humaine. Vraiment un très bon moment de lecture.
Dewulf Sabine 08/05/2007 14:22