Editions POL,1996
Valère Novarina est une voix unique dans la littérature française contemporaine. A la fois photographe, peintre, cinéaste et dramaturge, ses pièces ne cherchent pas à signifier le monde mais à honorer le langage poétique.
Voici la trame principale du Repas : une centaine de personnages burlesques se réunissent pour dévorer le monde: parmi eux, l'avaleur jamais plus, le mangeur d'ombre, l'enfant d'outre bec, la mangeuse ouranique , Jean qui dévore corps et L'homme mordant ça. Ces derniers se décident à manger le monde. Mais en dévorant le monde, ils réfléchissent sur la condition humaine: "lorsque nous mangeons, nous échangeons des choses mortes contre du vivant. Manger, c'est échanger la vie", "Nous dévorons le monde mais le temps nous dévore".
L'absurdité de la vie humaine est un prétexte pour énumérer sans fin des phrases et inventer des mots : le principe de ce théâtre est l'énumération de mots inventés (ici, des aliments): "nous mangeons des ramasilles, dec l'abonde, de la rapée et des aglands; beauseigne ! nous mangeons des banaches, des beluches, des babets, des barabans......". Le langage semble être la seule réalité du monde ce qui n'est pas sans rappeler le théâtre de Beckett.
Parler pour remplir le vide de la vie... Présence du burlesque mais aussi réflexion subtile sur la condition humaine...
Lecteurs rationnels, passer votre chemin... Par contre, Novarina, en oubliant la recherche du sens, réconcilie théâtre et invention poétique.
La parole de Novarina est à entendre. Mais il faut attendre la prochaine adaptation !